Type to search

En couverture

Private Equity Cap sur l’Afrique

Share
Private Equity Cap sur l’Afrique | business-magazine.mu

Se positionner davantage sur l’Afrique. Telle est la volonté affichée par les autorités mauriciennes qui espèrent que la deuxième conférence sur le capital-investissement (Private Equity) aidera à augmenter la visibilité de la destination sur la carte mondiale des places financières.

L’enjeu est de taille car avec la crise en Europe, les investisseurs sont à la recherche de nouvelles opportunités. C’est donc tout à fait normal qu’ils se tournent vers l’Afrique, la dernière frontière. Pour preuve, l’Afrique a enregistré 7 % des opérations de capital-investissement dans les marchés émergents en 2001.

\« A bien y voir, il n’y a pas beaucoup d’endroit où aller en ce moment », observe Kamal Hawabhay, président de l’Association of Trust and Management Companies (ATMC).

Une aubaine pour Maurice qui cherche à s’affirmer comme une véritable porte d’entrée vers le continent africain. Le centre financier local peut, en effet, faire d’une pierre deux coups en attirant une partie du Private Equity Business, accélérer la diversification hors de l’Inde et pénétrer de façon concrète un marché qui pèse plusieurs milliards de dollars.

Perception changeante

Les statistiques démontrent que la perception négative que les investisseurs ont toujours eue de l’Afrique est en train de changer. Rien que pour la région de l’Afrique subsaharienne, à laquelle appartient Maurice, les levées de fonds ont atteint $ 6 milliards entre 2006 et 2008 contre seulement $ 2 milliards entre 2000 et 2005.

La proximité géographique et l’appartenance de Maurice à plusieurs blocs régionaux font que l’Afrique demeure la première option dans le cadre de la stratégie de diversification.

D’ailleurs, il n’y a pas que nous qui nous y intéressons. Une étude de l’Emerging Markets Private Equity Association (EMPEA), une association indépendante regroupant au niveau mondial des investisseurs institutionnels et des gérants de fonds, démontre que 67 % des investisseurs ont jugé l’Afrique attractive l’année dernière.

« De nombreux Chinois ont même été vus en train de prospecter au Zimbabwe », indique un opérateur local. C’est dire que le potentiel du continent est reconnu malgré certaines zones d’instabilité. D’où la nécessité de prendre le train en marche pour ne pas passer à côté des opportunités, explique Kamal Hawabhay.

\De son côté, l’ancien ministre des Finances et actuel président de l’International Financial Services (IFS), Rama Sithanen, observe que la diversification de notre secteur financier a bien commencé. « La part de l’Afrique dans le secteur du global business est en hausse », souligne-t-il avec plusieurs pays qui utilisent Maurice comme plate-forme pour structurer des investissements destinés au continent.

Cependant, la récession est venue jouer les trouble-fête car elle rend plus difficile la levée de fonds. Selon Rama Sithanen, il est important, dans la conjoncture, d’améliorer la visibilité de la destination.

« C’est ce que nous sommes en train de faire avec cette deuxième conférence », soutient Ken Poonoosammy, directeur du Board of Investment. Une initiative que salue Bilall Sasa de Cim Global Business et Sunil Benimadhu, CEO de la Bourse de Maurice.

\Bilall Sassa juge cette démarche nécessaire d’autant plus que le pays est confronté à certaines difficultés avec le traité de non double imposition fiscal avec l’Inde.

Il estime que la nomination d’ambassadeur itinérant devrait également contribuer à mieux promouvoir la destination. Ce ne sont pas les atouts qui manquent. Le réseau de traités fiscaux et les Investment Promotion and Protection Agreements sont des pièces maîtresses dans toute stratégie visant à convaincre et à rassurer les investisseurs hésitants. D’autant plus que très souvent, le risque politique, les valorisations d’entrées élevées, les conditions de sortie difficiles, un cadre juridique et réglementaire inadapté et un environnement opérationnel difficile constituent un frein au développement du capital-investissement en Afrique.

Venture capital et patient capital

Ce qui pousse Kamal Hawabhay à dire que l’Afrique n’a pas seulement besoin de venture capital (capital-risque) mais aussi de patient capital.

\Si certains analystes estiment que les autorités locales auraient mieux fait d’aller vers le marché au lieu d’organiser cette conférence sur notre sol, Osman Badat, CEO de McMillan Woods, est, lui, d’avis que cet événement est tombé à point nommé.

« Face aux incertitudes mondiales et à la menace qui pèse sur le secteur offshore avec les ‘General Anti- Avoidance Rules (GARR)’, nous devons être en mesure de regarder le potentiel des petites et moyennes entreprises comme moteur de croissance dans la perspective du ‘Private Equity’ », fait-il ressortir.

Les opportunités d’investissements en Afrique, fait-il remarquer, ne se limitent pas uniquement aux importants projets d’infrastructures. Les activités auxiliaires qui se développent autour de ces projets méritent également une certaine attention, déclare Osman Badat.

Même s’il considère qu’il sera difficile de changer, du jour au lendemain, cette mentalité qui consiste à ne pas ouvrir son capital aux étrangers, le CEO de McMillan Woods estime que si Maurice arrive à convaincre les fonds de capital-investissement à investir une fraction de leurs portefeuilles sur le marché local, cela aidera à résoudre pas mal de problèmes.

Non seulement le problème d’accès aux financements, mais cela permettra aussi aux entreprises de taille moyenne de bénéficier d’une certaine expertise et de l’accès à certains marchés.

La Bourse fait les yeux doux aux fonds d’investissement

\La Bourse de Maurice n’est pas en reste. Son Chief Executive, Sunil Benimadhu, ne rate pas une occasion pour rappeler les mesures prises pour rendre la place financière locale plus attrayante aux yeux des fonds d’investissement. Dans le but d’internationaliser la plate-forme boursière locale, la Stock Exchange of Mauritius a mis en place des règles de cotation très flexibles et compétitives pour les sociétés aussi bien que pour les fonds d’investissement.
Mieux comprendre le capital-investissement

Le capital-investissement est une activité financière qui permet à un investisseur de participer au capital d’une société qui a des capitaux propres. Il concerne généralement l’investissement dans des sociétés non cotées en Bourse. Les fonds d’investissement sont les sociétés qui constituent des portefeuilles dans le cadre d’opérations de capital-investissement. Il se décline sous quatre formes :

-Capital-risque (venture capital). Les investisseurs en capital apportent leurs expériences pour le démarrage d’une entreprise.

-Capital-développement. Cet instrument permet de financer le développement d’une entreprise qui a besoin de capitaux additionnels.

-Capital-transmission (leveraged-buy out). Ce sont des opérations d’acquisitions par emprunt. Il consiste à acquérir la totalité du capital d’une société rentable.

-Capital-retournement. Les investisseurs en capital-retournement font l’acquisition de la majorité du capital d’une société en difficulté et y injectent des ressources financières pour la mise en oeuvre d’un plan de redressement.
FDI : croissance moyenne de 20 % depuis 2007

\Depuis 2007, la croissance au niveau des projets d’investissements directs étrangers (IDE) a été élevée dans la zone Afrique en dépit de l’impact négatif de la crise économique mondiale. Le taux de croissance annuel moyen (CAGR – Compound Annual Growth Rate) des FDI a été en moyenne de 20 %. La tendance s’est maintenue en 2011avec le nombre de projets se rapprochant du pic enregistré en 2008. Des indicateurs qui sont révélateurs de la résilience et de l’attrait de l’Afrique comme une destination d’investissement.
Jim Rogers expose les faiblesses de Maurice

\Maurice a les moyens de devenir le Singapour de l’Afrique, estime Jim Rogers, le guru de l’investissement. Toutefois, pour y arriver, le pays doit apporter les changements nécessaires, dit-il. Selon lui, l’Afrique va attirer de plus en plus de capitalinvestissement. Toutefois, il explique que ce ne sera pas facile pour Maurice face à la concurrence mondiale. Des atouts, le pays en dispose certainement.

Jim Rogers en a d’ailleurs énuméré plusieurs. Un atout majeur demeure le fait que le pays a maintenu la juridiction du Conseil privé de la Reine comme dernier recours bien qu’elle ait acquis le statut d’une République en 1992. « C’est un avantage qu’il faut bien mettre en avant si vous ne le faites pas déjà », a-t-il recommandé. Lui qui croit fermement que le 21e siècle sera celui de la Chine, considère le fait que les Chinois n’ont pas besoin de visa pour entrer à Maurice, comme un avantage. Le bilinguisme de la population et le fait d’avoir une monnaie pleinement convertible sont aussi des avantages, a-til expliqué.

« Mais pour devenir le Singapour de l’Afrique, cela ne tombera pas du ciel. Il faut prendre les mesures qui s’imposent », a déclaré le guru de l’investissement.

Il est d’avis que le gros déficit de la balance du compte courant et les risques qu’il pose par rapport à l’endettement et à la monnaie locale peuvent constituer un frein à l’investissement. Le déficit budgétaire, bien que n’étant pas très élevé, n’est pas vu d’un très bon oeil par les investisseurs.

Jim Rogers se demande également comment un pays qui se veut être un pont entre l’Asie et l’Afrique n’a qu’une seule personne au sein de son agence de promotion de l’investissement qui parle le mandarin. Personne au sein du BoI ne parle le Japonais et encore moins le Coréen, a-t-il déploré. Il a également prévenu contre le taux de natalité à Maurice qui, selon lui, pourrait représenter un sérieux problème à l’avenir.

L’invité du BoI dit également avoir noté que Maurice n’est pas très ouvert aux étrangers. « Vous ne voulez pas des étrangers ici, semble-t-il. Ce qui n’est pas une très bonne chose surtout si vous voulez réussir ».
La réplique de Xavier Duval

\Procédant à l’ouverture officielle de la deuxième conférence sur le Private Equity, Xavier Duval ne s’est pas fait prier pour répondre à Jim Rogers. Il dira d’emblée que le déficit budgétaire sera de l’ordre de 3,2 % cette année. Ce qui n’est pas très élevé, remarque-t-il. En même temps, Xavier Duval affirme qu’en période de crise, il ne faut pas cesser d’investir.

« Nous devons investir intelligemment », a-t-il fait comprendre. Le ministre des Finances ne partage pas non plus l’avis de Jim Rogers sur le sens d’accueil des Mauriciens. D’ailleurs, il a invité les participants à profiter de leur séjour dans l’île pour mieux connaître la culture locale. Et d’ajouter que le positionnement de Maurice sur l’Afrique est la priorité du gouvernement.
Tags:

You Might also Like