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Spirale infernale

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Au premier semestre, le déficit commercial s’est creusé de 17,9 % par rapport à la période correspondante de 2011 en s’établissant à Rs 38,86 milliards. Les exportations ont progressé de 6,2 % à Rs 38,43 milliards et les importations ont augmenté de 11,8 % à Rs 77,30 milliards. Notre commerce extérieur est toujours aspiré dans une spirale infernale et nos achats représentent désormais plus de deux fois nos ventes. Au niveau de la balance des paiements courants, le déficit commercial risque de peser lourd car les entrées de capitaux via les investissements directs étrangers et les dépenses des touristes pourraient baisser en 2012. La Bank of Mauritius (BoM) a déjà prévu que les dépenses des touristes devraient reculer de 0,4 % en 2012 pour atteindre Rs 42,54 milliards. Pour rappel, le maintien d’une balance des transactions courantes déficitaire sur le long terme n’est pas une bonne chose. Cela signifie qu’on doit toujours plus d’argent à l’étranger, et qu’on en devient donc de plus en plus dépendant.

Pour l’ensemble de l’année, Statistics Mauritius table sur un déficit commercial de Rs 81 milliards avec des exportations de l’ordre de Rs 82 milliards et des importations aux alentours de Rs 163 milliards. L’institut des statistiques revoit ainsi à la baisse son estimation du déficit qui était encore de Rs 85 milliards en mai. Cette révision apparaît quelque peu surprenante. En effet, l’essentiel de nos importations est libellé en dollar. Or, le billet vert s’est nettement apprécié face à la roupie depuis le début de l’année. En outre, les produits alimentaires, qui constituent le deuxième poste de nos importations, connaissent des hausses de prix parfois vertigineuses.

Selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), les prix alimentaires mondiaux ont grimpé de 6 % en juillet par rapport à juin du fait notamment d’une flambée des prix des céréales et du sucre. Depuis plusieurs semaines, les prix des matières premières agricoles, notamment les céréales et oléagineux, ont connu des flambées en Europe ou sur les marchés à terme de Chicago, sous la pression d’aléas climatiques simultanés chez plusieurs grands producteurs. Aux Etats-Unis, les perspectives de récoltes de maïs se sont largement détériorées en raison de la sécheresse et des fortes chaleurs qui sont intervenues à des moments critiques de développement de la céréale. Les conditions climatiques sont les pires depuis 1988. Résultat, les prix du maïs ont grimpé de 23% en juillet et se situent aujourd’hui à des niveaux record. De leur côté, les cours du blé ont grimpé de 19 %, sur fond de perspectives de production moins bonnes que prévu en Russie. Quant aux prix du riz, ils sont restés quasiment inchangés au mois de juillet mais l’insuffisance des pluies de mousson en Inde devrait conduire à réviser à la baisse les prévisions de production mondiale de cette céréale pour 2012.

Parallèlement, les prix du sucre ont augmenté en juillet en raison d’aléas climatiques au Brésil, le principal exportateur mondial, ainsi qu’en Inde et en Australie. Dernier argument qui laisse entrevoir un possible accroissement du déficit commercial : le risque d’une flambée des cours du pétrole en raison de la tension au Moyen-Orient avec la menace d’une attaque de l’Iran par Israël. Une hausse des cours du brut, déjà élevés, ne manquerait pas de creuser davantage le déficit commercial puisque l’énergie constitue le premier poste de nos importations.

Seule bonne nouvelle qui ressort des chiffres du commerce extérieur : la hausse de 45,1 % des importations de machines et d’équipements de transports. Cette progression signifie que les investissements reprennent en particulier dans l’industrie. Cette reprise est d’autant plus importante qu’elle intervient à un moment où on explique le recul de la croissance par la baisse des investissements privés que n’arrivent pas à contrebalancer les investissements publics, notamment dans les infrastructures. La progression des achats de machine constitue également une bonne nouvelle en matière de productivité. Or, la faible productivité est l’un des maux qui ronge l’économie mauricienne.

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