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Édito

Cycle long ?

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Cycle long ? | business-magazine.mu

De quoi demain sera-t-il fait? Après une première quinzaine de janvier très mouvementée, la réponse est évidente : une nouvelle année de marasme économique.

Les perspectives de l’économie mondiale publiées mardi par le Fonds monétaire international sont révélatrices de la période sombre qui guette la planète. L’institution de Bretton Woods a abaissé ses estimations de croissance pour 2016 de 3,6 % en octobre à 3,4 %. Et comme pour bien situer les enjeux, l’économiste en chef du fonds, Maurice Obstfeld, a martelé: «L’année en cours sera marquée par des défis redoutables. Les décideurs politiques doivent songer à booster la résilience dans le court terme sans pour autant négliger les perspectives de croissance dans le long terme.»

Les pays émergents présentés comme les moteurs de la croissance mondiale face aux déboires des économies avancées sont aussi dans la tourmente avec la chute vertigineuse des cours des matières premières et le durcissement des conditions de financement. Ce qui réduit les espoirs d’un retour à une croissance équilibrée et durable. D’autant plus que le poids des pays émergents dans l’économie globale se fait davantage sentir aujourd’hui, étant passé de 36 % du PIB mondial avec une contribution de 43% à la croissance dans les années ’80 à 56 % et 79 % respectivement durant les cinq dernières années.

Le ralentissement de l’activité dans diverses régions de la planète permet de prendre la mesure de l’importance de ces pays dans l’équation de la reprise. Tout comme les projections de croissance ratées de ces dernières années poussent à réfléchir. Jusqu’à présent, les analyses ont porté essentiellement sur la possibilité que le monde se trouve dans un cycle court de 6 à 10 ans. Ce qui sous-entend qu’un retour à la «normale», soit une croissance d’avant la crise, est au bout du chemin. Or, huit ans après la crise, nous sommes toujours à attendre la relance, comme d’autres attendent Godot !

D’où l’interrogation. Et si finalement le monde avait pris la voie d’un mouvement de longue durée, à l’instar du cycle Kondratiev ? En tout cas, les caractéristiques de la présente situation – la dépression après une période d’expansion – s’apparentent de plus en plus au cycle économique décrit par Nikolai Kondratiev combinant deux phases différentes : ascendante et descendante.

La première se décline notamment par une hausse progressive de l’investissement qui va même jusqu’à
atteindre le surplus permettant ainsi aux compagnies d’affronter la compétition. Ce qui n’est pas sans conséquence. En effet, elle entraîne dans son sillage une augmentation de prix car les entreprises ont tendance à transférer les charges de production plus élevées aux consommateurs. Face à une plus grande demande, le loyer de l’argent prend aussi l’ascenseur.

La deuxième phase ressemble étrangement à celle que nous vivons actuellement : prix en baisse provoqué par une demande en berne, alors que l’offre ne cesse de croître. À en croire l’Agence internationale de l’énergie, un renversement de la tendance n’est pas pour bientôt. Elle a annoncé mardi que le marché pétrolier risque de se noyer dans un surplus de production avec le retour sur scène de l’Iran et l’affaiblissement de l’économie chinoise.

Le recul des investissements, qui caractérise également la deuxième phase du cycle Kondratiev, donne aussi à penser que nous y sommes de plain-pied. La théorie aurait-elle rattrapé la réalité ?

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