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Arvin Boolell: « Maurice deviendra une économie des services si l’on découvre du pétrole »

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Arvin Boolell: « Maurice deviendra une économie des services si l'on découvre du pétrole » | business-magazine.mu

Au ministère des Affaires étrangères, on ne veut pas brûler les étapes sur le projet d’exploration pétrolière, révèle Arvin Boolell. Entre-temps, Maurice et les Seychelles, qui travaillent en tandem sur ce dossier, s’attellent à mettre en place le cadre réglementaire pour préparer l’émergence de l’industrie pétrolière.

BUSINESSMAG. Maurice et les Seychelles ont signé un accord portant sur la cogestion d’une zone du plateau continental des Mascareignes. Sur quoi porte cet accord ?

L’accord qu’ont signé Maurice et les Seychelles est historique. C’est un exemple unique, mais dont le monde doit prendre connaissance. Grâce à leur maturité politique, ces deux petites îles sont aujourd’hui des États qui prônent une politique d’économie océanique. Cet accord est l’aboutissement d’une relation fraternelle et politique entre les deux chefs d’État de ces deux pays.

Je me souviens très bien, que pour les besoins de cet accord, je me suis rendu avec mon homologue, le ministre des Affaires étrangères des Seychelles, à l’United Nations Convention for the Law of the Sea Committee à New York pour la présentation de ce projet.

Cet accord n’a en aucun cas suscité des disputes territoriales maritimes. Notre zone économique exclusive (ZEE) constitue une ligne de démarcation. Celle-ci s’étend sur presque 2 millions de kilomètres carrés. à cela, il y a le plateau continental de 396 000 kilomètres carrés que Maurice cogère avec les Seychelles.

L’accord porte sur l’exploration et l’exploitation du potentiel du fond marin de ce plateau continental. Que ce soit en termes de ressources fossiles et non fossiles. à l’ère actuelle de la troisième révolution industrielle, on aura besoin de ressources rares et de ressources essentielles. Avec la diminution de ces ressources dans notre sol, le potentiel de la disponibilité de celles-ci se trouve évidemment au fond de la mer.

BUSINESSMAG. Les procédures ont-elles déjà été enclenchées pour explorer le fond marin du plateau continental ?

Un comité technique et un comité interministériel ont été mis sur pied.

On essaiera de faire le suivi et de voir de près les lois sur la concession pour l’exploration et l’exploitation du fond marin. De même que le régime fiscal qu’il faut mettre en place. Tout cela fait partie de notre politique émanant du Dialogue sur l’Océan avec pour objectif d’établir une feuille de route et de venir de l’avant avec un plan d’action. Le Premier mi-nistre a été devant la tribune des Nations unies pour expliquer haut et fort les mérites, voire le potentiel de l’économie océanique.

L’économie océanique s’impose comme un secteur d’avenir car au-delà des activités de pêche dans la ZEE, le potentiel du sous-sol marin est immense. Il y a une synergie entre les instituts océanographiques des deux îles. Il s’agira d’assouplir le régime fiscal et de mettre en place l’encadrement légal et institutionnel. D’autres aspects doivent être pris en considération, à l’instar de la formation des jeunes car c’est un secteur d’aujourd’hui et de demain. Il nous faut collaborer avec des institutions académiques, ainsi que dans le domaine de la recherche et du développement. Il faudra voir quels sont les partenaires qui existent en dehors du gouvernement. Ou encore établir comment les concessions seront accordées.  Pour toute la politique des concessions, nous comptons nous inspirer de l’exemple de la Norvège. Maurice et les Seychelles veulent prôner une politique saine et transparente en termes de concession fiscale.

BUSINESSMAG. Les Seychelles semblent être bien avancées sur le dossier d’exploration pétrolière. Qu’en est-il de Maurice ?

Je dois avouer que nos amis seychellois ont été très proactifs dans le sens qu’ils ont déjà identifié et commencé à travailler avec un groupe australien pour l’exploration et l’exploitation d’un site dans sa zone économique exclusive. Je ne connais pas les modalités. Mais, bien sûr, s’il y a des leçons à tirer de ce projet d’envergure seychellois-mauricien, nous sommes disposés à les accueillir. Quant à Maurice, elle a décidé d’adopter une politique de prudence. On avance sur ce dossier avec beaucoup de précautions. Notre objectif est d’avoir une approche globale car nous pensons que c’est bien pour l’image des deux pays.

BUSINESSMAG. Du point de vue de la législation, Maurice est-elle prête au cas où l’on découvrirait du pétrole dans nos eaux territoriales ?

C’est la raison pour laquelle il existe une feuille de route ; un plan d’action où l’on travaille déjà sur la loi de la fiscalité et des concessions. Et cela, tout en s’inspirant du modèle norvégien.

BUSINESSMAG. Quel sera l’impact d’une telle découverte pour le pays ?

Une telle découverte aura un impact très positif pour le pays, notre économie et le bien-être de la population. Bien sûr, nous aurons à respecter les principes du développement durable dans le contexte des Objectifs du Millénaire. Nous serons alors en mesure de faire de Maurice un hub, pour ne pas dire l’étoile et le portail de la région. Dans les mois qui suivraient, Maurice deviendrait une économie des biens et services à hauteur de 80 %. Il ne faut pas oublier que nous avons un secteur offshore qui permet aux compagnies d’être domiciliées à Maurice. Nous avons aussi un centre d’arbitration avec tout l’aspect légal y afférent.

L’exploration et l’exploitation des produits de la mer font partie du secteur des services et génèrent une forte valeur ajoutée. Tout cela aura un effet positif pour l’économie nationale, mais tout doit se faire dans le droit fil de la stratégie de Maurice Ile Durable.

Il reste encore beaucoup à faire. Il nous faut une approche inclusive et très participative et cela va être une véritable aubaine pour les Mauritius Incorporated. Pour ce faire, de gros investissements seront sollicités.

Quand vous avez un produit porteur, l’investissement se fait automatiquement. Maurice a ses atouts. La situation politique est stable. Le principe de séparation des pouvoirs est respecté. Il en va de même pour la bonne gouvernance. Nous avons aussi de bonnes notes à l’indice sur la démocratie. Nous sommes donc bien partis pour accueillir beaucoup d’investissements dans un secteur qui est porteur. Il ne faut pas oublier que la Banque mondiale et toutes les institutions des Nations unies y compris les organismes financiers sont parties prenantes du concept de l’économie océanique qui peu à peu devient une réalité. Il y aura par ailleurs une grande conférence l’année prochaine en Hollande sur l’économie océanique. 

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