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Édito

Sur la route de l’intégration

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Il y a de ces chantiers qui prennent souvent du retard, mais à force de persévérance, finissent par avancer. C’est le cas de le dire avec l’annonce du lancement en décembre prochain d’une zone de libre-échange regroupant trois communautés économiques régionales d’Afrique. Il aura donc fallu plus de six années de discussions avant que les ministres du Marché commun de l’Afrique orientale et australe (COMESA), de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC) et de la Communauté pour le développement d’Afrique australe (SADC) ne se décident à lancer cette fameuse zone de libre-échange tripartite.

Ce sera chose faite lors du sommet des chefs d’État et de gouvernement qui doit vraisemblablement se tenir en Égypte vers la mi-décembre. Les pourparlers remontent, en fait, à 2008. C’est en 2011 que les dirigeants des 26 pays membres de ces trois blocs économiques régionaux ont établi une feuille de route pour ces négociations.

L’aboutissement de cette zone de libre-échange tripartite ouvrira l’accès à un marché intégré de plus de 625 millions d’habitants et un produit intérieur brut total d’environ 1,2 trillion de dollars américains. C’est dire le potentiel. Ce qui n’a pas échappé à la vice-ministre zimbabwéenne du Commerce et de l’Industrie, Chiratzido Mabuwa, qui présidait la réunion du comité ministériel. « L’Afrique a désormais rejoint la ligue des économies émergentes et la grande zone de libre-échange tripartite pourrait jouer un rôle central et catalyseur dans la transformation du continent », dit-elle.

Elle ne croit pas si bien dire mais enmême temps, il est important de garder les pieds sur terre car la route vers l’établissement d’une communauté économique africaine (CEA) est encore longue et semée d’embûches. D’ailleurs, à en croire la Commission de l’Union africaine, nous ne sommes qu’à mi-parcours vers l’établissement de la communauté économique africaine dont l’objectif est de transformer les 54 économies africaines en une économie unique avec une monnaie unique. Ce qui n’est pas une mince affaire d’autant plus que sur les six étapes définies dans le Traité d’Abuja, il reste encore trois à franchir.

Faisant le point sur l’état de l’intégration africaine en 2011, la Commission de l’UA constate que « malgré les progrès réalisés par les États membres vers la coopération économique, la création de la CEA est entravée par les conflits, ainsi que par des défis relatifs à la gouvernance politique, économique et sociale, qui restent à relever dans certaines parties du continent. »

C’est ce qui a été également relevé par certains analystes dans le sillage de la publication de l’indice Mo Ibrahim sur la gouvernance africaine. Ces spécialistes de l’Afrique font ressortir que si 39 pays africains ont progressé au niveau de la gouvernance, en revanche, 27 pays ont reculé sur le plan de l’État de droit.

Mais n’en doutons point : l’afro-optimisme continue de gagner du terrain en dépit des points noirs qui subsistent. Il n’y a qu’à voir l’intérêt des fonds d’investissement pour le continent pour s’en rendre compte. Et avec le rééquilibrage du pouvoir économique mondial, les yeux seront désormais rivés sur l’Afrique qui aura un rôle de premier ordre à jouer.

Pour être en phase avec la nouvelle configuration qui se dessine, un repositionnement est plus que nécessaire pour nous, les voisins du continent. Maurice a d’ailleurs commencé à voir les résultats de son engagement envers la région. De 5 % en 2000, les exportations domestiques de l’île vers le continent africain ont atteint 20 % en 2013.

Didier Robert, le président de la Région Réunion, se dit également conscient de l’importance de « l’insertion de La Réunion dans son environnement régional ». Cela, affirme-t-il, constitue un objectif prioritaire de la stratégie de développement de l’île sœur.

Il reste maintenant à voir comment cela se traduit dans une volonté commune !

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