Type to search

En couverture

Consommation: la croissance stagne

Share
Consommation: la croissance stagne | business-magazine.mu

Moteur de croissance incontournable, la consommation des biens et services a enregistré une faible progression ces dernières années. Au banc des accusés: la crise qui a érodé le pouvoir d’achat des Mauriciens. La machinerie risque de se gripper.

Après une croissance dépassant 6 % avant la crise économique mondiale,  la consommation des biens et services a crû à un rythme moins soutenu durant les années post-crise. à partir de 2009, ce secteur a enregistré des taux de progression inférieurs à 3 %. Ainsi, de 2010 à 2012, la croissance de la consommation n’a varié que très sensiblement entre 2,5 % et 2,7 %.

En 2013, elle devrait progresser de 2,7 %. La consommation des ménages, qui représente 73,3 % du PIB (Rs 370,7 milliards) atteindra cette année Rs 271,7 milliards. « La croissance de la consommation reste modérée depuis ces dernières années. C’est sans doute parce que l’offre augmente, mais pas  la demande. L’offre dépasse donc la demande. Le nombre de surfaces de vente et de ‘Malls’ a augmenté, mais le consommateur reste prudent dans ses dépenses », analyse l’économiste Eric Ng.

L’autre facteur qui pourrait expliquer cette stagnation de la croissance dans la consommation est que le pouvoir d’achat du consommateur ne suit pas. Il n’y a pas eu de grosses augmentations de salaire dans le secteur privé ces dernières années, note Eric Ng. Et d’ajouter que les salaires progressent très lentement dans le secteur privé. D’ailleurs, dans une récente interview à Business Magazine, le ministre du Travail, Shakeel Mohamed, soulignait que les salaires sont pathétiques à Maurice.

Jean Taminau, directeur général de Somags (enseignes de Jumbo et Spar), estime que le contexte actuel n’est pas propice à un accroissement de la consommation : « Le taux d’épargne diminue. Une frange de la population a du mal à faire face, avec son pouvoir d’achat qui diminue ou qui n’augmente pas par rapport au coût de la vie. Aujourd’hui, les Mauriciens sont endettés. Ils épargnent moins et cela se ressent sur la consommation. »

La baisse de la taxe annoncée dans le Budget sur certains produits alimentaires ne contribuera pas nécessairement à dynamiser la consommation pour les fêtes de fin d’année,  observe Eric Ng. « Auparavant, le Budget améliorait définitivement le pouvoir d’achat du consommateur parce que les droits de douane étaient élevés. Aujourd’hui, 90 % des produits importés ne sont plus – ou presque plus – taxés. Le Budget n’a donc pas de grand effet sur la consommation », soutient-il.

Nouveau mode de dépenses

Par ailleurs, il y a eu du changement dans les postes de dépenses ces dernières années. Selon l’économiste, les gens dépensent davantage aujourd’hui dans des biens durables comme les voitures, le mobilier et l’immobilier. On assiste depuis quelques années à une diversification des dépenses hors des produits alimentaires, dit-il, avec le changement dans le style de vie.

« Le consommateur va plus vers les services qu’autrefois, les week-ends dans les hôtels, voyages organisés et équipements technologiques. »

Jean Taminau observe, quant à lui, que la croissance de la consommation tend à stagner ces dernières années car Maurice est dans une phase de transition. « Maurice est un pays qui se développe vite. Nous sommes dans une phase de transition s’agissant des modes de consommation », remarque-t-il. à titre d’exemple, trois ans cela, il n’y avait pas de loto. « Le loto représente aujourd’hui une dépense mensuelle moyenne de Rs 500 par famille. C’est énorme et cela fait baisser le budget alimentaire des familles. Même constat au niveau des gadgets  et équipements technologiques qui viennent pomper sur le budget alimentaire », constate-t-il.

La valeur de la roupie est un autre facteur qui impacte sur la consommation. Quand la roupie se déprécie, l’inflation augmente et pénalise le consommateur. En revanche, quand la roupie est stable, souligne Eric Ng, cela rend les importations plus compétitives (sachant que 75 % des produits sur les rayons des supermarchés sont importés). Pour l’économiste, « le challenge est plutôt pour 2014. Il faudra voir si la politique monétaire parviendra à éviter le dérapage de l’inflation. Si c’est le cas, ce sera en faveur de la consommation. »

Le rapport qualité-prix primordial

La concurrence est féroce dans le secteur de la consommation et Paul Ah Lim, General Manager d’ABC Foods, reconnaît volontiers que les tendances dans le mode d’achat des Mauriciens ont grandement évolué durant la dernière décennie.
« Ces dernières années, on a remarqué que la majorité des consommateurs sont plus attentifs au rapport qualité-prix des produits en raison notamment  de l’augmentation du coût de la vie », souligne-il. Si une multitude de facteurs exogènes et endogènes affectent l’évolution des prix, Paul Ah Lim soutient que le marché asiatique, avec la demande croissante de la classe moyenne, a créé une mutation importante dans l’approvisionnement mondial. Spécialisée dans la production et la distribution alimentaire, ABC Foods n’évolue pas uniquement dans le réseau de distribution des  surfaces commerciales. L’entreprise travaille également avec le secteur touristique. Misant sur le fait que les hôtels vont atteindre leurs meilleurs taux de remplissage de l’année dans les semaines à venir, ABC Foods compte augmenter son chiffre d’affaires, à travers sa filiale HORECA (Hotel, Restaurant, Catering) qui distribue une gamme de produits dont la marque Pomona de France.
Tags:

You Might also Like