Implantation en Afrique: un projet sur dix se concrétise

Les entreprises mauriciennes hésitent souvent à franchir le Rubicon pour aller investir en Afrique. L’Africa Centre of Excellence veut rectifier le tir et faciliter leur implantation sur le continent.

L’Africa Centre of Excellence, département du Board of Investment (BoI), entend encourager davantage les investisseurs mauriciens à s’implanter en Afrique. Valeur du jour, sur une dizaine de projets, un seul arrive à faire une percée sur le continent. Un ratio trop faible et qu’il faut impérativement améliorer, insiste Vinay Guddye, le nouveau Head of Department Outward Investment (Africa Centre of Excellence), dont l’objectif est de mettre en œuvre la stratégie africaine du pays en facilitant l’entrée des entreprises mauriciennes et des investisseurs étrangers en Afrique.

Quelque 80 entreprises mauriciennes sont implantées dans 14 pays africains. L’Africa Centre of Excellence compte collaborer avec ces entreprises pour mieux comprendre les facteurs qui sont à la base de leur réussite. «Grâce à l’expérience de ces entreprises, nous pouvons aider les investisseurs locaux souhaitant pénétrer le marché africain», fait ressortir Vinay Guddye.

Il faut savoir qu’actuellement, ce sont surtout les grands groupes mauriciens qui s’intéressent à l’Afrique. Thierry Hugnin, Managing Partner de Kibo Capital Partners, soulignait ce fait dans un récent entretien à Business Magazine. «Les compagnies du Top 50 ont pour la plupart déjà une stratégie africaine. Elles ont une réflexion au niveau de leur conseil d’administration… Kibo Capital est souvent sollicitée pour établir des partenariats ou joint-ventures en Afrique», indique-t-il.

À ce jour, l’Africa Centre of Excellence a signé 28 protocoles d’accord (MoU) avec des agences de promotion de l’investissement en Afrique. Ces accords concernent différents secteurs : l’hôtellerie, l’agroalimentaire, entre autres. «Notre rôle est d’établir pour ces entreprises intéressées à s’installer sur le continent des contacts dans les pays africains susceptibles d’être attrayants. Nous organisons à leur intention des ateliers et visites guidées», souligne Vinay Guddye.

L’Afrique de l’Ouest attire

Nombre d’entreprises mauriciennes opèrent en Afrique de l’Est. Le Kenya, qui est considéré comme le centre des affaires sur la côte est de l’Afrique, la Tanzanie et l’Éthiopie sont des destinations prisées. L’Afrique de l’Ouest aussi gagne en attrait au regard des investisseurs locaux, précise Vinay Guddye.

C’est la raison pour laquelle l’Africa Centre of Excellence envisage de développer une zone économique spéciale au Sénégal. Celle-ci jouxte le nouvel aéroport du pays et s’étale sur une superficie de 50 hectares. Les entreprises mauriciennes et investisseurs étrangers sont appelés à développer cette ZES. Dans cette optique, le Mauritius Africa Fund et le Fonds Stratégique des Investissements au Sénégal ont mis en place un fonds de créances, qui sera placé sous la présidence du Managing Director du BoI, Ken Poonoosamy. «Ces institutions vont se serrer les coudes pour développer cette zone économique spéciale au Sénégal», assure Vinay Guddye.

Concernant l’Afrique francophone, récemment, Beas Cheekooree, Executive Director de la Mauritius Chemical Fertilizers Association, déclarait dans ces mêmes colonnes que la Côte d’Ivoire et le Ghana représentent un attrait pour les investisseurs mauriciens.

Par ailleurs, dans le but de mieux guider les investisseurs qui veulent faire du business en Afrique, l’Africa Centre of Excellence propose un service de collecte d’informations à leur intention et effectue des analyses sur les marchés africains à fort potentiel. D’ici à la fin de l’année, il organisera l’Impact Mauritius Promotional Agency Conference. Y seront conviées des agences de promotion de l’investissement de la région. Cette conférence aura pour but d’aider les investisseurs mauriciens à nouer des partenariats en vue de faciliter leur implantation en Afrique.

14 DTAA ratifiés avec l’Afrique

Avec la révision du traité fiscal avec l’Inde, faut-il craindre des demandes similaires de la part des pays africains avec lesquels nous avons signé des conventions fiscales? «Non !» répond Vinay Guddye, Head of Department Outward Investment (Africa Centre of Excellence). Il précise que des pays comme la Côte d’Ivoire ont fait montre de leur intérêt pour signer des Double taxation avoidance agreements (DTAA) avec Maurice. «Nous venons de signer des accords sur la promotion et la protection de l’investissement avec des pays africains. On garde espoir de les transformer en DTAA», souligne Vinay Guddye. À ce jour, Maurice a signé 18 DTAA avec des pays africains, dont 14 ont été ratifiés.