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Édito

A l’heure des débats

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Reléguée au second plan par la politique et les scandales qui ne cessent de faire la une de l’actualité, l’économie est revenue au centre des discussions dans le sillage de l’interview du Gouverneur de la Banque de Maurice, Rundheersing Bheenick, à Business Magazine.

A voir les réactions qui ont suivi du côté de l’Opposition parlementaire et du ministère des Finances, il est clair que les sujets abordés ne laissent pas insensibles. Toutefois, au lieu d’inciter à un véritable débat national sur les questions économiques, les analyses de Rundheersing Bheenick ont, malheureusement, été ramenées sur le terrain de la politique.

D’abord, l’Opposition qui y voit, à travers les réponses, une attaque frontale du Gouverneur de la Banque de Maurice contre le ministre des Finances, Xavier Duval. D’ailleurs, elle n’a pas manqué de relever les divergences d’opinions entre les deux plus hautes personnalités économiques de l’île.

Pour sa part, considérant les propos tenus par Rundheersing Bheenick sur plusieurs thèmes comme étant « inexacts », le ministère des Finances, par la voix de son unité de recherche, veut rétablir les faits. Nous lui avons ouvert nos colonnes depuis la semaine dernière. Le but étant justement d’encourager un vrai débat économique dans le pays. Cela afin de donner au marché une certaine visibilité sur le positionnement des principaux décideurs économiques par rapport à des indicateurs-clefs comme la croissance, l’inflation, la politique monétaire, le taux de change ou encore le chômage.

Bien que les échanges puissent prendre des allures de bras de fer, l’argumentaire de la Banque de Maurice et du Trésor public sur ces différentes questions offrira sans aucun doute une meilleure visibilité au marché s’agissant des orientations futures. Car c’est justement la pérennisation de ce climat d’incertitude qui est à l’origine de la morosité ambiante. La preuve ayant été faite avec l’indicateur de confiance publié par la Chambre de Commerce et d’Industrie. Après une amélioration qualifiée d’éphémère au premier trimestre, les sondés considèrent que les perspectives de l’économie mauricienne se sont assombries à nouveau. Plus de 40 % des entrepreneurs consultés par la Chambre dans le cadre de ce récent sondage anticipent une baisse dans leurs activités au prochain trimestre par rapport à la même période l’an dernier.

Les craintes portent sur le fait qu’un maintien de la tendance lors des prochaines enquêtes ne manquera pas d’affecter la performance économique du pays. D’où la prévision des analystes de la Chambre d’un taux de croissance inférieure à 3 % pour cette année.

Il est tout à fait possible d’amener un changement d’attitude chez l’investisseur ou celui qui envisage de faire des investissements. Pour y parvenir, il faudra tenter d’agir sur sa psychologie en apportant des éléments de réponses à ses interrogations du moment au moyen d’un débat éclairé.

Mais, soyons réalistes. La relance du débat économique ne va pas faire long feu avec la publication prochaine du Livre Blanc sur la réforme électorale. Un sujet qui passionne, semble-t-il, bien qu’on en parle depuis plusieurs années sans qu’on veuille pour autant trouver une issue favorable. A tel point qu’il est permis de se demander si les parties prenantes ont réellement la volonté de faire aboutir cette réforme.

Rendre public un White Paper sur cette fameuse réforme électorale à quelques mois de la présentation du Budget 2014 alors que le gouvernement est acculé face à la série de scandales qui secouent le pays relève certainement d’une stratégie politique bien réfléchie.

Le MSM donne l’impression d’avoir compris toute la manœuvre. Ainsi, pour éviter de se retrouver comme le dindon de la farce dans l’éventualité d’un accord entre son partenaire du Remake, le MMM, et le Parti Travailliste, le MSM affirme désormais qu’il est sur la même longueur d’onde que le MMM sur les principaux axes d’une éventuelle réforme électorale. Une démarche qui, selon les plus avertis, n’est pas du tout innocente. Dans la conjoncture actuelle, elle vise surtout à décourager son partenaire à aller voir ailleurs.

En attendant de savoir si avec cette contre-prise, le MSM réussira à retenir son partenaire à ses côtés jusqu’à la prochaine échéance électorale, une chose est sûre, le nouveau feuilleton sur la réforme électorale ramènera à nouveau la politique au-devant de la scène dans les jours, voire les semaines à venir.

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