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Les petits entrepreneurs au premier plan de l’agenda gouvernemental

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Les petits entrepreneurs au premier plan de l’agenda gouvernemental | business-magazine.mu

Les mesures annoncées pour les petites et moyennes entreprises relancent le secteur. Avec l’attention spéciale qui leur est accordée, les micro-entrepreneurs expriment la satisfaction. Toutefois, quelques manquements subsistent.

Un plan Marshall pour les PME. C’est ainsi que Xavier Duval décrit les  trois Budgets qu’il a présentés. Leur philosophie se résume comme suit : faire des PME un moteur de croissance pour le développement de l’économie. Une façon de propulser Maurice et de miser sur la force du capital humain, en valorisant la production locale.

Le grand nombre de mesures annoncées dans le discours du Budget apporte une lueur d’espoir aux PME. Osman Badat, Chief Executive Officer de Mc Millan Woods, ne cache pas sa satisfaction à la lecture des mesures budgétaires : «Ce sont de bonnes mesures qui aideront à propulser les petites et micro-entreprises. » Sentiment que partage Amar Deerpalsing, le président de la Small and Medium Enterprises Federation, qui trouvent certaines des mesures annoncées « novatrices». Cela concerne principalement les prêts sans garantie que le gouvernement accordera aux petites entreprises avec un chiffre d’affaires ne dépassant pas Rs 10 millions ; celles-ci n’ont généralement pas accès au financement car ne pouvant rien offrir en garantie.

Avec l’intention d’augmenter le SME Procurement de 20 % au cours des trois prochaines années, les PME auront la possibilité de bénéficier pleinement des facilités qui leur sont accordées. Toujours dans la perspective de faciliter la tâche aux PME, l’autre point positif du Budget 2014 a trait à la simplification des Standard bidding documents. « Cette simplification des contrats permettra aux entrepreneurs de saisir l’opportunité de pouvoir lancer davantage d’appels d’offres», soutient Amar Deerpalsing.

Les points forts

Parmi les autres points avantageux annoncés dans le Budget 2014, l’on note le maintien du Refund Scheme. « Nous saluons le renouvellement du Refund Scheme ; il encourage la participation des PME dans des salons internationaux. Je suis satisfait que certaines initiatives de ce genre aient été renouvelées», ajoute Amar Deerpalsing.

Rajiv Rawateea, le directeur de Minleh, une pme, abonde dans le même sens. Cela incitera davantage de PME à se lancer sur la scène internationale, dit-il, avec l’Afrique comme principale cible. Avis partagé par Osman Badat, le CEO de MC Millan Woods, qui avance que des mesures comme celles-ci font que « c’est un très bon Budget qui prend en considération le contexte global toujours difficile. »

Face à la concurrence agressive que connaissent les PME, le gouvernement a jugé bon mettre l’accent sur la formation afin d’améliorer la productivité. Ainsi, le gouvernement est à l’initiative d’une série de cours de formation destinés aux PME pour les aider à comprendre et participer au Government Procurement. Dans la même optique, les cours sur l’amélioration de la productivité qui seront dispensés à 500 PME par le National Productivity and Competitiveness Council en 2014, ainsi que l’organisation de séminaires sur la motivation et le National Productivity Award boostent davantage le secteur.

Si certaines de ces nouvelles mesures sont au bénéfice de toutes les PME, les opinions divergent toutefois. Dans le but d’accroître la visibilité et de multiplier les revenus des PME, le gouvernement fournira un site web gratuit à toutes les petites entreprises. Cette mesure chaudement applaudie et réfléchie à première vue ne fait toutefois pas l’unanimité. Rajiv Rawateea, dont l’entreprise est dans l’univers des boissons typiquement mauri-ciennes, trouve que « c’est un très bon concept qui a été lancé. Cela permettra aux entreprises d’être connues globalement et de se lancer vers l’international à travers une présence virtuelle répandue. »

SME Websites: opinions mitigées

Moins enthousiaste face à cette mesure, Amar Deerpalsing fait, quant à lui, ressortir que cette facilité allouée est moins importante que d’autres. « C’est une bonne idée, mais elle n’aura pas vraiment d’envergure pour les PME. Il n’y a pas vraiment de culture d’achat en ligne à Maurice, surtout en ce qui concerne les produits locaux. Au lieu du virtuel, l’idéal aurait été de mettre en place un centre d’exposition permanent pour promouvoir et valoriser le savoir-faire mauricien. Tous les autres pays ont un centre d’exposition – qui est un point focal réunissant plusieurs PME sous le même toit, avec leurs produits et services accessibles aux acheteurs, ainsi qu’aux tou-ristes. Une telle mesure aurait été beaucoup plus bénéfique pour les PME qu’une présence en ligne, selon moi », opine Amar Deerpalsing, qui reconnaît cependant que « cela servira néanmoins à accélérer les incubators dans le secteur de l’informatique. »

Manque de cohérence

«On aurait pu ajouter des mesures pour améliorer la trésorerie des PME ; par exemple exiger que les PME soient réglées dans un délai de 30 jours au maximum, et des lois sévères qui autorisent les PME à réclamer des intérêts pour des paiements en retard », suggère Osman Badat. Outre l’insatisfaction de quelques opérateurs, le Budget 2014 compte des lacunes selon certains. « Il manque quand même une certaine cohérence entre les différentes mesures et une ‘know-ledge strategy’ pour mener à bien toutes ces bonnes intentions », déplore Osman Badat, qui estime que de bonnes ressources humaines et des skills set’ sont des facteurs essentiels pour le succès du secteur.

Amar Deerpalsing remet en question certaines mesures, ajoutant qu’on «se rend compte d’une certaine forme de discrimination envers les PME vu le manque de mesures incitatives pour les entrepreneurs locaux, alors qu’on déroule le tapis rouge devant les étrangers. Le marketing pour les compagnies exportatrices a été augmenté de 33 % alors que rien n’a été annoncé pour les entreprises qui vendent leurs produits à Maurice, sachant que les PME en font partie. De plus, l’investissement dans des outils modernes pour les compagnies qui exportent n’est pas comparable à celui pour les PME, qui n’ont reçu aucun encouragement pour investir dans ce genre d’appareils modernes pour améliorer leur compétitivité. Je pensais que le ‘streamlining’ pour les PME aurait été fait ; c’est un point très important.» Il pense qu’un tel investissement est significatif, non seulement pour la croissance mais aussi pour le maintien de la production des PME.

Avec le chômage qui gagne du terrain à Maurice, les opérateurs du secteur des PME revendiquent de nouveau des manquements dans les mesures. Osman Badat attribue le chômage qui existe actuellement principalement à un skills gap, dont le développement pour une croissance prend au moins 10 ans.

Amar Deerpalsing déplore le fait que le Budget 2014 n’ait pas fait mention de l’investissement privé alors que «c’est un élément clé pour la croissance des PME. Cela va en contradiction avec ce Budget qui prône la croissance.» Et Osman Badat de conclure : « D’après nos calculs, il faut un taux de croissance moyen d’au moins 5% par an pour pouvoir aspirer à devenir une économie à revenus élevés dans six ans.»

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