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Clarel Michaud: « Un ministère dédié au secteur de la logistique est souhaitable »

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Clarel Michaud: « Un ministère dédié au secteur de la logistique est souhaitable » | business-magazine.mu

À la tête de MC Easy Freight et membre du conseil de la Mauritius Export Association, Clarel Michaud aborde les différents aspects touchant à l’exportation et l’importation, ainsi que les attentes des compagnies membres de la MEXA.

BUSINESSMAG. Vers quelle période les exportateurs mauriciens font-ils acheminer leurs conteneurs de produits (textiles et autres) pour les fêtes de fin d’année en Europe ?

Les produits exportés de  Maurice ne sont pas nécessairement saisonniers. Certes, dans le secteur textile, les collections hiver sont acheminées de Maurice vers l’Angleterre, la France, etc. à partir de ce mois d’octobre, à bord des navires.

Avec la montée en gamme des tee-shirts ainsi que des pullovers et la production en petites séries, les usines manufacturières mauriciennes privilégient le mode d’acheminement par voie aérienne afin de pouvoir coller aux dernières tendances du marché et répondre pleinement aux attentes des acheteurs potentiels.

Pendant la période de fin d’année, on s’attend aussi à une croissance des exportations de nos fruits de mer ainsi que celle des fruits exotiques, comme les ananas, letchis et mangues.

L’Europe et, à un degré moindre, les Etats-Unis restent nos marchés traditionnels. Au cours des trois derniers mois de l’année dernière, 58 % de nos exportations se destinaient à l’Europe, dont 19,3 % vers l’Angleterre.

BUSINESSMAG. Anticipez-vous une hausse, une baisse ou une stagnation du volume de conteneurs exportés pour les fêtes de fin d’année ?

J’exprimerai mon opinion personnelle. En raison de la conjoncture économique difficile sur nos marchés traditionnels, avec la dynamique de l’incertitude et de la reprise financière qui tarde, affectant surtout les pays européens, la demande pourrait être inférieure à l’année dernière.

Les consommateurs en Angleterre et en France se montrent prudents dans leurs achats. Il reste à savoir maintenant à quel point les achats impulsifs ou pour se faire plaisir prendront le dessus sur les réflexes conservateurs des Européens en décembre.

L’idéal pour l’île Maurice aurait été de diversifier ses marchés à l’export mais la difficulté à trouver de nouveaux débouchés réside dans les faiblesses, voire l’absence de connexions directes soit aériennes ou maritimes entre l’île Maurice et plusieurs pays qui émergent. Il y a de nombreux obstacles.

À titre d’exemple, les économistes qualifient le continent africain de marché de demain mais il n’y a pas de liaison maritime directe entre Maurice et les pays situés sur la côte ouest de l’Afrique. Il faudrait trouver rapidement des solutions afin d’éviter les transbordements de conteneurs dans un pays tiers, ce qui comporte le risque de prolonger la durée du transit au cas où on rate l’avion ou le bateau de connexion.

BUSINESSMAG. Avez-vous constaté des changements ou de nouvelles tendances au niveau des pays d’approvisionnement pour les marchandises attendues pour les fêtes de fin d’année ?

Un nombre croissant d’importateurs se tournent maintenant vers des marchés autres que la Chine pour s’approvisionner. Le prix d’achat reste un des éléments déterminants dans le choix des commerçants mauriciens.

La Malaisie et le Vietnam émergent mais sans détrôner la Chine qui offre un large choix de lignes de produits ; les usines chinoises bénéficient des économies d’échelle en raison de leur fort volume de production.

L’un des facteurs ayant contribué à l’émergence de ces pays alternatifs est la TVA, que la Chine a introduite au début du mois d’août 2013. La TVA couvre plusieurs de ses activités économiques, dont le transport et les autres services liés à la logistique.

Cette taxe de 6 % doit être réglée par les importateurs mauriciens, ce qui représente des frais additionnels pour eux. Les compagnies maritimes recueillent le montant applicable de cette TVA des importateurs afin de le remettre au gouvernement de la Chine.

Certains importateurs mauriciens n’ont pas à payer cette TVA s’ils font affaire avec des entreprises dont le chiffre d’affaires mensuel ne dépasse pas les 20 000 RMB. Cette initiative du gouvernement chinois vise à donner une impulsion aux petites entreprises de ce pays.

BUSINESSMAG. Les compagnies maritimes vont-elles appliquer des surcharges dans les mois à venir et sur quelles routes ?

Certaines compagnies maritimes desservant Maurice avaient annoncé, pour la période de pointe de cette fin d’année, une augmentation de leurs tarifs de fret. Cependant, pour l’instant, elles maintiennent leurs prix probablement pour deux raisons. D’abord, il y a actuellement une surcapacité au niveau de l’espace sur les navires porte-conteneurs desservant les routes entre l’Asie et l’Afrique via l’île Maurice ainsi que de l’île Maurice vers l’Europe, résultant de la morosité économique. Ensuite, parce que le prix du carburant sur le marché mondial est resté stable ces derniers mois.

La question qui mérite d’être posée, c’est de savoir pour encore combien de temps les tarifs de fret ne seront pas révisés à la hausse, que ce soit au départ ou à destination de l’île Maurice.

BUSINESSMAG. Quels sont les changements que la MEXA aurait souhaité voir apporter aux règlements régissant la logistique à l’île Maurice ?

Actuellement, le secteur de la logistique à Maurice tombe sous l’égide du ministère des Infrastructures publiques, de la National Development Unit, du transport terrestre et maritime. Sans diminuer le mérite de ce ministère et en raison de l’étendue de ses responsabilités, la MEXA aurait souhaité avoir un ministère dédié au secteur de la logistique et qui aurait ainsi à cœur son avenir.

Selon l’Association professionnelle des Transitaires de l’île Maurice, qui regroupe les entreprises de toutes les tailles du secteur de la logistique, des PME jusqu’aux conglomérats, la logistique génère plus de 4 000 emplois directs. Si vous prenez en considération les services auxiliaires comme le transport par camion ou les entrepôts, le nombre d’emplois indirects pourrait s’élever à 12 000, ce qui fait de la logistique un employeur de poids.

La MEXA est d’avis qu’un ministère de la Logistique pourrait aider à donner une orientation stratégique à long terme, d’autant plus que l’île Maurice se positionne comme le hub de l’océan Indien. Un tel ministère favorisera les échanges d’expertise ou d’idées et permettra de renforcer les synergies entre la vision du gouvernement et la mission à accomplir pour les opérateurs de la logistique du secteur privé, avec l’objectif commun de traduire en réalité ce concept de hub logistique régional.

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