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Diversification hors sucre : macadamia, une alternative viable ?

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Diversification hors sucre : macadamia

Le macadamia est l’alternative la plus viable au processus de diversification hors sucre. C’est le directeur du Food and Agricultural Research and Extension Institute (FAREI), Ganeshan Seelavarn, qui le laisse entendre. De toutes les annonces de refonte dans la production sucrière, faites depuis les années 2000 avec la fin du Protocole Sucre (voir encadré plus loin), le macadamia est à ce jour le projet agricole qui rencontre le plus d’adhésion des agriculteurs locaux, aussi bien individuels que corporates. D’ailleurs, la propagation de la culture de cette noix se fait en étroite et harmonieuse collaboration entre le secteur privé et le secteur public.

Est-ce en raison de la crise structurelle et conjoncturelle que vit l’offre des sucres mauriciens à l’international ou de la consommation croissante à l’international de cette noix, encore sous-exploitée ? Proposée comme un nouveau marché niche lors du Budget 2017-2018, l’idée d’explorer le potentiel de la culture du macadamia localement avait paru saugrenue. Un budget de Rs 15 millions avait été prévu pour assurer de 2017 à 2020 le marketing autour des perspectives de production de sa noix. Comme l’énonçait le Premier ministre et ministre des Finances, Pravind Jugnauth, lors de son grand oral, les fonds à pourvoir seraient destinés à l’importation des graines de macadamia, à la mise sur pied de facilités de pépinière et à la recherche d’expertise étrangère pour conseiller et assister le FAREI dans la propagation du macadamia.

Macadamia

Un investisseur de macadamia de perdu, et dix de retrouvés ? Peut-être bien. Car le 7 juin 2018, soit à la veille de la présentation du Budget 2018- 2019, le Mauritius Macadamia Nut Project était officiellement lancé à la FAREI Crop Research Station, à Réduit.

Avec le premier plant de macadamia mis en terre dans le cadre de ce projet, en présence du ministre Mahen Seeruttun, du Dr Ganeshan Seelavarn, de Jacqueline Sauzier, secrétaire général de la Chambre d’Agriculture, et de quelques petits et gros cultivateurs potentiellement intéressés par le projet. Noisetier subtropical, le macadamia n’a eu de cesse de gagner du momentum à l’international ces dix dernières années. Riche en nutriments et vitamines, ce super food à haute teneur d’huile monosaturée s’insère dans la composition d’une healthy eating habit. Il devrait continuer à avoir du momentum, fait-on ressortir au FAREI, car le prix élevé des noix et la nécessité de diversifier l’agriculture ont entraîné une augmentation de sa production dans les pays en développement. «Nous sommes confiants du potentiel de cette nouvelle culture. Des arbres matures de macadamia existent chez des particuliers à travers l’île, ce qui indique que notre terroir est propice à sa propagation», souligne le Dr Ganeshan Seelavarn, CEO du FAREI. 

Bien que la culture du macadamia s’adapte à une diversité de sols, le FAREI a décidé de sélectionner les meilleures variétés en fonction des microclimats et du sol mauriciens. C’est ainsi que l’unité de recherches et de services agro-industriels a fait venir une première cargaison d’environ 6 000 plantules de trois variétés de macadamia d’un pépiniériste sud-africain agréé. Ces plantules doivent être greffées avant d’être mises en terre, si tout se passe bien, d’ici à septembre 2019. On doit les semer en terre à raison de 300 plants par hectare. Il est prévu que cela se passe sur 20 hectares de terre.

Source

Ce qu’on ne savait pas en juin 2017, c’est que depuis 2015, des investisseurs sud-africains explorent les opportunités de se lancer en vue dans cette nouvelle culture agricole localement. Lors du lancement officiel du Mauritius Macadamia Nut Project, Christo Nel faisait la déclaration suivante : «Je suis venu à Maurice avec l’idée d’acquérir et de trouver des terrains pour exploiter les plants de macadamia. J’ai rencontré dans cette optique les représentants du ministère de l’Agriculture ainsi que ceux du ministère des Coopératives. Ils m’ont mis au défi d’évaluer le potentiel de l’île de faire éclore une culture de production de macadamia. Ces trois dernières années, nous nous sommes attelés à cela, ainsi qu’au marketing et à la promotion des perspectives d’une culture de cette noix, au repérage des sites propices de la cultiver, aux méthodes culturales à privilégier, aux variétés de macadamia les mieux adaptées aux microclimats et au sol mauricien. Nous sommes à présent au stade où nous pouvons lancer officiellement ce projet de propagation de la culture de macadamia.»

Mauritius

En quête de partenariats avec des planteurs, petits et gros, ainsi que des entreprises évoluant dans ce secteur, l’investisseur recherche tous types de terrains dont l’accès serait ouvert à cette perspective et qui seraient aisément mécanisables. L’on se souvient que l’exBoard of Investment (BoI) souhaitait à l’époque que le Mauritius Macadamia Nut project s’insère dans une stratégie de diversifier davantage le secteur agricole hors sucre. Pour le BoI, la noix de macadamia deviendra un produit tourné vers l’exportation. 

Selon l’agence nationale chargée de la promotion des investissements, l’objectif était de développer ce nouveau projet de diversification agricole en plusieurs étapes, sur une portion de 50 arpents. Les terres disponibles suivant l’abandon des activités ayant trait à la culture de la canne à sucre étaient recommandées pour cultiver le macadamia.

LE ‘MAURITIUS MACADAMIA NUT PROJECT’ LANCÉ EN JUIN 2018

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Ayant commencé par investir dans le secteur agricole mauricien dès le premier trimestre de 2017, le groupe Dale Capital envisageait d’investir dans le déploiement de la culture de macadamia en compagnie d’un consortium d’investisseurs sud-africains, avec le soutien de l’ex-BoI, du FAREI et du ministère de l’Agro-industrie. Presque une année plus tard, le projet n’était pourtant plus d’actualité. Lors d’un échange de courriels avec Mark Foulds, Deputy Executive Chairman du groupe Dale Capital Group, il nous a expliqué que bien que l’entreprise croyait toujours dans le macadamia, qui représentait «une manière attrayante pour l’île de diversifier sa politique agricole hors de l’industrie de la canne à sucre».

Avec à la clef des rendements attrayants pour ses actionnaires, elle avait préféré prioriser sa politique de développement agricole. Jusqu’à fin 2019, fait ressortir Mark Foulds, la stratégie du groupe Dale Capital, est de développer une ferme commerciale pour l’élevage de chèvres et de moutons. «Cela a été en partie motivé par les terres déjà à notre disposition pour ce développement», ajoute-t-il.

RsRS 2 MILLIONS PAR TONNE DE MACADAMIA

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Environ 6 000 mini-greffes de macadamia ont également été commandées toujours d’Afrique du Sud mais d’une autre pépinière agréée. Elles seront également mises en terre sur une superficie de 20 hectares, d’après le programme du FAREI. D’après les chiffres fournis par le FAREI, un arbre à pleine maturité peut produire plus de 25 kilos de noix de macadamia. Sur un hectare, la production estimée peut varier entre 6 à 10 tonnes. «Par hectare sous plantation de macadamia, l’on peut obtenir environ Rs 2 millions par tonne de macadamia produite», détaille Dr Ganeshan Seelavarn. Il faut rappeler cependant qu’un arbre de macadamia ne commence à générer une récolte viable commercialement qu’à partir de sa cinquième année de mise en terre. D’ailleurs, la première récolte sous le Mauritius Macadamia Nut Project est prévue pour 2022.

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