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Édito

Horizons bouchés

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Horizons bouchés | business-magazine.mu

Difficile d’être jeune ! C’est le sentiment de la jeunesse mauricienne. Face à un avenir qui semble de plus en plus bouché, ils sont nombreux à vouloir faire leurs valises. Un sondage de Moriscopie, effectué l’année dernière, indiquait que 84 % des jeunes interrogés avaient émis le souhait d’aller voir si l’herbe est plus verte ailleurs. Une année après, il est triste de constater que la situation n’a guère évolué.

Pire, une nouvelle enquête relate, non seulement, que 72 % des sondés sont pessimistes quant à leur avenir, mais elle révèle également qu’un jeune Mauricien sur trois est corruptible. Dans un pays où la nouvelle génération, celle-là même qui est appelée à prendre la relève, est persuadée qu’il est impossible d’avoir un emploi sans un piston politique, il y a de quoi se faire du souci pour l’avenir.

Comment en sommes-nous arrivés là ? Plusieurs explications sont possibles. D’abord, nous devons chercher du côté de nos mœurs politiques qui, en pleine dégradation, ont permis, au fil des années, l’installation d’une culture d’affairiste, pour ne pas dire de « roder bout ». À tel point qu’aujourd’hui, il est considéré par bon nombre de nos jeunes compatriotes que la proximité avec la classe politique dirigeante représente une carte d’accès pouvant ouvrir toutes les portes. Ajouté à cela, l’absence totale de méritocratie ne fait que pousser les jeunes dans des ghettos.

Ce qui fait qu’aujourd’hui il y a un fort sentiment d’exclusion parmi bon nombre de jeunes face à l’opulence expliquant ainsi – bien que n’excusant en rien –, certains comportements. Pour éviter que ce mal-être ne dégénère, les autorités doivent agir rapidement afin de redonner espoir à cette jeunesse en perdition. Au lieu de lui faire miroiter de fausses illusions lors des congrès politiques.

Le pays a autant besoin de sa jeunesse que de réformes pour aspirer à une croissance durable. Il est donc plus que temps de faciliter l’entrée des jeunes dans la vie active. Pour y arriver, il est important d’agir sur le fossé qui sépare l’univers scolaire et le monde du travail. Ce n’est certainement pas avec le système éducatif actuel que nous y arriverons. La preuve, selon les chiffres de Statistics Mauritius, sur les quelque 49 700 sans-emploi répertoriés au deuxième trimestre, environ 20 800 étaient âgés de moins de 25 ans, soit deux chômeurs sur cinq.

Le Youth Employment Programme est un pas dans la bonne direction, mais ce n’est pas suffisant. Le pays a besoin d’une révolution de son système d’apprentissage pour éviter non seulement qu’on ne continue à fabriquer des gradués-chômeurs, mais aussi pour veiller à ce que nul ne soit laissé sur la touche, notamment ceux qui n’ont pas eu la chance de faire des études supérieures.

À l’heure où il est de plus en plus question de l’importance des petites et moyennes entreprises comme moteur de croissance, il nous paraît important de venir avec des mesures afin d’aider à la transformation du système éducatif de la République pour favoriser également l’émergence d’une nouvelle race d’entrepreneurs.

À Maurice, la valorisation sociale passe par la réussite scolaire alors qu’ailleurs, elle se caractérise par la capacité à entreprendre. Nous gagnerons à trouver le juste milieu en nous inspirant de ce qui se fait de mieux à l’étranger si nous voulons vraiment ouvrir de nouveaux horizons à notre jeunesse. Le cas échéant, nous allons nous retrouver, dans quelques années, à ressasser les mêmes problèmes.

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