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Cliniques privées: les opérateurs jouent à fond la carte high-tech

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Cliniques privées: les opérateurs jouent à fond la carte high-tech | business-magazine.mu

Avec la sophistication des prestations de santé, les cliniques doivent ponctuellement investir dans de nouveaux appareils de haute technologie afin d’avoir un avantage concurrentiel et d’aligner leurs services sur les offres du marché. Des investissements onéreux qui ne seront récupérés que dans quelques années.

La compétitivité des cliniques privées passe par les investissements massifs dans les équipements de santé. Comme le souligne le Dr François Tadebois, le directeur médical de la clinique Bon Pasteur, « les coûts d’investissement pour moderniser les équipements et être à la page sont importants ». En outre, les coûts opérationnels des cliniques augmentent. Ces douze derniers mois, la clinique Bon Pasteur a investi plus de Rs 35 millions dans des équipements de pointe et dans l’aménagement d’espaces pour que les futures mamans puissent accoucher en chambre, un milieu à la fois rassurant et intime.

Une technologie qui évolue rapidement

Comment les cliniques font-elles pour récupérer leurs investissements ? Le directeur médical de la clinique Bon Pasteur nous explique sa philosophie : « La clinique est, avant tout, un établissement de santé où nous privilégions une médecine de famille. Les investissements ont pour objectif d’apporter une va-leur ajoutée à cette pratique, afin d’offrir un service de qualité à nos patients comme aux médecins », soutient-il avant d’ajouter qu’il travaille étroitement avec les compagnies d’assurances afin de garantir l’efficience et l’accessibilité des services.

Pour le Dr Simmardeep Singh Gill, Chief Operating Officer de Fortis Clinique Darné, l’achat d’équipements de haute technologie doit être un processus. « La technologie dans le domaine médical évolue tellement rapidement que parfois un appareil qui vaut une fortune est complètement obsolète après seulement six mois. Un exemple est le CT Scan. Au début, il y avait le modèle ‘single slice’, puis de 64 ‘slice’, ensuite de 128 slice », indique le Dr Simmardeep Singh Gill.

La Fortis Clinique Darné se fait un devoir d’offrir à ses patients les tout derniers équipements médicaux en dépensant, ces dernières années, Rs 25 millions à Rs 30 millions en moyenne par an. Elle adopte une approche prudente stratégique en portant le choix sur ce qui sera bénéfique pour les patients. « Nous allons ensuite devoir leur passer ces coûts et nous ne voulons pas ‘outprice ourselves in the market’. L’île Maurice est un marché restreint », soutient le Dr Simmardeep Singh Gill.

Huit ans pour amortir l’achat d’un équipement

Si en général huit ans sont nécessaires pour amortir l’achat d’un équipement médical lourd, dans certains cas, la Fortis Clinique Darné n’est pas parvenue à récupérer son investissement car l’appareil était devenu obsolète avant la fin de cette période et a dû être remplacé. « Nous offrons une palette de services et d’équipements ; cela permet des ‘cross-subsidisations’. Nos salles et les chirurgies cardiaques nous apportent le plus de revenus et de patients. Jusqu’à 35 % de nos patients ont des problèmes liés au cœur, et ils passent en moyenne 4 jours en clinique. Ensuite viennent les soins intensifs. Nous avons des ‘intensive care units’ qui sont bien équipées et dotées de personnel qualifié », soutient le Dr Simmardeep Singh Gill.

Valérie Rawat, Chief Executive Officer  de l’hôpital Apollo Bramwell, explique que son établissement a « comme toutes les entreprises, un ‘business plan’ selon lequel il opère. Ce plan spécifie le retour sur investissement. »

Le Dr Mukhesh Sooknundun, directeur de la Clinique du Nord, indique qu’il a amorti ses investissements à travers les services de son personnel dévoué, les examens, les soins et traitements en suivant les tarifs recommandés par la compagnie d’assurances Swan. « Le patient est libre de payer le médecin de son choix en dehors du barème », précise-t-il.

La Clinique du Nord vient d’être honorée par une distinction internationale, le Laurier d’or 2013-2014, pour la qualité de ses prestations et des services médicaux proposés. Le titre a été décerné par Eric Duluc, le président du Comité International pour le Prestige et la Promotion des Entreprises de la Fédération du Tou-risme Internationale de la France.

Au niveau de la City Clinic de Port Louis, le Dr Patrick Chui Wan Cheong Jr., confie que « de plus en plus, les cliniques privées ont du mal à investir dans le high-tech et les technologies de pointe. L’entretien et la maintenance de ces appareils coûtent très cher. Les frais de fonctionnement, les consommables et les salaires des employés ont pris l’ascenseur. »

Son père, le Dr Patrick Chui Wan Cheong Senior, souligne que la clinique avec « sa position stratégique à proximité du port, son unité des soins intensifs, avec ses ambulances dotées de facilités cardiaques avancées, ainsi que ses ‘resident medical specialists’ font que notre clinique est bien située pour servir à la fois la population locale et les marins malades dont les navires font escale au port. »

Les dernières technologies

La clinique Bon Pasteur a fait l’acquisition d’un scanner, un Siemens Somatom Emotion 6 Multi-Slice, qui permet d’obtenir une imagerie de haute qualité et un diagnostic fiable et rapide, entre autres, pour les examens du cerveau, du cou, de l’abdomen, du thorax et des cervicaux. Autres investissements : des équipements de pointe pour le traitement rapide de la cataracte et un retour du patient à la vie active dans un court délai.
Pour le traitement des varices, le système Closure a été introduit. Cette technique utilisée sous anesthésie locale ou régionale ne laisse pas ou peu de cicatrices. « L’intervention est non douloureuse et la reprise des activités normales se fait dès le lendemain », souligne le Dr François Tadebois.
A Floréal, la Fortis Clinique Darné aménage actuellement un nouveau laboratoire de ‘cathetérisation’ qui permet aux chirurgiens de placer des ‘stents’ chez les malades souffrant de problèmes cardiaques. Importé d’Allemagne, ce laboratoire a nécessité des investissements d’environ Rs 24 millions, indique le Dr Simmardeep Singh Gill : « Nous aurions pu prendre un ‘cat’lab’ de Rs 40 millions mais il faut que ce soit utile pour l’île Maurice. Nous avons aussi introduit une chambre insonorisée pour que les médecins spécialistes puissent effectuer des examens au niveau de l’appareil auditif des patients qui ont des problèmes de surdité ; une première à l’île Maurice. »
L’hôpital Apollo Bramwell vient d’acquérir un outil d’imagerie de haute précision qui permet le dépistage précoce de l’ostéoporose, une condition qui fragilise les os au point de causer des fractures. Ce nouvel outil, le densitomètre Lunar Prodigy Advance, permet d’effectuer des tests pour mesurer la masse osseuse d’un patient, mais peut aussi mesurer avec exactitude sa masse graisseuse et musculaire. Ce nouvel outil offre un moyen facile et sûr d’identifier et d’évaluer très tôt le risque d’ostéoporose et ainsi de déterminer la marche à suivre.
L’établissement a aussi introduit un nouveau traitement pour les patients souffrant de kératocône, une maladie qui provoque une détérioration aiguë de la vue. L’hôpital est le seul prestataire du pays à proposer ce traitement, le ‘crosslinking du collagène cornéen’. La maladie peut être détectée dès le début et le traitement approprié préconisé.

Introduction de la Chirurgie  réparatrice

« Le crosslinking du collagène consiste en une exposition de la cornée aux ultraviolets sous anesthésie locale. De nombreu-ses études effectuées à travers le monde démontrent que ce traitement non invasif arrête la progression de la maladie dans 100 % des cas, évitant une greffe de la cornée à l’avenir », soutient Valérie Rawat, Chief Executive Officer de l’hôpital Apollo Bramwell.
La Clinique du Nord a récemment investi dans un laboratoire du sommeil qui évalue les troubles du sommeil, le manque de sommeil, ainsi que les mouvements anormaux pendant le sommeil. L’établissement, a aussi fait l’acquisition de technologies de pointe pour offrir des services de chirurgie microscopique et réparatrice. « Un accident, le doigt, le nez, l’oreille, le bras coupé ou amputé… Si la partie sectionnée a pu être conservée dans un sac en plastique avec de la glace à l’extérieur, notre chirurgien suturera sous microscope un bout du nerf à l’autre, la veine à l’autre, l’artère etc. », détaille-t-il. « Dans 80 % des cas, on arrive à sauver le doigt ou le bras, dépendant de l’état initial des parties endommagées et si le patient se présente dans les six heures après l’accident », indique le Dr Mukhesh Sooknundun.
Quant à la City Clinic de Port Louis, elle s’est dotée, l’année dernière, de deux nouveaux services ainsi que d’un laser Holmium pour le traitement des calculs rénaux outre le CT Scan multi-barrettes de dernière génération qui est utilisé pour un meilleur dépistage des maladies.
Le Dr Patrick Chui Wan Cheong Jr. détaille les deux nouveaux services : « Le service d’intervention chirurgicale minimale par radiofréquence est destiné aux patients qui souffrent de douleurs aiguës ou chroniques. La City Clinic est la seule institution médicale de l’île Maurice à offrir ce service dirigé par le Dr Pankaj Wadhwa, un spécialiste en ‘pain management’ détenteur d’un degré FIPP du World Institute of Pain des Etats-Unis. Avec ce nouveau traitement, beaucoup de patients n’ont plus besoin de se faire opérer. » L’autre service a trait au traitement de problèmes vasculaires par voie endovasculaire par la Dr Lynne Thudhope, chirurgienne vasculaire de l’Afrique du Sud.

Trop de médecins généralistes :quelles solutions ?

Il y a un excédent de médecins généralistes dans notre pays, constate le directeur de la Clinique du Nord, le Dr Mukhesh Sooknundun. Il leur conseille de voir peut-être des opportunités de servir en Afrique.
Le Dr François Tadebois leur suggère de se regrouper et d’établir une structure pour offrir un service médical adéquat dans certaines régions de l’île. Pour le Dr Simmardeep Singh Gill, Chief Operating Officer de Fortis Clinique Darné, la situation « is getting from bad to worse » depuis les deux ans et demi qu’il est à l’île Maurice. « Aujourd’hui, lorsqu’on fait paraître un avis de recrutement pour remplir une vacance pour un poste de médecin généraliste, 25 postulants s’y intéressent et répondent à l’offre. Certains doivent attendre des mois pour pouvoir faire leur internat afin de pouvoir exercer. Ils devraient se spécialiser car en tant que médecin généraliste, il n’y a pas d’avenir pour eux sauf s’ils souhaitent ouvrir leur propre cabinet médical. »

Quel avenir pour les cliniques privées ?

Il faut alléger les char-ges des cliniques privées pour qu’elles soient plus compétitives. Pour ce faire, les autorités doivent considérer l’éventualité d’apporter un soutien appuyé aux cliniques privées pour qu’elles deviennent des ‘zero rated tax units’, soutient le Dr François Tadebois, le directeur médical de la clinique Bon Pasteur.Valérie Rawat, Chief Executive Officer de l’hôpital
Apollo Bramwell, souhaiterait, quant à elle, que des changements soient apportés au niveau de la réglementation. Tout d’abord concernant les règlements du Medical Council afin que d’éminents professeurs et spécialistes puissent venir exercer dans les cliniques privées, partageant ainsi leur savoir avec les médecins mauriciens, comme c’est le cas pour les hôpitaux publics.
« La Nursing Council Act doit être modifiée car cette loi ne reconnaît que trois types d’infirmières : les infirmières générales, psychiatriques et les sages-femmes. À titre d’exemple, elle ne reconnaît pas les infirmières spécialisées en pédiatrie. Dans de nombreux pays, vous ne pouvez pas opérer un service pour enfants sans ces infirmières », ajoute-t-elle.

Apollo Bramwell introduit la chirurgie robotique

L’un des plus importants projets d’Apollo Bramwell est l’acquisition envisagée d’un Da Vinci robot, une technologie de pointe qui permettra d’offrir la chirurgie robotique pour la première fois en Afrique. « Nous aurons ainsi une équipe expérimentée de neuf chirurgiens français qui entreprendront ces procédures. Cette chirurgie est beaucoup plus précise et réduira grandement le temps passé à l’hôpital. Nous allons également développer un service pour combattre le cancer, qui comprendra la chirurgie, l’oncologie médicale, la médecine nucléaire et la radiothérapie », indique Valérie Rawat, Chief Executive Officer de l’établissement.
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