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Hubert Leclézio : «La nouvelle centrale thermique réduira de 15 % la consommation de charbon»

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Hubert Leclézio : «La nouvelle centrale thermique réduira de 15 % la consommation de charbon» | business-magazine.mu

Hubert Leclézio, Business Development Executive à Alteo, aborde la vision énergétique d’Alteo. Il s’attarde également sur le rôle du Central Electricity Board et le risque de black-out.

BUSINESSMAG. Le groupe Alteo, né de la fusion, en 2012, de Deep River Beau Champ et de FUEL, participe à plusieurs niveaux à l’économie du pays: industrie cannière, développement immobilier, hôtellerie et production d’énergie renouvelable, notamment. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce dernier pôle d’activité ?

La production d’énergie renouvelable fait partie intégrante de l’ADN de la production sucrière qui a toujours utilisé la bagasse comme source d’énergie pour alimenter son processus industriel en vapeur et électricité.

En 1984, en voyant le potentiel d’optimiser son outil industriel pour répondre à un besoin national d’électricité, Alteo a mis sur pied une des premières centrales bagasse-charbon dans le monde. À l’époque, cette centrale thermique était à la pointe de la technologie.

Plus récemment, Alteo s’est rapproché de partenaires stratégiques pour promouvoir des projets éoliens et photovoltaïques.

Par ailleurs, comme Alteo est un important propriétaire foncier, nous sommes conscients que cet actif est essentiel à la production de certaines énergies vertes.

BUSINESSMAG. À ce jour, quels sont les projets énergétiques dans lesquels Alteo est engagé ?

À ce jour, le groupe possède et opère deux centrales, notamment Alteo Energy Ltd (AEL) à Union Flacq, et Consolidated Energy Ltd (CEL) à Deep River Beau Champ. À lui seul, Alteo contribue à hauteur de 12-13 % au réseau électrique du Central Electricity Board (CEB) en utilisant la bagasse et le charbon comme combustibles.

Le groupe est également engagé dans la mise en œuvre d’une centrale photovoltaïque de 2 MWc à Union Flacq en partenariat avec Astonfield Renewables et Juwi.

Alteo a aussi répondu à l’appel à manifestation d’intérêt du CEB pour des projets d’énergies renouvelables en partenariat avec Aerowatt Mauritius et le groupe Quadran, d’une part, et Shunfeng International Clean Energy, d’autre part. Alteo a investi principalement dans les frais d’études nécessaires à ces projets et les heures que les ressources ont dédiées à ces derniers.

De plus, à l’heure où l’efficience énergétique est un sujet brûlant et où le pays réfléchit à ses besoins futurs, Alteo a déjà soumis aux autorités un avant-projet pour le renouvellement du contrat de la centrale thermique d’Union Flacq qui utilisera des technologies modernes afin d’offrir une production plus efficiente et plus durable.

BUSINESSMAG. Le groupe envisage-t-il d’autres partenariats à l’avenir ?

À la suite de la centralisation des opérations d’Alteo Milling et de l’échéance du Power Purchase Agreement existant avec le CEB en 2018, Alteo envisage un partenariat avec Albioma pour utiliser de manière optimale le volume important de bagasse sur ce site. Albioma est un leader mondial en production d’énergie à partir de la biomasse avec 700 MW installés et 3 400 GWh générés en 2014.

À travers l’installation d’équipements plus performants, qui répondent aux normes environnementales européennes, ce projet de nouvelle centrale thermique a pour objectif d’augmenter la production totale d’énergie électrique de 40 % tout en produisant deux fois plus d’énergie verte qu’à présent et en utilisant 500 000 tonnes de biomasse qui serait le combustible pour plus de 50 % de la production.

Le projet vise aussi à réduire de 75 % les émissions de soufre et de 50 % celles d’azote et de particules, d’une part, et, de l’autre, à abaisser de 15 %, soit de 160 000 à 140 000 tonnes, la consommation de charbon.

Cet avant-projet a été présenté aux principales parties prenantes, dont le ministère de l’Énergie.

BUSINESSMAG. Alteo croit en quels types d’énergies renouvelables ?

Aucune énergie renouvelable ne doit être négligée si elle est disponible en grande quantité et peut contribuer à des développements plus durables.

Fort de son expérience et de ses compétences, le groupe Alteo mise sur la biomasse, en particulier la bagasse. Il étudie aussi la possibilité d’utiliser d’autres sources de biomasse telles que l’Arundo donax ou la paille de canne. Par ailleurs, Alteo se tourne vers le solaire et l’éolien dans sa stratégie énergétique.

BUSINESSMAG. Que pensez-vous de la vision du gouvernement dans ce domaine ?

Le gouvernement s’est fixé des objectifs ambitieux pour atteindre une proportion significative d’énergies renouvelables dans le mix énergétique du pays. Nous ressentons que les moyens sont mis en œuvre pour y arriver et que la volonté est réelle. D’ailleurs, le Mauritius Renewable Energy Agency Bill, qui est passé au Parlement le 28 août, vise à créer une instance pour promouvoir les énergies renouvelables.

BUSINESSMAG. L’objectif du présent gouvernement est d’atteindre 35 % d’énergies renouvelables à l’horizon 2020. Qu’en pensez-vous ?

En ce qui concerne Alteo, si nous arrivons à utiliser de manière plus efficiente la biomasse dont nous disposons et si les projets d’énergie solaire et éolienne se matérialisent au rythme pressenti, il sera sans doute possible de se rapprocher de cet objectif.

BUSINESSMAG. Certains experts estiment que Maurice accuse du retard en matière d’énergies vertes. Votre avis ?

Il est vrai que nous avons mis du temps à nous lancer dans le solaire et l’éolien. Mais nous avons été les précurseurs en ce qu’il s’agit de la biomasse, et Maurice demeure toujours en avance par rapport à certaines unités sucrières étrangères qui n’ont pas comme priorité l’efficience énergétique. Au niveau d’Alteo, nous avons la capacité de nous améliorer, en particulier grâce au projet de la nouvelle centrale thermique à Union Flacq et aussi globalement à travers les projets photovoltaïques et éoliens en cours et à venir.

BUSINESSMAG. Estimez-vous qu’il y a suffisamment de coopération entre le gouvernement et le secteur privé sur ce plan ?

Il y a un bon dialogue et une bonne compréhension mutuelle, et nous partageons un objectif commun pour notre pays.

BUSINESSMAG. Le CEB a souvent été pointé du doigt en ce qu’il s’agit des énergies vertes. Est-ce justifié, à votre avis ?

Il faut être conscient que malgré les progrès considérables de la technologie, l’énergie verte a toujours un prix de revient supérieur à celui de certaines énergies fossiles, surtout à court terme. Il s’agit donc d’arbitrer entre produire de l’énergie au plus bas tarif et produire de l’énergie verte. Cela relève d’une stratégie nationale que le CEB ne peut déterminer tout seul en l’absence d’un régulateur indépendant à Maurice.

BUSINESSMAG. Dans quelle mesure le CEB devrait-il se remettre en question ?

Toute organisation doit pouvoir se remettre en question de manière régulière et revoir ses objectifs de même que les moyens qu’elle se donne pour atteindre ses objectifs. Pour ce qui est du CEB, il doit avoir les moyens de mettre en place la stratégie nationale de production et de distribution d’énergie.

BUSINESSMAG. Selon vous, les mesures incitatives destinées aux petits producteurs d’énergie sont-elles suffisantes à Maurice ?

Beaucoup a été fait pour motiver les petits producteurs d’énergie solaire. Ils ont ainsi bénéficié de tarifs avantageux sous le Small-Scale Distributed Generation Project.

BUSINESSMAG. Le leader de l’Opposition, Paul Bérenger, a fait état du risque, pour Maurice, d’être bientôt confronté à un black-out. Ces craintes sont-elles justifiées ?

Il y aura toujours ce risque si l’on n’est pas attentif à l’évolution de la demande énergétique qui accompagne le développement économique. Cette question est toujours d’actualité à Maurice et nous sommes confiants que les autorités, qui ont à cœur le développement économique du pays, ainsi que le CEB prendront les bonnes décisions afin d’éviter ce risque et maintenir la qualité de service requise. La prédiction de la demande et le soutien des projets fiables à long terme aideront à maintenir l’adéquation entre l’offre et la demande.

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