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Agriculture: l’industrie reste sur sa faim

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Agriculture: l’industrie reste sur sa faim | business-magazine.mu

L’agriculture est le parent pauvre du Budget 2014. Les opérateurs déplorent l’absence de mesures fortes pour dynamiser l’industrie.

L’agriculture joue un rôle important dans l’économie du pays, a reconnu le mi-nistre des Finances. N’empêche, les mesures pour donner un nouveau souffle à ce secteur sont loin d’être suffisantes, soutiennent les opérateurs. 

« Il n’y a actuellement pas de croissance dans le secteur agricole. De 2011 à 2012, 25 000 tonnes de sucre ont été produites en moins, soit une baisse de 5,8%. La surface en termes de terre agricole est également en train de diminuer. Notre secteur agricole doit être redynamisé. Le Budget ne prend pas cela en  compte », souligne Eric Mangar, directeur du Mouvement pour l’Autosuffisance Alimentaire.

Selon Cyril Monty, consultant en agri-business, le fossé va se creuser davantage entre l’activité de la production alimentaire primaire et les autres activités économiques. « Le ministre vient dire qu’à travers ces mesures, il veut réduire l’abandon des terres et augmenter la productivité, mais il y a un point fondamental qu’il n’a malheureusement pas tenu en ligne de compte : le changement climatique. Depuis quelque temps déjà, on voit les effets néfastes du changement climatique. Quand on sait que les activités agricoles ne peuvent survivre surtout dans des endroits déficitaires en pluie, on se rend compte que rien n’a été prévu pour justement préparer l’avenir de ce secteur en vue des changements climatiques », observe-t-il.

Concernant la provision de Rs 400 millions sous le Fields Operations Regrouping and Irrigation Project, Cyril Monty et Eric Mangar sont tous les deux d’avis que c’est une mesure qui va dans le bon sens car elle permettra aux petits planteurs de mécaniser leurs champs et d’améliorer leur productivité.

Autre mesure saluée par les opérateurs : le Compost Subsidy Scheme. Ils sont nombreux les petits planteurs à utiliser le compost. « S’ils utilisent le produit comme recommandé, cela va leur permettre de faire des économies de près de Rs 10 000 par hectare à la plantation et d’augmenter leur productivité d’au moins 15 %. Cette mesure aura également un aspect positif sur la préservation de l’environnement car moins de fertilisant chimique sera utilisé. Les planteurs pourront également abandonner l’usage du ciment pour contrôler l’acidité du sol au champ », souligne Cyril Monty.

Le thé local menacé

Cyril Monty émet, toutefois, des craintes concernant le Biomass Development Scheme qui viendra encourager les petits planteurs à cultiver des plantes comme l’Arundo Donax qui peuvent être destinées à la production d’énergie. « J’ai peur qu’à travers ce Scheme, certains petits planteurs abandonnent la culture de légumes et de la canne à sucre pour se tourner vers cette culture. Surtout que l’Arundo Donax est une plante très résistante à la sècheresse et pouvant être récoltée trois fois par an ».

L’augmentation de la location de Rs 235 à Rs 470 l’hectare pourl’élevage de cerfs sur les terres de l’État aura également des répercussions sur la production de venaison. à noter que 20 % de la production nationale de la viande de cerf provient de ces terres.

L’abolition des droits de douane sur le thé importé pourrait impacter lourdement sur l’industrie locale, craint Cyril Monty : « Le ministre des Finances est venu abolir complètement la taxe résiduelle qui restait sur le thé, la farine, etc. Cela n’est pas bon pour le thé car il y a certains pays dont Madagascar qui produisent du thé à un coût très faible et, qui depuis des années, se battent pour exporter leur thé vers Maurice. Actuellement, le Tea Board n’alloue pas de permis pour que le thé malgache rentre sur le territoire mauricien. Mais avec l’abolition de cette taxe, les données risquent de changer et cela pourrait venir mettre en danger le secteur théier local ».

Cyril Monty note par ailleurs que l’eau du Midlands Dam qui était destinée principalement à l’irrigation dans le Nord est aujourd’hui utilisée principalement pour des besoins domestiques : « Je crains fort que cela ait des répercussions sur la fourniture d’eau pour l’irrigation dans des endroits déficitaires. Une autre mesure a été évoquée, mais elle est passée sous silence : c’est l’introduction d’une nouvelle Water Authority Act l’année prochaine. Étant donné que la Waste Water Authority et la Central Water Authority tomberont sous une même ombrelle, il y a des chances qu’on revoie tout le système de droit d’eau à Maurice. Cela risque de venir mettre encore plus de pression sur le secteur agricole. »

Pêche : Rs 2,1 Mds dans la filière thonière

Les mesures annoncées dans le secteur de la pêche sont encourageantes, soutient Eric Mangar. C’est une très bonne chose de développer l’aquaculture, sachant que celle-ci dépasse ce qu’on appelle la pêche de capture, dit-il. à savoir que Rs 2,1 milliards seront investies dans la pêche au thon en 2014. Une enveloppe de Rs 8 millions a également été allouée au ministère de la Pêche pour l’achat de vingt Floating Aquaculture Cages l’année prochaine.
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