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Édito

Tout le monde en parle…

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Tout le monde en parle… | business-magazine.mu

Pourtant nul ne peut prédire exactement les prochaines configurations tellement les signaux sont brouillés. Vous l’avez compris, nous parlons bien évidemment de politique.

À peine la fenêtre s’est-elle refermée sur 2018 que la marmite est portée à ébullition. À l’origine de cette soudaine montée de température : l’annonce de la gratuité des études supérieures par le Premier ministre lors de son message du Nouvel An.

Eu égard à la nature sensible de la question, il s’avère difficile même pour les opposants de s’attaquer frontalement à cette initiative. Du coup, on en vient à l’associer à une manœuvre électoraliste. Le choix du politiquement correct dans ce cas précis est très révélateur. Il montre combien il sera difficile, en marge des prochaines élections générales, de convaincre l’électeur tout en évitant de le froisser en critiquant les mesures susceptibles de susciter son adhésion.

Si Pravind Jugnauth décide de maintenir le cap qu’il a fixé en prenant les rênes du pays deux ans de cela, l’opposition devrait se préparer à marcher sur la corde raide dans les mois à venir.

Conscient des enjeux de la prochaine consultation populaire – qui au vu d’une réalité bien mauricienne prendra certainement des allures de présidentielle – il va continuer à miner le terrain.

La preuve, l’annonce de la décision de rendre les études supérieures gratuites a été faite par le chef du gouvernement lui-même et non pas par la ministre de tutelle, Leela Devi Dookun-Luchoomun.

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Cette lutte à trois que nombre d’observateurs prédisent voire appellent de tous leurs vœux renforcera le caractère présidentiel des prochaines législatives. Et en se présentant comme challenger de Pravind Jugnauth, Navin Ramgoolam entend jouer à fond sur le tableau de la présidentialisation, estimant pouvoir tourner une telle joute à son avantage. Or, pour éviter d’affronter son principal challenger à domicile, soit dans une bataille de personnalité, Pravind

Jugnauth tente par tous les moyens de se démarquer en optant pour un terrain qu’il juge plus à sa portée. La gratuité des études supérieures s’insère dans cette logique et à ce titre, elle ne sera pas la dernière surprise du chef.

À moins que les Law Lords ne viennent contrarier ses plans, le 15 janvier prochain. Mais s’il parvient à franchir l’étape du Conseil privé de la Reine sans y laisser des plumes, Pravind Jugnauth ne pourra que monter en puissance. Et c’est là que la prédiction de Jayen Cuttaree, avant de tirer sa révérence en décembre dernier, prend tout son sens.

«Le MSM et le Parti travailliste vont s’entredéchirer, ce sont deux partis ennemis ; ils se retrouvent pour un objectif politique : le pouvoir. Les rancunes traditionnelles seront exacerbées par les évènements qui ont suivi les dernières élections avec notamment l’arrestation de Navin Ramgoolam dans des conditions inimaginables. Un règlement de compte entre le MSM et le Parti travailliste se prépare», avait-il déclaré dans un entretien à Business Magazine.

En revanche, un revers pour Pravind Jugnauth dans l’affaire Medpoint rebattra les cartes sur l’échiquier politique et renverra tout le monde au drawing board.