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Édito

Moyens limités

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Moyens limités | business-magazine.mu

Le dernier MCB Focus est venu, s’il le fallait, nous rappeler l’étroitesse de nos possibilités de recours pour relancer l’économie dans une conjoncture mondiale peinant à s’améliorer et marquée par de profondes divergences monétaires. D’un côté, les États-Unis qui envisagent sérieusement de mettre fin à leur politique monétaire expansive et de l’autre, l’Europe qui contemple à nouveau l’assouplissement.

Tous les analystes ont donc les yeux rivés sur décembre car il pourrait se révéler être le mois de la divergence avec un grand D. Si d’aventure la Réserve fédérale américaine se décide à enclencher le processus de normalisation et que par la même occasion Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne (BCE), prend la direction opposée. La réunion de la BCE est prévue pour le 3 tandis que celle de la Banque centrale américaine aura lieu le 15 et le 16 décembre.

Deux rendez-vous qui ne manqueront pas de tenir en haleine les salles de marchés de par le monde étant donné les implications pour les places financières et les économies de la planète.

Certes, cela fait quelques années déjà depuis que la Réserve fédérale et la BCE ne sont pas sur la même longueur d’onde, mais le contexte a grandement évolué au point d’augmenter la réactivité aux politiques monétaires ainsi que les risques y relatifs. Qui plus est, les effets se font davantage sentir lorsque la reprise est à plusieurs vitesses.

Les hésitations des Américains sont donc tout à fait légitimes. D’autant plus que Janet Yellen et son équipe sont confrontées à un choix cornélien : augmenter les taux d’intérêt alors qu’ailleurs l’on est en train de desserrer la vis. Même le prédécesseur de Mme Yellen, Ben Bernanke, n’a pas voulu se prononcer sur la question pour ne pas accroître la pression. C’est dire les enjeux !

À Maurice, les prévisions révisées du MCB Focus sont venues mettre tout le monde d’accord : la croissance ne franchira pas la barre des 4 % cette année. À quelques différences près, les économistes estiment que l’expansion du produit intérieur brut tournera autour de 3,5 %. MCB Focus parle d’ailleurs de 3,4 %, Statistics Mauritius de 3,6 %, le Fonds monétaire international de 3,2 % et la Chambre de commerce et d’industrie, dont les projections remontent à mai-juin, de 3,7 %.

Quelle est donc la marge de manœuvre pour la relance ? Très réduite, à première vue. L’État n’a pas les moyens de ses ambitions. Quant au privé, il a fait les frais de la politique de la roupie forte affichée par l’autorité monétaire ces dernières années pour contrer l’inflation importée. Il est vrai que l’impact est visible sur l’inflation dont le taux moyen est passé de 6,5 % entre 2005 et 2009 à 4 % sur les quatre dernières années mais il y a aussi une contrepartie. Les entreprises, celles-là même à qui le ministre des Finances fait appel pour investir, ont été touchées sur le plan de la compétitivité avec les conséquences que nous connaissons sur la croissance.

Que reste-t-il alors comme moyen pour soutenir la reprise ? L’outil monétaire? D’autres pays, comme les États-Unis ont su manier habilement cet instrument pour soutenir l’activité économique en incitant les ménages, les entreprises et les investisseurs à dépenser dans le court terme au lieu de reporter leurs décisions de consommation et d’investissement dans le long terme. Une stratégie qui a trouvé écho sur le Vieux continent.

Sommes-nous en mesure d’en faire de même, l’inflation ayant été maîtrisée à 1,2 % (fin septembre) ? Il est fort à parier que la question du loyer de l’argent sera à nouveau sur le tapis à l’approche de la réunion du comité de politique monétaire, prévue pour le 9 novembre. Celui-ci se penchera sur le taux directeur, inchangé à 4,65 % depuis juin 2013.