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Édito

Signe des temps

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Qu’on ne se leurre pas : la campagne électorale en vue des prochaines législatives ne sera pas différente des précédentes. L’électorat aura de nouveau le choix entre vociférations, insultes et attaques personnelles. Pour les débats d’idées, il faudra repasser. Le ton a d’ailleurs été donné, dimanche dernier, lors du meeting des deux principaux blocs politiques.

D’un côté comme de l’autre, les attaques sous la ceinture ont fusé, reléguant au second plan les grands enjeux nationaux. Ceux qui se sont rendus aux meetings dans l’espoir de mieux comprendre les propositions de nos aspirants dirigeants ont vite déchanté. À la place, ils ont eu droit à un rappel des insultes que les partenaires du jour avaient proférées du temps où ils étaient adversaires.

Cette absence de débats d’idées qui caractérise la politique locale est une des sources du désintéressement de la population pour les meetings, comme en témoignent les foules de dimanche. Et c’est tout à fait compréhensible. Pourquoi gâcher presque une journée pour aller écouter, sous une forte chaleur, des discours basiques et des rhétoriques d’un autre temps ? L’électeur de 2014 s’est certainement posé la question dimanche, et il a tout à fait raison de montrer son ras-le-bol de la personnalisation à outrance de la politique.

Lasse de cette fixation de nos responsables politiques sur leurs opposants, la population a donc boudé le lancement de cette campagne électorale. Cela, malgré les gros moyens mis à contribution par les deux coalitions pour mobiliser leurs troupes. C’est un signal fort qui a été envoyé à la classe politique. Reste à savoir si elle prendra la mesure de la situation. Le cas échéant, nous courons le risque de voir un fort taux d’abstention lors des prochaines consultations populaires.

Dans un pays en marche vers la modernité, la population s’attend à être éclairée sur les priorités nationales. D’autant plus qu’il n’en manque pas dans la conjoncture actuelle. À commencer par l’économie qui, au dire même du leader du MMM, Paul Bérenger, est « en panne ».

La relance de la machinerie économique est donc prioritaire pour le prochain gouvernement. Pourtant, nous n’en avons pas beaucoup entendu parler lors des manifestations politiques de dimanche. Cela, en dépit du fait que les deux blocs se vantent d’avoir deux grands ténors de l’économie en leur sein. Aujourd’hui, avoir des visages et des noms n’est pas un gage de réussite. À la place, la population réclame une vision pouvant répondre à ses aspirations, celle d’un pays moderne.

Le comble, c’est qu’à l’heure où nos politiciens nous parlent de leurs réalisations passées pour nous convaincre de leur capacité à préparer l’avenir, ailleurs les dirigeants de la planète se sont rendu compte que les vieilles recettes sont dépassées. Ils étaient nombreux à en discuter à Washington durant la semaine écoulée.

Désormais, il est question de « politiques plus ambitieuses », pour espérer imprimer un nouvel élan à l’économie mondiale face à une reprise qui s’est révélée jusqu’à présent décevante. Maurice doit également mettre toutes les chances de son côté avec la menace de plus en plus sérieuse que l’économie mondiale se retrouve bloquée pendant un certain temps à un niveau de croissance médiocre, comme semble l’anticiper la directrice du Fonds monétaire international, Mme Christine Lagarde.

Malheureusement, ce n’est pas avec les discours que nous avons entendus dimanche dernier que nous parviendrons à relever les défis qui se profilent à l’horizon.

À ce titre, les commentaires de M. Tharman Shanmugaratnam, ministre des Finances de Singapour, sont très pertinents. Selon lui, il faut ramener le long terme dans le court terme, et c’est ce principe qui doit guider nos efforts pour mener à bien le processus de reprise.

Gageons que les manifestes électoraux actuellement en préparation sauront s’en inspirer pour mieux cerner les grands enjeux et définir de manière explicite les moyens qui seront déployés pour permettre au pays de remonter la pente.

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