Type to search

En couverture

David Anderson (CEO, Sun Ltd) – «attirer plus de lignes aériennes»

Share
David Anderson (CEO

Durement touché par la crise, Sun est aujourd’hui sur les rails. Récemment, le groupe a réalisé une opération de levée de fonds qui lui a permis d’éponger ses dettes. Son CEO nous en dit plus.

}


BUSINESS MAGAZINE. Le secteur hôtelier a réalisé une solide croissance en 2017. Pourra-t-on rééditer la performance cette année ?

Effectivement, 2017 a été marquée par la croissance du secteur hôtelier mauricien. D’ailleurs, notre bilan pour les six premiers mois de l’année financière 2017-18 (juillet à décembre 2017) est très encourageant. 2018 devrait suivre cette tendance car les indicateurs sont au vert que ce soit pour le marché européen ou les autres pays où nous opérons. Par exemple, nous notons une nouvelle dynamique sur le marché français. Nous enregistrons dans tous nos hôtels un taux important de réservations pour les mois à venir.

Pour ma part, je suis optimiste mais il faut toujours rester prudent. Car nous ne sommes pas à l’abri d’événements imprévus qui peuvent impacter sur notre activité et nos résultats. 2018 devrait être une bonne année pour le secteur car, d’une part, Maurice est considéré comme une destination sécurisée et, d’autre part, son niveau d’accueil est perçu comme faisant partie des meilleurs. 


BUSINESS MAGAZINE. Quels sont ces événements auxquels vous faites allusion ? 

Il faut toujours prendre en considération de potentiels problèmes par rapport aux lignes aériennes, arrivées touristiques, au climat en général ou encore au Brexit. Il faut donc demeurer vigilant.

L’accès aérien demeure un sujet critique. Aujourd’hui, on peut dire que nous nous trouvons dans une situation plus saine car il y a plus de capacité de sièges pour les vols à destination de Maurice.

Nous devons toujours prospecter de nouveaux marchés. Cela est primordial non seulement pour Sun, mais aussi pour la destination. Il est essentiel d’assurer un dynamisme notamment durant la basse saison, d’où l’importance des marchés comme l’Asie. Nous comptons vraiment sur le gouvernement afin qu’il continue cette politique d’ouverture du ciel. 

Autre défi pour la destination : garder son positionnement haut de gamme. Pour cela, nous investissons régulièrement dans la rénovation et la maintenance de nos hôtels afin d’assurer aux clients de magnifiques hôtels capables de s’aligner sur ceux des destinations concurrentes. 

Nous avons rénové, l’année dernière, La Pirogue, hôtel iconique de la destination.  

Les investissements se font aussi dans la sécurité. Sun dépense des sommes importantes et beaucoup d’énergie pour assurer la sécurité de ses clients et de ses employés.

}

 « assurer un dynamisme durant la basse saison» 

}


BUSINESS MAGAZINE. Dans quelle mesure les incertitudes autour du Brexit impactentelles sur l’hôtellerie ?

Bien sûr, le plus vite un accord sera trouvé, le mieux ce sera pour tout le monde. Car aujourd’hui, on sait que les devises étrangères ne se stabiliseront pas tant que les décisions ne seront pas prises. C’est très important pour nous. Comme les autres hôteliers, j’espère qu’on parviendra à une situation gagnant-gagnant pour tout le monde. Le Brexit est un sujet préoccupant car il concerne 15 % de notre marché.

Dans un de nos hôtels, nous avons décidé de procéder à des ajustements. 40 % de nos chambres étaient d’habitude allouées à des clients britanniques. Nous avons réduit cette part de plus de moitié. Je dois dire que cette décision porte ses fruits. 

}


BUSINESS MAGAZINE. S’il y a pas mal de postes à pourvoir dans l’hôtellerie, n’empêche, les compétences sont rares sur le marché. Quelle est votre lecture de la situation ?

Le recrutement est primordial dans le secteur des services. Maurice compte des employés réputés et reconnus dans le monde. Ce sont eux qui ont construit la réputation de l’hospitalité légendaire mauricienne.

Nous constatons que la nouvelle génération est moins fidèle à ce secteur. Car aujourd’hui d’autres secteurs sont plus attrayants, à l’instar des services financiers. 

Four Seasons, l’un de nos partenaires, recrute des Mauriciens et les envoie de par le monde où ils sont formés dans ses hôtels. Par la suite, ils reviennent travailler au Four Seasons de Maurice. Personnellement, c’est un concept que j’apprécie. C’est une opportunité donnée aux Mauriciens pour se former aux standards de l’hôtellerie de luxe internationale. De même, il est important de faire venir à Maurice des compétences de calibre mondial afin de former nos employés et faire évoluer ce secteur.

Le gouvernement doit jouer un rôle clé pour faciliter cet échange. Il y va aussi de la responsabilité des groupes hôteliers de former continuellement leurs employés et équipes pour s’assurer un rayonnement international.


BUSINESS MAGAZINE. Vous rejoignez donc bon nombre d’hôteliers qui s’accordent à dire que l’École hôtelière peine à former des jeunes compétents ?

Nous notons des changements positifs au niveau de l’École hôtelière. C’est un bon début mais nous restons sur notre faim. Il est vrai que d’autres secteurs comme le textile se tournent vers les travailleurs étrangers en cas de manque de main-d’œuvre locale. 

Aujourd’hui, le secteur hôtelier continue à participer à l’évolution sociale et professionnelle des Mauriciens. Si ce secteur est si connu dans le monde, c’est parce que nous valorisons la main-d’œuvre locale. Il faut tout faire pour garantir et soutenir cette main-d’œuvre mauricienne.

}«LeBUSINESS MAGAZINE. Les hôteliers seront-ils éventuellement appelés à se tourner vers les travailleurs étrangers ? 

J’espère sincèrement que le secteur hôtelier n’optera pas pour cette solution. Car le client vient à Maurice, non seulement pour le soleil et les plages, mais aussi pour la qualité de l’accueil, du service voire de l’interaction avec nos personnels mauriciens. Il est bon de noter que chez Sun, on considère que c’est avec notre personnel que la relation clientèle se forme. Et nos clients apprécient cette relation avec le personnel mauricien. 


BUSINESS MAGAZINE. Quel est votre sentiment par rapport aux crises internes qui minent Air Mauritius ?

Air Mauritius est un partenaire prépondérant pour le secteur hôtelier et donc, pour Sun. Nous comptons sur elle pour régler ses défis et problèmes en interne le plus rapidement possible et assurer une qualité de service pour l’image de la destination.


BUSINESS MAGAZINE. Depuis la fin de l’année, Maurice a signé des accords avec plusieurs lignes aériennes dont KLM. Est-ce un pas dans la bonne direction ?

Absolument ! Il faut que Maurice attire plus de lignes aériennes. On entend souvent dire que les prix des billets sont trop chers pour venir à Maurice. Une concurrence saine peut aider à avoir des prix plus compétitifs. L’accord avec KLM est une bonne nouvelle car le hub à Schiphol permet une ouverture sur les marchés scandinave, belge, français voire d’Europe du Nord. 

}


BUSINESS MAGAZINE. Quelles sont les priorités de Sun pour cette année ?

Nous voulons continuer à nous différencier de nos concurrents à Maurice. Nous voulons offrir une toute autre expérience. Nous avons lancé en fin d’année les Timeless memories . L’ambition de Sun est de se positionner comme la meilleure ‘expérience plage’ à Maurice. Nous voulons positionner nos hôtels, en termes de prix et qualité de service au standard des cinq-étoiles. Pour ma part, j’aimerais que tous les hôtels Sun soient, comme on a coutume de dire, «best in class». Notre objectif est aussi de récompenser nos actionnaires avec des dividendes cette année.


BUSINESS MAGAZINE. Comment le dernier exercice de levée de fonds a-t-il été bénéfique pour le groupe ?

Cette levée de fonds a été très bénéfique pour Sun. Jusqu’à présent, elle a été la plus importante dans l’histoire de Maurice. 90 % de cette levée de fonds a été utilisée pour réduire nos dettes. Ainsi, notre gearing a baissé de 10 points. De plus, cela a renforcé notre bilan. Nous sommes désormais en mesure d’investir dans le développement du groupe. Cela nous a aussi permis d’avoir des devises plus équilibrées, ce qui confère un natural hedging sur les devises. Dans l’immédiat, il n’y aura pas d’autres levées de fonds.

«Air
Tags:

You Might also Like