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Bernard Chan Sing (General Manager de Mauritius Network Services): «L’idéal est que 99 % des services gouvernementaux soient digitalisés»

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Bernard Chan Sing (General Manager de Mauritius Network Services): «L’idéal est que 99 % des services gouvernementaux soient digitalisés» | business-magazine.mu

La digitalisation sera comme chaque année un thème majeur du salon Infotech. Cependant, nombre de services gouvernementaux sont lents à intégrer ce processus. Bernard Chan Sing, General Manager de Mauritius Network Services, explique les raisons derrière cette lenteur.

 

BUSINESSMAG. Parlez-nous de la société Mauritius Network Services.

Mauritius Network Services a vu le jour en 1994. Il s’agit d’un partenariat entre le gouvernement et le secteur privé. Le gouvernement est représenté par des corps paraétatiques – Mauritius Telecom, Mauritius Ports Authority, Cargo Handling Corporation, State Investment Corporation, Port Louis Fund – tandis que le secteur privé est représenté par la MCCI (Mauritius Chamber of Commerce and Industry). Notre mission est de rationaliser les services gouvernementaux en concevant des systèmes d’administration en ligne. Cela offre un gain de temps aux entreprises et citoyens qui s’en servent.

Par exemple, nous avons travaillé avec le service des douanes mais aussi la Mauritius Revenue Authority (MRA) pour la collecte des impôts en ligne, le Corporate and Business Registration Department pour l’incorporation et l’enregistrement des compagnies et des business. Mais aussi avec le judiciaire ; nous avons un système en ligne qui permet de compiler les cas présentés en cour.

 

BUSINESSMAG. Quels sont les projets sur lesquels MNS se penche actuellement ?

Ce sont tous des projets dits B to G, soit Business to Government, mais nous faisons également du Business to Business. Par exemple, nous avons récemment travaillé avec la Financial Services Commission pour permettre l’enregistrement en ligne des Global Business Companies. Le projet sera présenté vraisemblablement en décembre. Nous avons lancé ce mois-ci un projet avec le CBRD, connu sous le nom HBRL. Il concerne l’envoi d’informations financières dans un format structuré, ce qui permet aux compagnies d’envoyer leurs Financial Statements en HBRL.

 

BUSINESSMAG. En d’autres mots, la MNS s’occupe de tous les projets numériques de l’État ?

C’est cela ! L’objectif est d’éliminer l’utilisation du papier. Et donc d’avoir des services en ligne. En d’autres mots, au lieu de remplir des formulaires, tout se fait en ligne ; le traitement des formulaires se fait également en ligne. Ainsi, les réponses se feront de manière électronique. L’objectif est également d’éviter que les personnes se déplacent et de faire la queue.

 

BUSINESSMAG. Justement, vous conviendrez que dans cette phase digitale, le secteur privé est bien en avance sur les corps paraétatiques ?

Le secteur public est vaste, comparé aux compagnies privées. La Mauritius Network Services existe depuis 1994. Et comme nous sommes une initiative émanant du gouvernement, je pense que celui-ci a très tôt compris l’importance d’aller vers la digitalisation de ses services. Il ne faut pas oublier que le portail du gouvernement est un service en ligne. Pour les services du gouvernement, cela demande beaucoup plus de temps. Car ici, nous parlons de services lourds et vastes ; il y a plus de bureaucratie. De plus, le changement de gouvernement tous les cinq ans retarde quelque peu la digitalisation des services gouvernementaux. Mais il est vrai que l’idéal est que 99 % des services gouvernementaux qu’utilise régulièrement le citoyen mauricien devraient se faire en ligne.

En d’autres mots, le Mauricien n’aurait plus besoin de se déplacer. Et cela implique aussi que le gouvernement aura moins besoin de bureaux, de guichets. Ce qui se fait déjà dans beaucoup de pays où chaque citoyen a un digital signature.

 

BUSINESSMAG. La digitalisation des services gouvernementaux serait surtout un moyen d’éliminer la lourdeur administrative dans les corps paraétatiques…

Les corps paraétatiques sont généralement pour le changement. Ils veulent devenir paperless. Mais je pense qu’ils sont lents au changement car il faut un change management, que ce soit pour les entreprises privées ou publiques ; c’est un aspect à prendre en considération. Parmi les fonctionnaires, on compte aussi beaucoup de jeunes qui sont pour la nouvelle technologie. Et donc, ce changement pour la digitalisation se fera.

 

BUSINESSMAG. Il est grand temps pour la CWA ou encore le CEB d’avoir des services en ligne…

Ce serait effectivement idéal. Je sais que la CWA a déjà un système informatique mais il est vrai que l’aspect digital manque toujours. Il est vrai qu’il existe divers moyens digitaux pour effectuer des paiements à la CWA. Ici, je parle de l’application mobile. Il est vrai qu’avec la technologie, il y a plus de façons d’améliorer le service.

 

BUSINESSMAG. Justement,la création d’applications pourrait-elle vous intéresser à l’avenir ?

Nous concevons des applications où il y a du volume. Et donc, certaines d’entre elles ne peuvent pas être adaptées aux plateformes mobiles, dont le smartphone. Cependant, nous explorons actuellement une nouvelle piste : nous envisageons d’utiliser les applications mobiles comme un support. Par exemple, vous envoyez votre TVA à la MRA en ligne, qui généralement vous envoie un ‘response’ pour vous indiquer qu’ils ont bien reçu le paiement en ligne. Généralement, pour avoir cet accusé de réception, il vous faut log in à nouveau sur le système. Ainsi, au lieu d’aller sur son ordinateur, une application mobile pourrait notifier l’utilisateur de la bonne réception et du traitement des informations communiquées à la MRA, cela sur le smartphone. Nous explorons ce type de support. Pour tous les systèmes que nous avons mis en place, nous essayons de voir si nous pouvons y intégrer des applications mobiles.

 

BUSINESSMAG. Vos services sont-ils également sollicités dans la région de l’océan Indien ?

Nous travaillons déjà avec le Ghana, pour lequel nous avons mis sur pied, avec un partenaire, un système douanier. Nous faisons également du marketing en Afrique car il y a beaucoup de délégations africaines qui viennent à Maurice, lesquelles sont intéressées par nos activités. Nous avons donc une équipe de Business development. La partie est de l’Afrique nous intéresse énormément. Citons le Kenya, la Tanzanie, entre autres. Nous essayons de voir si nous pouvons implanter certaines de nos solutions dans ces pays anglophones. Nous avons déjà établi des contacts. Car il faut avouer qu’à Maurice, nous sommes quand même limités.

 

BUSINESSMAG. Comment la MNS s’adapte-t-elle à la Vision 2030 du gouvernement ?

D’abord, généralement, ce que nous faisons permet au pays d’être mieux classé au niveau de la compétitivité et dans le classement du Ease of Doing Business puisque les secteurs dans lesquels nous opérons sont stratégiques. Si demain nous sommes appelés à contribuer de façon plus spécifique à la vision, nous serons partants. Nous avons été créés exactement pour cela, soit pour aider le gouvernement à aller dans cette direction, la digitalisation.

 

BUSINESSMAG. Néanmoins, vous conviendrez que Maurice est en retard comparé aux pays africains dans ce domaine de la technologie et de la digitalisation…

Je pense qu’il ne faut pas généraliser. Pour ma part, je dirai que comparé à Singapour, nous sommes en retard dans ce domaine. Une des choses que j’aimerai voir à Maurice dans les années à venir : 99 % des services du gouvernement vraiment en ligne et où bouger vers les bureaux sera de l’histoire ancienne. Et puis, pour l’industrie de l’informatique, nous faisons un peu de déve-loppement, comme dans le segment du BPO.

Mais pour accéder à l’étape suivante, nous devrions demain pouvoir attirer l’international en faisant de la recherche et développement. Mais il faudrait au préalable régler ce problème de manque d’informaticiens auquel fait face ce secteur. Par exemple, l’Inde a commencé par être un centre de développement. Aujourd’hui, ce pays est passé à un autre palier avec la présence de multinationales comme IBM qui opèrent de Research and development centers. C’est dans cette direction que Maurice doit s’orienter.

 

 

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