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Énergies renouvelables : Visons plus haut !

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Énergies renouvelables : Visons plus haut ! | business-magazine.mu

Avec l’arrivée de l’été et de la période festive, la demande en énergie électrique est appelée à monter en flèche. On en a déjà eu un aperçu en début d’année. Au 22 janvier, la demande d’électricité a atteint un pic, soit 491,7 mégawatts contre une demande estimée de 488 mégawatts. Le ministre des Services publics et de l’Énergie, Ivan Collendavelloo, est monté au créneau pour soutenir que cette forte consommation était à l’origine de la surfacturation des abonnés du Central Electricity Board (CEB).

Depuis une dizaine d’années, la demande d’électricité de pointe (Peak power demand) ne cesse d’augmenter. De 368 MW en 2007, elle a grimpé à 441,1 MW en 2013, à 462 MW en 2017 et 468 MW l’année dernière.

La croissance dans la demande en énergie électrique remet sur le tapis la nécessité d’accélérer notre stratégie en matière d’énergies renouvelables. Il faut dire que depuis l’initiative Maurice île Durable en 2007, Maurice n’a pas réalisé de gros progrès par rapport à La Réunion, où le concept d’éco-quartier est déjà une réalité.

Pour rattraper le retard, les autorités ont lancé, le mois dernier, la Renewable Energy Roadmap 2030. Outre l’importance de développer une énergie plus propre, il est essentiel qu’on réduise notre dépendance des énergies fossiles tout en augmentant notre production énergétique. Cela ne pourra se faire qu’à travers une meilleure exploitation des sources d’énergies renouvelables comme le solaire, l’éolien, la biomasse, les déchets ou encore l’énergie hydroélectrique. Dans le même temps, l’on pourra se prémunir contre les risques de délestage, voire de black-out.

Avec l’entrée en activité de Metro Express et les projets de Smart cities, il est légitime de se demander si le pays aura la capacité de répondre à la demande croissante en énergie électrique. Surtout que la production d’électricité est fortement dépendante de combustibles fossiles importés, avec une facture énergétique qui coûte plus cher tant en termes de prix qu’en impact environnemental et en émissions de carbone. Environ 79,3 % (2 483 GWh ou 213 kteo) de l’électricité produite en 2018 provenait de sources non renouvelables, principalement du charbon et du mazout. Les 20,7 % restants, soit 649 GWh ou 56 ktoe, émanaient de sources renouvelables, principalement de la bagasse.

Le gouvernement a néanmoins pris des mesures en vue de répondre à la demande énergétique du pays tout en respectant ses engagements pris eu égard à la protection de l’environnement, notamment à la COP21 en 2015. Maurice s’est ainsi engagé à réduire ses émissions de 30 % d’ici à 2030, cela grâce à des sources d’énergie vertes.

Selon Ivan Collendavelloo, nous sommes sur la bonne voie. En témoignent les projets de fermes éoliennes qui sont sorties de terre. «En 2015, nous avions une seule ferme solaire. D’ici à la fin de notre mandat, nous aurons un total de 11 fermes solaires. En quatre ans, nous avons accompli une grande transformation du secteur énergétique : il y a aujourd’hui non seulement des fermes solaires, mais aussi de petits producteurs d’électricité, soit 1 249 producteurs résidentiels avec des panneaux solaires sur leurs maisons et 14 producteurs commerciaux», a-t-il déclaré.

Capacité additionnelle de 396 GWh

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Dans sa feuille de route, le gouvernement prévoit que l’objectif est d’atteindre 35 % d’énergies renouvelables dans la génération d’électricité en 2025, avec une capacité de production d’électricité additionnelle de 396 GWh en utilisant les énergies renouvelables. Le développement des énergies vertes va se faire en consensus avec l’industrie cannière. D’ailleurs, les producteurs indépendants d’électricité sont appelés à jouer un rôle encore plus important. À ce jour, ils génèrent presque 60 % de l’énergie fournie par le CEB. En 2018, ils auront fourni 1 781 GWh au CEB grâce à une production englobant le photovoltaïque, l’éolien, le thermique, le gaz d’enfouissement et d’autres installations thermiques.

Le Chairman d’Alteo, Arnaud Lagesse, se dit heureux de participer à travers la ferme solaire d’Helios Beau Champ à l’objectif du gouvernement d’atteindre les 35 % d’énergies renouvelables dans le mix énergétique d’ici à 2025. L’engagement d’Alteo dans les énergies renouvelables remonte à 1984, avec la mise en opération de sa première centrale thermique produisant de l’énergie à partir de la bagasse. Quant à Helios Beau Champ, elle génère une puissance de 10,3 MW, en partenariat avec Alteo et le groupe français Quadran.

«Alteo est en discussion avec les autorités pour l’ouverture d’une nouvelle centrale thermique de deux fois 35 mégawatts en cogénération. Ce projet utilisera de la bagasse et de la paille de canne, et permettra de doubler la production d’énergie verte à partir de la biomasse, passant de 100 gigawatt/h aujourd’hui à plus de 200 gigawatt/h. Une fois opérationnelle, elle augmentera la somme d’énergies vertes produites à Maurice d’environ 15 %», prévoit-il. Le partenariat avec Quadran se poursuit aussi dans le cadre d’un autre projet solaire à Amaury, celuilà d’un potentiel de 100 MW.

Actuellement, le solaire reste l’une des sources d’énergies propres les plus exploitées. En 2020, il contribuera environ 8 % de nos besoins en énergies. Mais l’apport de l’éolien ne doit pas être négligé. Quadran se positionne dans l’exploitation de ces deux sources d’énergies renouvelables.

«L’éolien a toute sa place dans le mix énergétique. Ce projet contribuera à la baisse du prix moyen d’approvisionnement du CEB. La complémentarité entre la biomasse, l’éolien et le solaire, adossée au stockage ainsi que la prévision de production sont aujourd’hui tout à fait au point, selon les grilles principales du mix énergétique renouvelable de demain», indique, pour sa part, Jean-Marc Bouchet, président de Quadran.

La transformation du secteur énergétique passe aussi par une refonte du cadre et des instances régulant les utilités publiques. Plusieurs agences ont ainsi vu le jour pour aider le gouvernement dans cette transition. D’abord, il y a la Mauritius Renewable Energy Agency lancée en 2016. Sa mission : encourager le recours aux énergies renouvelables afin de soutenir les développements sectoriels. Cette instance a soumis sa feuille de route aux autorités. Celle-ci est intitulée Renewable Energy Strategic Plan 2018-23. Ensuite, il y a la CEB Green Energy, société entièrement détenue par le CEB. Elle a pour objectif de promouvoir l’énergie solaire. Elle s’occupe de la construction et de l’exploitation de fermes solaires et du déploiement de kits photovoltaïques pour les particuliers et les petites et moyennes entreprises. Elle a déjà pourvu plus d’un millier de foyers de panneaux solaires à travers le Home Solar Project financé à hauteur de $ 10 millions par l’Abu Dhabi Fund for Development. Finalement, l’Utility Regulatory Authority vient répondre au besoin d’avoir un régulateur indépendant pour les utilités publiques. Par ailleurs, le gouvernement a obtenu le soutien de l’African Development Bank et de l’African Legal Support Facility pour l’élaboration de son premier plan d’activités stratégique triennal 2019- 2022 lancé le mois dernier.

Il y a encore du chemin pour concrétiser le mix énergétique d’ici à 2030. En sus des différentes énergies propres déployées pour produire de l’électricité écologiquement tout en abaissant la facture d’importation, et les différents cadres et instances pour les promouvoir et les réguler, il faut sensibiliser la population à produire davantage pour sa propre consommation tout en basculant le surplus sur le réseau public. Ce n’est que de cette façon que l’on pourra réaliser l’objectif de faire de Maurice une île durable ! 

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Dans sa feuille de route décennale, le gouvernement prévoit d’accroître la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique à 35 % à l’horizon 2030. Un objectif déjà fixé à l’époque de l’initiative Maurice île Durable. Ci-après l’apport des différentes formes d’énergies propres dans notre grille énergétique.

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La Réunion utilisera 100 % d’énergies renouvelables en 2030

Alors que Maurice affiche de timides ambitions, loin d’être conformes aux enjeux planétaires, à La Réunion, on place la barre très haut. Ainsi, la transition énergétique pilotée par l’État français et la Région Réunion est déjà pleinement engagée à l’île sœur. La vision est claire : d’ici à 2030, les énergies renouvelables pourvoiront à 100 % les besoins en électricité de l’île. Récemment, Emmanuel Cohet, ambassadeur de France à Maurice, a, dans ces mêmes colonnes, exprimé le souhait que les deux îles s’associent dans le domaine des énergies renouvelables.

Le gaz d’enfouissement alimente 5 000 foyers depuis 2011

Opérée par Sotravic, la centrale de production d’électricité utilisant le gaz d’enfouissement à Mare Chicose a généré plus de 141 millions de kilowatts-heure (kWh) depuis 2011. Soit une moyenne annuelle de 20 millions de kWh d’électricité, pouvant alimenter environ 5 000 foyers. D’une capacité installée de 3 MW, cette centrale alimente le réseau électrique national à travers une ligne de haute tension installée sur une distance d’environ 1 kilomètre. La conversion du biogaz dégagé par le site d’enfouissement en énergie verte a permis pendant la période de 2012 à 2017 d’éviter l’émission de 392 352 tonnes de gaz à effet de serre dont le méthane et le dioxyde de carbone (Co2) responsables du réchauffement de l’atmosphère, indique-t-on chez Sotravic. Cette unité de valorisation énergétique peut continuer à fonctionner aussi longtemps que le site produira une quantité suffisante de biogaz, en parallèle avec l’activité d’enfouissement de déchets organiques. Ces dernières années, Sotravic a investi quelque Rs 250 millions dans le renforcement du réseau de captage et d’extraction du biogaz, la mise en place de la centrale, la transmission de l’énergie électrique et le rehaussement des équipements.

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