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Santé : Les Mauriciens dépensent Rs 13,9 milliards dans le privé

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Avec un meilleur pouvoir d’achat, la population mauricienne aspire à un certain niveau de vie et, soucieuse de sa santé, préfère se tourner vers les cliniques privées. Cela se reflète dans les derniers National Health Accounts. Ce document, qui fait état des dépenses liées à la santé à Maurice, montrent qu’en 2016, le pays a dépensé Rs 25,3 milliards en soins de santé. Les dépenses publiques consacrées aux soins de santé représentaient 44,73 % de ce montant, soit Rs 11,32 milliards, alors que le privé se taille la part du lion avec Rs 13,98 milliards, soit 55,27 %. 

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«Le système de santé financé par les fonds publics reste dynamique et continue de répondre à la nature évolutive de la médecine et de la technologie et aux aspirations de la population grâce à l’amélioration de la qualité des soins», observe le ministre de la Santé, Anwar Husnoo, dans les National Health Accounts. Or, même si le gouvernement s’assure

que la population a accès à des services de santé de qualité et gratuits, une tendance à se tourner vers le privé se dessine. À titre d’exemple, au niveau des dépenses des ménages, les Mauriciens ont déboursé Rs 11,87 milliards pour les services de santé, soit une hausse de 10,8 % en 2016 par rapport à 2014.

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Perception négative sur le secteur public

Certes,  le marché de la santé privée est en pleine croissance car la population est de plus en plus soucieuse de sa santé. Pour une forte majorité de Mauriciens, il y a la notion de lenteur et de manque de compétences qui reste collée au système de santé public, comme le fait ressortir un observateur pour justifier l’essor des services de santé privés. Ils se tournent donc vers le privé et profitent désormais au maximum de la possibilité de prendre avantage des facilités de dépistage précoce qui existent pour plusieurs maladies dans le privé.

L’essor de la santé privée s’est accompagné de la croissance du marché de l’assurance médicale. «Le marché de l’assurance médicale a évolué énormément ces dernières années avec l’introduction du ‘Medical Tax Relief’. D’ailleurs, le seuil de défiscalisation par contribuable est passé à Rs 15 000, ce qui incite davantage les contribuables à souscrire à une couverture médicale», fait ressortir Sujit Woozageer, Managing Director de Medscheme (Mtius) Limited. C’est un fait que Patrick Chui Wan Cheong, directeur de City Clinic, ne nie pas. «Ce sont les assurances qui permettent à plus de Mauriciens de se tourner vers les services des cliniques car entre 20 et 30 % d’entre eux sont assurés», constate-t-il. Le nombre d’admissions de patients dans les établissements privés augmente d’année en année, soutient-on chez Medscheme, qui s’occupe de la prise en charge des patients dans les cliniques. 

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«L’on a enregistré environ 8 400 admissions pour le dernier exercice fiscal (2017- 2018) contre 8 000 admissions pour l’exercice fiscal 2016-2017 et 7 450 admissions  durant l’exercice fiscal 2015-2016. Cela représente une hausse de 12 % durant ces trois dernières années financières», souligne Sujit Woozageer.

Même si le nombre de personnes assurées a nettement augmenté au cours des dernières années, il reste encore du chemin à faire pour que l’assurance santé soit bien ancrée dans les mœurs mauriciennes. «Nous avons constaté une croissance importante de 15 % en moyenne ces deux dernières années», indique-t-on à la State Insurance Company of Mauritius.

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L’assurance santé considérée comme un luxe

«Dans certains pays, l’assurance santé est une exigence fondamentale, voire une obligation mais à Maurice, elle est toujours considérée comme un luxe. D’ailleurs, bon nombre de Mauriciens sont conservateurs au niveau des dépenses et très sensibles au prix», renchérit Sujit Woozageer. De l’avis de Kirk Varaden, Chairman de Medibroker, l’assurance santé est en pleine expansion. Du reste, le courtier a enregistré une croissance à deux chiffres au niveau de ses activités sur les cinq dernières années.

«Les gens qui ont les moyens ne veulent pas aller à l’hôpital, surtout pour des raisons de statut, mais aussi à cause des longues attentes», fait-il aussi ressortir. Néanmoins, Maurice est loin de ce qui se fait dans les pays en développement. «La grande majorité des Mauriciens n’a toujours pas de couverture médicale ; ce sont surtout les employés dans le secteur privé qui sont assurés», constate-t-il.

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Si le secteur de santé privée est en bonne santé, n’empêche, les cliniques doivent continuer à parfaire et à améliorer leurs services, nuance Kirk Varaden. «Les honoraires des médecins et des cliniques manquent de transparence et ne sont pas à la portée de tout le monde. Beaucoup de prestataires abusent aussi de l’assurance santé de leurs patients. La plupart des cliniques ne sont pas suffisamment bien équipées», lâche-t-il. C’est pourquoi pour les maladies sérieuses, certains préfèrent partir se faire traiter à l’étranger. De l’avis de Kirk Varaden, il est essentiel que les plans d’assurance médicale soient à la portée de plus de Mauriciens. Si le marché de l’assurance santé a acquis une certaine maturité, il reste encore perfectible. C’est en comblant ces lacunes et en investissant davantage dans la médecine de pointe qu’on sera reconnu comme une plaque tournante dans le domaine médical. 

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