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Assurance médicale : nouvelle dynamique avec le budget

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Assurance médicale : nouvelle dynamique  avec le budget | business-magazine.mu

La décision de l’État d’augmenter le seuil de défiscalisation sur l’assurance médicale devrait donner un coup d’accélérateur à ce secteur dont le potentiel est considérable. Pour gagner des parts de marché, les opérateurs modernisent constamment leurs offres.

La situation est paradoxale :si le marché domestique de l’assurance médicale a connu une véritable explosion en l’espace de dix ans, en revanche, nous sommes très en retard sur les pays développés. Pour cause, à Maurice, souscrire à un plan de santé n’est pas obligatoire, comme c’est le cas par exemple en France. De plus, il existe toujours une perception qu’il s’agit d’un produit de luxe.

Considérons les chiffres : pour l’exercice fiscal 2008-09, les primes générées par l’assurance médicale s’élevaient à Rs 565,5 millions. Les derniers chiffres comptabilisés en 2014 font état de primes de Rs 1,5 milliard. Si l’on prend en considération la croissance dans le nombre de polices souscrites, qui se situe entre 5 et 10 %, ainsi que les primes des caisses de prévoyance – celles-ci dépassent les Rs 500 millions –, l’on peut avancer que le secteur pèse facilement plus de Rs 2 milliards, comme l’estime d’ailleurs Sujit Woozageer, le Managing Director de Medscheme.

En dépit de la forte progression de l’assurance médicale, ce secteur reste largement sous-exploité. D’après les dernières estimations du ministère de la Santé, les dépenses dans le privé avoisinent Rs 12 milliards. Les assureurs santé ont indemnisé pour un montant global de Rs 1,8 milliard. Autrement dit, seules 15 % des dépenses de santé sont actuellement couvertes. Des chiffres révélateurs qui, selon Isabelle Padayachy, Manager chez SWAN, démontrent «que la majorité des Mauriciens n’ont pas encore pris conscience de l’importance de souscrire à une assurance santé».

Pour SujitWoozageer, il est clair que le potentiel du secteur est très fort quand on sait que trois Mauriciens sur quatre ne possèdent pas un plan de santé. Pourquoi ? C’est tout simplement parce que la culture de souscrire à un plan médical n’est pas encore bien ancrée dans les mentalités. C’est la raison pour laquelle les sociétés d’assurance sont jusqu’ici largement ciblé les entreprises.

Le segment ‘corporate’ saturé

«Sur une population de 1,3 million d’âmes, environ 1 million ne sont pas assurées. C’est dire le potentiel de ce secteur. Or, les opérateurs ciblent les entreprises et moins les individus. C’est toujours plus compliqué de gérer les dossiers des particuliers car cela se fait au cas par cas. Mais aujourd’hui, on constate que le segment ‘corporate’ est saturé. C’est la raison pour laquelle Medscheme a décidé d’orienter sa stratégie vers l’offre de produits et services à valeur ajoutée pour les individus», indique Sujit Woozageer.

La décision de l’État d’augmenter le seuil de défiscalisation (de Rs 12 000 à Rs 15 000 par contribuable, de Rs 12 000 à Rs 15 000 pour le premier dépendant et de Rs 6 000 à Rs 10 000 pour deux autres dépendants) devrait inciter les Mauriciens à opter pour une couverture médicale. Déjà, le retour de la défiscalisation en 2013 avait participé à l’expansion du secteur. «Définitivement, cette mesure aura un impact sur l’activité. Déjà, les agents d’assurances utilisent la défiscalisation comme un argument», souligne Sujit Woozageer.

Quant à Parmanand Balgobin, Manager - General Insurance de la SICOM, il est d’avis que «la demande provenant du segment corporatif ou à titre individuel va probablement augmenter au vu de la récente augmentation de l’incitation fiscale sur l’assurance médicale».

Du côté de la Mauritius Employers Federation Welfare Association (MEFPA), l’on est du même avis. Cette caisse de prévoyance, qui compte plus de 21 000 membres, est actuellement en pleine restructuration avec l’objectif d’innover les services qu’elle propose à sa clientèle. Du reste, elle viendra de l’avant d’ici à fin septembre avec un plan stratégique sur trois ans. Pour son Chairperson, Ashley Gokhool, «le rehaussement du seuil d’exemption encouragera, d’une part, les salariés à opter pour un plan de santé et, de l’autre, permettra aux souscripteurs existants d’augmenter leur cotisation».

Secteur dynamique mais concurrentiel

À la NIC, l’on s’attend à ce que cette mesure influence favorablement la demande. En conséquence, les opérateurs devront s’adapter. «La concurrence s’intensifiera davantage et, par conséquent, on pourrait se retrouver avec des produits aux bénéfices beaucoup plus attrayants à des prix plus compétitifs», fait ressortir la direction.

À la Mauritius Union, l’on est moins optimiste quant à l’impact de cette mesure. Pour le CEO du groupe, Bertrand Casteres, le seuil n’est pas assez important pour provoquer une démarche importante et une augmentation du nombre des souscriptions d’assurance santé. Ainsi, pour qu’il y ait un véritable déclic, il aurait souhaité une défiscalisation plus conséquente, soit «jusqu’au seuil psychologique de Rs 20 000».

Au vu de son potentiel, l’assurance médicale demeure un secteur dynamique. La concurrence devrait s’intensifier dans les années à venir. Contraints d’innover et d’aligner leurs offres sur les besoins du marché, les opérateurs doivent toutefois se contenter de marges de profitabilité réduites. Ce qui reste une source de préoccupation.