Harvesh Seegolam (Gouverneur de la Banque de Maurice) «La rigueur doit être le maître mot du secteur bancaire»
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Vous avez pris vos fonctions à un moment où le monde fait face à la plus grave crise depuis la Grande Dépression. Alors que le pays se reconstruit graduellement, comment vivez-vous ce challenge ?
Effectivement, j’ai pris mes fonctions à l’aube d’une des périodes les plus troublées de notre histoire. Lors de ma première prise de parole en tant que Gouverneur de la Banque de Maurice, je me rappelle avoir dit que cette nomination était un honneur autant qu’un défi à relever.
Cette période a été et continue d’être l’occasion de servir mon pays et mes concitoyens. Car il faut se donner les moyens de construire quelque chose de positif à chaque fois qu’une crise nous ébranle. Prendre mes fonctions à ce moment précis a agi comme un déclencheur. Celui permettant d’accélérer la transformation de notre économie, et donc du secteur bancaire mauricien. Je suis un Gouverneur tourné vers l’avenir.
Vous vous dites tourné vers l’avenir. Concrètement, que souhaitez-vous accomplir en tant que Gouverneur ?
Je prône une approche collaborative et pragmatique. J’ai d’ailleurs identifié les grands axes qui seront les chantiers prioritaires de ma mandature. Il y a, bien entendu, l’essence même de notre mission, c’est-à-dire la politique monétaire, la stabilité des prix et le développement économique ordonné et équilibré. C’est le rôle premier de la Banque et il est de mon devoir d’en assurer la bonne conduite, qui plus est dans le contexte actuel.
En parallèle, nous devons repenser la régulation bancaire. Cela passe par un cadre réglementaire robuste et une implémentation stricte. La Banque de Maurice joue un rôle essentiel dans le rouage de notre système financier. Afin que Maurice renforce son statut de centre financier international, il est vital que le secteur bancaire mauricien soit reconnu de tous comme stable, transparent et fiable. À ce titre, la coopération, internationale et institutionnelle, est primordiale. Je mets l’accent sur un dialogue continu avec l’ensemble des parties prenantes.
Comme vous le savez, l’innovation est partout. Bien que certains la perçoivent comme une menace, je crois que nous en ferons une opportunité pour reconstruire notre économie. Notre futur sera bâti sur l’innovation. À cet égard, j’ai mis sur pied un comité dédié, le Committee on the future of banking auquel les représentants du secteur ont été conviés afin de dessiner les contours du système bancaire de demain. Paiement mobile, Blockchain, cyber-sécurité, Data management, FinTech, Suptech, Regtech, intelligence artificielle, robotique ou encore verdissement des instruments financiers sont quelques-uns des sujets dont nous nous saisissons.
Par ailleurs, j’ai déjà engagé le chantier de la diversification des produits bancaires afin que nous soyons toujours à la pointe des attentes du marché. Je pense en particulier à l’émergence des Digital banks et, de ce fait, aux produits se rapportant au Digital banking, au Corporate banking, au Private banking, au Treasury management ou encore aux transactions transfrontalières. La pandémie a mis en exergue l’importance de se pencher sur une transformation de l’industrie bancaire à travers l’innovation et la technologie pour un service optimal aux consommateurs. Nous sommes ainsi en train de considérer le lancement de «tech-enabled services» qui ont pour but de faciliter davantage les services bancaires et paiements pour l’utilisation finale.
Enfin, le dernier axe, mais sans lequel rien ne serait possible, est le capital humain. J’ai d’ailleurs présidé plusieurs séances de travail avec les parties prenantes à ce sujet. Afin de mettre en œuvre notre stratégie d’innovation et de diversification, il nous faut avoir les compétences adéquates.
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