Type to search

Archives Autres

Les signaux de la Bourse

Share

La Bourse de Maurice est tombée à son plus bas niveau depuis septembre 2010. L’indice Semdex affiche une baisse de 9 % depuis le début de l’année et un recul de 18 % par rapport à son plus haut niveau historique atteint en mai 2011. Cette chute est symptomatique à plus d’un titre car elle lance des signaux clairs. La Bourse étant un marché d’anticipation, la baisse des cours annonce avant tout un horizon noir. En clair, le désengagement des investisseurs indique que la crise est loin d’être finie et que l’activité économique devrait encore être affectée. De ce fait, les révisions à la baisse des estimations de croissance pour 2012 se succèdent à un rythme soutenu. Selon les organismes, on oscille entre 3 % et 3,2 %. Pour les experts de The Economist Intelligence Unit, le cabinet d’analyse du célèbre hebdomadaire britannique, on serait même sous la barre des 3 %.

Les causes de cette progression moins bonne que prévu de l’activité économique sont connues : les incertitudes concernant la crise dans la zone euro persistent et les inquiétudes vis-à-vis de l’évolution de la situation sont très loin d’être dissipées. Or, l’Europe constitue notre principal marché à l’exportation et représente 60 % de nos arrivées touristiques. Au Royaume-Uni, les craintes de récession restent vivaces, ce qui n’augure rien de bon puisqu’il s’agit de notre premier débouché. La perspective de voir la croissance ralentir davantage a affecté les valeurs cycliques, c’est-à-dire les titres de sociétés sensibles au niveau de l’activité économique.

Les valeurs de construction ont, par exemple, été affectées. United Basalt Products a ainsi perdu 9,5 % depuis le début de l’année. En revanche, les valeurs anticycliques, à savoir les titres des entreprises moins sensibles à la croissance, jouent le rôle de valeurs refuges. C’est notamment le cas des sociétés du secteur alimentaire. Innodis progresse, par exemple, de 6,8 % depuis début janvier. Dans le même temps, Phoenix Beverages a progressé de 8,4%. Le tourisme est actuellement le secteur le plus touché par les anticipations de lendemains difficiles. La crise en Europe, les problèmes de connectivité aérienne, la baisse de l’euro face à la roupie et l’excédent de chambres frappent de plein fouet les entreprises du secteur, à commencer par les groupes hôteliers. Un marché comme la France, le premier pour les hôteliers mauriciens, s’est effondré de 30 % en juillet.

À un moment ou à un autre, il fallait bien que les comptes des sociétés reflètent cette situation désastreuse. Pour le trimestre terminé au 30 juin, New Mauritius Hotels (NMH) a enregistré Rs 172,3 millions de pertes et Sun a vu les siennes atteindre Rs 145,8 millions. NMH a annoncé que les conditions allaient se dégrader et son CEO, Herbert Couacaud, a prévenu que la performance 2012 serait inférieure à celle de 2011. Résultat : le titre NMH est retombé à son plus bas niveau depuis mai 2005. De son côté, Sun Resorts a perdu près de la moitié de sa valeur en un an.

Dans le sucre, la tendance n’est également pas très brillante. Omnicane est retombé à son plus bas niveau depuis deux semaines. Il est vrai que le groupe a vu ses pertes trimestrielles se creuser de 15 % à Rs 65,5 millions. En perte chronique, Medine plonge de 21,6 % depuis début janvier. Même les banques commencent à souffrir en voyant les créances douteuses augmenter. Depuis le début du mois d’août, le titre de la Mauritius Commercial Bank (MCB) a cédé 2,3 %.

Aujourd’hui, les boursiers font preuve d’une extrême prudence et personne n’ose pronostiquer une sortie de crise à court terme. Pour les investisseurs, il s’agit pour l’instant de faire le dos rond. Mais il va falloir rester vigilant, car dès que les anticipations de reprise feront leur apparition, le marché repartira à la hausse. Et avec rapidité. Il ne faut pas oublier que les Bourses remontent toujours au-dessus des niveaux qui ont précédé les krachs.

Tags:

You Might also Like