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PME – Les nouvelles clés du succès

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PME - Les nouvelles clés du succès | business-magazine.mu

AVANT QUE Steven Paul Jobs ne devienne l’emblématique icône d’Apple, Steve Jobs, que Joséphine Esther Mentzer se métamorphose en la papesse des soins de la peau Estée Lauder. Ou encore qu’Ingvar Kamprad, fils de paysans suédois, crée la marque mondiale de mobilier en kit, IKEA, ils étaient tous des micro-entrepreneurs. Partis de rien, ces entrepreneurs nés avec la fibre des affaires ont fait preuve de ténacité pour gravir les échelons vers la réussite commerciale. À Maurice, les exemples de petites entreprises familiales qui se sont aujourd’hui muées en de puissants conglomérats abondent. On peut citer Eclosia, Leal Group, Currimjee Group of Companies et ABC Group. Rien n’interdit de penser que des start-up connaîtront un jour le même succès. Quand on se lance dans les affaires, il faut s’armer d’une bonne dose de courage. Francesca Violette, directrice de L’Art du Verre, en sait quelque chose. S’étant mise à son propre compte en 2013, elle se félicite de ses efforts pour qu’elle se professionnalise dans ce noble métier d’artisanat. Apprentie auprès d’un souffleur de verre français, l’ayant recruté en 2006 pour l’aider dans les travaux de création pour sa galerie à Pointe-aux-Biches, quand ce dernier meurt, elle se voit léguer ses équipements et outillage. Décidée à affiner ses connaissances en la matière, la souffleuse et fileuse de verre décide de parfaire son apprentissage. C’est ainsi qu’elle suivra une formation de trois semaines à l’atelier du célèbre verrier-flaconneur Jean Pierre Baquere, où elle apprendra à confectionner des perles soufflées. Forte de cet apprentissage, Francesca Violette décide à son retour de démarcher une clientèle de niche pour son offre de produits de verrerie fine. Bien lui en a pris. Jusqu’ici, elle a exposé au Mauricia, à Azuri Mauritius, au Canonnier, à l’Intercontinental et au Méridien. Pour donner de la valeur joutée à ses produits, elle les livre dans un coffret portant l’inscription Made in Mauritius.

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«C’est une façon de valoriser le savoir-faire de l’artisanat mauricien», fait-elle remarquer. Le circuit hôtelier a définitivement permis à L’Art du Verre, confie sa directrice, de trouver un marché plus élargi localement et d’exporter vers l’Afrique du Sud. Une bonne stratégie de marketing demeure primordiale pour une meilleure visibilité, estimet-elle. Et d’insister qu’«il faut faire preuve d’innovation. Cela est essentiel pour répondre aux attentes des clients, car ceux-ci sont toujours à la recherche de nouveaux produits». Engagée dans l’exportation de fruits, Oval Exports a su nouer des contacts en participant à des salons internationaux. Cela grâce aux initiatives de l’ex-Enterprise Mauritius. Après dix ans d’activités, la compagnie exporte essentiellement en France, en GrandeBretagne, en Italie et en Suisse. Le fruit à pain qu’elle cultive dans son verger à l’EspéranceTrébuchet compte pour 75 % de ses exportations. De même, elle achète de l’ananas, du jamblon, de l’avocat et du letchi, entre autres fruits, auprès des producteurs locaux avant de les exporter. Quelle est sa recette du succès ? À cela, le directeur d’Oval Exports, Vyrish Awootar, explique qu’«il est important de bien planifier son projet et de trouver les marchés appropriés pour exploiter le bon filon». MANQUE D’AMBITION ? L’avenir réside dans la capacité des entreprises à faire montre d’innovation et à s’engager dans des marchés porteurs comme l’agro-business et les énergies renouvelables, s’accordent à dire les observateurs économiques. Mais les entrepreneurs sontils suffisamment audacieux ? Fabrice Boullé, le directeur à La Turbine, n’en est pas convaincu. Son expérience à l’accélérateur-incubateur de start-up du groupe ENL lui fait dire que les Mauriciens pèchent par manque d’ambition.

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Ce sentiment est renforcé du fait qu’en tant qu’associé à Compass, fonds de capital-risque d’ENL, il a passé en revue quelque 200 entreprises. «Notre constat depuis quelques années tant au niveau de La Turbine que de Compass est que les Mauriciens ne sont pas ambitieux. Ce n’est pas faute de disposer d’un bassin de talents à Maurice. Il y a très peu qui se lancent dans l’entrepreneuriat avec l’idée de bousculer le statu quo et de détrôner les leaders des marchés. On surfe sur le miracle économique des 30 dernières années et les jeunes entreprises qu’on a passées en revue se reposent sur leurs lauriers. Nous sommes déçus car nous disposons de solutions de financement pour les aider à se lancer ou à accélérer la croissance de leur business. Nous avons soif de financer des gens qui ont de l’ambition. Nous sommes prêts à prendre le risque financier, mais leur demandons seulement de prendre le risque stratégique. Or, beaucoup veulent la stabilité et travailler dans des filières connues alors qu’il y a d’énormes opportunités à Maurice», observe Fabrice Boullé. Cette réticence des entrepreneurs s’expliquerait peut-être par une certaine incapacité de l’université à inculquer la fibre entrepreneuriale chez les diplômés. «À Maurice, l’offre de formation en milieu universitaire ne prépare pas suffisamment les diplômés à être autonomes, proactifs, et créatifs. Au moindre problème, ils s’arrêtent», observe notre interlocuteur. D’ailleurs, le plan directeur décennal (2016 - 2026) pour le secteur des PME fait remarquer qu’on compte un nombre important de Subsistence entrepreneurs. Au total, l’on recense plus de 77 300 de microentreprises, qui emploient 15 % de la main-d’œuvre ouvrière. Elles se concentrent sur des activités à faible potentiel de croissance et de valeur ajoutée. Et sont engagées notamment dans le commerce de gros et de détail, le transport, la construction et les activités manufacturières. De plus, souligne le rapport, des entrepreneurs engagés dans des activités de subsistance, principalement des femmes, tendent à être les principaux constituants du secteur informel. S’il reconnaît que les activités de subsistance ont leur raison d’être, n’empêche, Fabrice Boullé exhorte les entrepreneurs à oser, à adopter des stratégies plus flexibles et des modèles d’affaires axés sur le digital. Comme c’est la tendance à l’international, Fabrice Boullé précise que les conglomérats devraient davantage travailler avec des start-up notamment celles tournées vers le numérique. Pour une jeune entreprise, un coup de pouce d’un puissant groupe est toujours salutaire.