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Édito

La paille et la poutre

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La paille et la poutre | business-magazine.mu

Les nerfs sont à vif ! Pratiquement deux ans après son accession au pouvoir, l’alliance Lepep peine toujours à trouver la potion de la croissance. Ce qui ne manque pas de provoquer des grincements de dents. Et comme il ne peut s’en prendre à lui-même – ce qu’il aurait dû faire d’ailleurs – le gouvernement cherche des boucs émissaires. C’est tout trouvé ! «Le secteur privé est atteint d’une maladie chronique ; l’attente». Sateeaved Seebaluck, conseiller spécial du bureau du Premier ministre, croit avoir posé le doigt sur la plaie.

Ses propos dans les colonnes de l’express traduisent l’impatience des pouvoirs publics face à ce qu’ils considèrent de plus en plus comme un manque d’initiatives de la part du secteur privé. Il n’est pas le seul d’ailleurs à le penser. En décembre 2015, le Premier ministre, sir Anerood Jugnauth, avait invité les opérateurs économiques à être plus proactifs.

Contrairement à ses habitudes, le ton était toutefois plus sobre pour dénoncer ce qu’il avait qualifié d’attitude de ‘wait and see’ de certains. Une posture jugée inacceptable par le chef du gouvernement dans le présent contexte économique. Son message était très clair : il faut aller plus vite.

Presque une année plus tard, les autorités constatent que l’appel du Premier ministre ne semble pas avoir été entendu dans le milieu des affaires. Au point de contraindre Statistics Mauritius à faire preuve de retenue dans ses estimations pour 2016. Selon l’institut, le taux d’investissement privé ne progressera que de 0,2 % cette année pour se fixer à 12,8 %. Clairement, la crise a bouleversé le paysage économique et la psychologie des investisseurs. En l’espace de huit ans, le ratio d’investissement privé par rapport au PIB a été réduit d’un tiers.

Il n’y a point de doute, en dépit de l’enthousiasme affiché à l’issue du dévoilement des esquisses de la Vision 2030 par le Premier ministre, les capitaines d’industries font preuve de beaucoup plus de prudence s’agissant des décisions d’investir.

Mais le présent gouvernement, tout comme l’ancien, porte aussi une lourde part de responsabilité dans cette situation. Outre les frasques qui ont marqué presque deux années de règne – déstabilisant le climat politique –, le fait demeure que la bureaucratie continue de freiner la marche en avant. Même le Premier ministre avait concédé que les lenteurs administratives sont des obstacles majeurs à aplanir. Ont-ils pour autant été enlevés ? Pas si sûr, sinon comment expliquer que sur les 18 projets alloués par le Central Procurement Board en septembre 2015, un seul a été conçu par le présent régime. Il y a de quoi s’inquiéter pour les gros chantiers qui nous sont annoncés à grand renfort médiatique. D’autant plus que Statistics Mauritius prévoit un taux d’investissement public de 4,8 % pour cette année, contre 4,7 % en 2015. Pas de quoi fouetter un chat !

Il est temps de se rendre à l’évidence : le laxisme dont on accuse allègrement le privé reflète dans une certaine mesure un gros problème d’intendance dans le À n’en point douter, de son lit d’hôpital à l’époque, l’ex-ministre des Finances, Vishnu Lutchmeenaraidoo, avait vu juste : «La fonction publique à son plus haut niveau est paralysée