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Édito

Mettons fin à cette farce !

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Non seulement il a dû subir les critiques de la part de ceux qui sont supposés veiller à la gestion des deniers publics, mais encore son volumineux rapport mettant justement en lumière certaines pratiques douteuses est déjà tombé aux oubliettes. Lui, c’est le directeur de l’Audit.

Année après année, son rapport relève les manquements et les gaspillages dans la gestion des institutions publiques et parapubliques. Mais, comme le veut la tradition, il a eu la faveur des journaux et des radios privées pendant quelques jours avant de finir au fond d’un tiroir.

Pourtant, le bureau de l’Audit ne fait pas que critiquer. Il fait aussi des recommandations afin d’aider les administrateurs des fonds publics à dispenser, de manière efficiente, l’argent des contribuables.

Pour mieux les aider dans leur tâche, il est peut-être temps de venir avec un encadrement légal. Le cas échéant, nous allons nous retrouver chaque année avec les mêmes rituels absurdes à chaque publication du rapport de l’Audit.

C’est d’autant plus nécessaire que le pays fait face à un ralentissement économique mondial. Ce qui ne sera pas sans conséquence, comme en témoigne la baisse des prévisions de croissance depuis le début de l’année.

Dans la conjoncture, il est donc important de s’assurer que le déficit budgétaire demeure sous contrôle et ne se creuse pas pour des raisons autres que des investissements productifs dans les infrastructures publiques.

L’adoption d’une Government Performance and Results Act sera d’un atout certain si nous voulons vraiment réinventer l’administration publique de ce pays. Avec les débats sur la réforme électorale et la seconde République, c’est une occasion en or pour démontrer qu’il y a un CEO « who means business » à la tête de Mauritius Incorporated.

Ce ne sont pas les titres ronflants qui vont aider à changer les choses, mais une réelle volonté politique.

Pour traverser la période difficile qui nous attend sur le plan économique avec ses retombées probables sur le social, Mauritius Incorporated a grandement besoin de décisions courageuses.

Le Premier ministre, Navin Ramgoolam, a souvent annoncé son intention de mettre au pas les canards boiteux.

Les récents commentaires du directeur de l’Audit doivent être une nouvelle raison pour exiger plus de rigueur, d’efficience et de meilleure performance à tous les échelons. Étant donné qu’il s’agit de l’argent des contribuables, il est important que ceux qui ont la responsabilité de le distribuer sentent qu’ils sont redevables. D’où la nécessité de créer une véritable Mauritius Incorporated avec des indicateurs de performance à tous les niveaux. Rien de mieux pour bien faire entrer la notion de gestion de performance dans la tête de tout un chacun que de venir avec une formule de Government Performance and Results Act.

Cette législation, qui a été introduite aux États-Unis en 1993, a fait ses preuves. Elle est venue démontrer que les agences gouvernementales peuvent en fait être administrées comme des entreprises privées.

Car malgré le fait que les organisations gouvernementales ne soient pas nécessairement guidées par le même principe de profitabilité, elles ont cependant une mission et un objectif. Elles ne les atteindront pas en opérant dans un vacuum, tout comme le secteur privé se retrouvera en faillite sans un cadre opérationnel.

Une des propositions du directeur de l’Audit invitant les ministères et les organismes publics à préparer et à publier des rapports annuels devrait contribuer à suivre et à faire des évaluations de performance.

Cela ne sert à rien d’avoir des indicateurs de performance si nous n’avons pas les moyens et les compétences nécessaires pour les suivre et les faire respecter.

Dans son dernier rapport, le directeur de l’Audit constate une amélioration dans la gestion et le processus budgétaire depuis l’introduction du Programme- Based-Budgeting à Maurice. Mais il est clair que nous pouvons mieux faire, bien que certaines personnes pensent que la transition d’une culture administrative vers une culture de résultat demande du temps.

Les indicateurs de performance décidés conjointement avec l’Union européenne pour bénéficier des mesures d’accompagnement dans le cadre de la réforme sucrière, que le pays s’évertue à respecter à la lettre, en sont la preuve.

Pourquoi ne pas procéder à l’élaboration d’indicateurs de performance similaires, soit ceux qui peuvent être mesurés.

En même temps, cela donnera au CEO de Mauritius Incorporated, peu importe le nom qu’il portera à l’avenir, Premier ministre ou président de la République, d’avoir une sorte de tableau de bord facilitant ainsi sa tâche, notamment pour l’identification des canards boiteux et agir en conséquence.

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