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Economie bleue – La nouvelle industrie sur le point d’éclore

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Economie bleue - La nouvelle industrie sur le point d’éclore | business-magazine.mu

 

Maurice n’exploite pas suffisamment le gros potentiel de l’océan qui l’entoure et pouvant se révéler être une importante source de richesse. Pourtant, en 2006, les autorités annonçaient en fanfare la création de la Land-based Oceanic Industry, mais le projet est resté depuis en gestation.

Aujourd’hui, l’extension du plateau continental nous fait entrevoir de nouvelles possibilités. Actuellement, notre zone économique exclusive s’étend sur une superficie de 2,3 millions de kilomètres carrés, soit quatre fois la superficie de la France. De cette vaste étendue, 396 000 km2 constituent l’extension du plateau continental que Maurice gère conjointement avec les Seychelles depuis le mois de mars.

Notre zone économique exclusive constitue un territoire océanographique et des opportunités économiques d’envergure que l’État souhaite optimiser comme articulé dans le programme gouvernemental 2012- 2015, où il est question de faire de l’industrie océanographique un pilier incontournable de l’économie. Pour l’océanographe Vassen Kauppaymuthoo, la petitesse de Maurice – 1 852 km2 – nous fait oublier le potentiel économique énorme que pourrait représenter l’exploitation de l’océan qui nous environne.

« Les étendues océaniques sous la juridiction de Maurice représentent 1 000 fois la superficie terrestre de Maurice. Nous avons ce vaste territoire grâce aux îlots et petites îles éparpillées dans l’océan indien, à l’instar de Rodrigues, d’Agaléga, de Saint Brandon, Tromelin et des Chagos », fait-il remarquer.

Deux accords avec les Seychelles

C’est d’ailleurs en prenant cette réalité géoéconomique en ligne de compte que deux accords bilatéraux ont été signés entre Maurice et les Seychelles en mars 2012, lors de la visite officielle du président seychellois, James Michel. Le premier accord délimite et excise la zone étendue du plateau continental. Alors que le second traite de la structure et de la mise en oeuvre de sa cogestion.

Si l’idée de mettre en place le cadre approprié pour capitaliser sur les ressources de notre EEZ ne relève pas d’une nouveauté, le déploiement d’effort soutenu en ce sens est une première. Cette initiative, qui fait renaître les espoirs d’une industrie bleue, est favorablement accueillie par la communauté océanographique de Maurice.

Comme l’observe Sharveen Persand, océanographe et directeur de Coastal Land and Marine Solutions (CLAMS) Ltd, « la vaste étendue de notre zone économique exclusive nous profite déjà quoique l’exploitation est davantage orientée vers la pêche. Mais la contemplation de l’exploitation d’autres ressources maritimes est un pas en avant. »

Pour Vassen Kauppaymoothoo, il ne faut pas perdre de temps pour dynamiser l’économie bleue, d’autant plus que la situation économique mondiale est précaire et qu’une nouvelle source de croissance est la bienvenue. « La situation économique internationale est précaire. Pour notre salut, on doit se réinventer pour parer aux chocs et crises auxquels le monde fait face. Une nouvelle vision s’impose car le modèle économique actuel est dépassé et demande d’être revu de fond en comble. Les océans représentent l’avenir et la survie de notre planète. Que ce soit d’un point de vue écologique ou sur le plan de la qualité de la vie », observe-t-il.

L’économiste Eric Ng abonde dans le même sens. Le développement d’une économie océanique s’insère dans le cadre d’une stratégie de diversification sur le long terme, analyse-t-il. « Il y a un ralentissement de notre éco-nomie suivant la détérioration du marché européen avec les baisses de commande et l’affaissement du tourisme et de l’offshore. L’économie bleue relève d’un développement sur le long terme qui prendra au moins dix ans à se concrétiser. Mais il faut commencer quelque part. Autant commencer maintenant, car on a déjà un certain retard ».

L’économiste reste toutefois optimisme : « Certes, l’exploitation de notre espace marin peut éventuellement devenir un pilier de l’économie. Il ne s’agit pas de stimuler la croissance économique à court terme, mais plutôt de diversifier notre éventail de secteurs porteurs. On sortira gagnant sur plusieurs fronts dans les années à venir, notamment en termes de création d’emploi, d’exportation, de croissance économique et de contribution au PIB ».

Mais, estime Eric Ng, nous devons garder les pieds sur terre car le pari est loin d’être gagné. Avant l’émergence de l’économie bleue, nous devrons diversifier et augmenter notre carnet de contact international.

Protéger l’industrie contre les pirates

Il est important de sécuriser les opérations des entreprises qui évolueront au sein de la nouvelle industrie océanographique. « Au fur et à mesure que l’initiative gagnera du terrain, le besoin de sécuriser les opérations se fera de plus en plus sentir. Valeur du jour, malgré les efforts des autorités compétentes, la piraterie et la pêche clandestine continuent à sévir », affirme Eric Ng. Comme solution, il préconise que Maurice signe des accords avec des pays comme l’Inde, qui ont de l’expérience en matière de surveillance. Il faut savoir que la Piracy and Maritime Violence Act a été adoptée en décembre 2011, mais la loi n’a pas encore été promulguée. L’article 3 de cette loi prévoit que ceux qui se rendent coupables d’actes de piraterie ou d’attaques maritimes sont passibles d‘une peine d’emprisonnement allant jusqu’à 60 ans. Maurice a contracté cette année un accord de principe avec la Grande-Bretagne et l’Irlande du Nord pour le transfèrement de ceux suspectés d’actes de piraterie.
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