Courtier d’assurances: l’Afrique en ligne de mire

Expert dans la gestion du risque, le courtier d’assurances a pris du galon ces dernières années. Ses conseils avisés sont de plus en plus sollicités par les entreprises mauriciennes qui délocalisent leurs opérations en Afrique.

L’industrie du courtage d’assurances a enfin pris ses marques à Maurice. Les entreprises tout comme les particuliers semblent avoir pris la mesure de la nécessité de se tourner vers le courtier d’assurances pour se couvrir adéquatement contre les risques que, bien souvent, on ne voit pas venir. Sur les Rs 6,5 milliards de primes générées par le secteur des assurances chaque année, quelque Rs 3 milliards (46 %) sont apportées par les 23 courtiers d’assurances détenant une licence de la Financial Services Commission.

Pourtant, comme le souligne Liat Lam Yan Yu, Chief Executive d’INRE Management Services, les débuts du courtage d’assurance ont été des plus pénibles, en raison notamment d’un manque de soutien de l’industrie des
assurances et d’une méfiance de la part de la population vis-à-vis du ‘courtier’, un terme ayant une connotation péjorative.

Début raté dans les années ’70

« Dans les années ’70, la société de courtage britannique Minet Group, qui était déjà en Afrique, avait implanté l’une de ses branches à Maurice. Mais la société n’a pas survécu car les assureurs locaux étaient réticents à travailler avec le courtier. Cela a pris du temps avant que le courtier d’assurances ne trouve sa place dans le secteur des assurances », observe-t-il.

Même si le métier s’est considérablement développé ces dernières années, profitant dans une grande mesure d’une solide croissance de 5 % dans le secteur des assurances, il n’en demeure pas moins que nous avons pris du retard sur des pays comme la Grande-Bretagne ou plus près de chez nous, du Botswana, où se tourner vers le courtier est dans les mœurs.

Avoir recours à un courtier, contrairement à une certaine perception, c’est s’assurer une couverture adéquate en fonction de ses besoins et à une prime compétitive. « Il m’est déjà arrivé d’aider un client à obtenir auprès de son assureur le double de sa couverture à un meilleur prix », indique Liat Lam Yan Yu.

Jean-Marc Barbot, Senior Executive à City Brokers, abonde dans le même sens : « Nous disposons d’une équipe de professionnels qualifiés ayant une longue expérience en assurance dans des portefeuilles très variés. Ce qui nous permet de mieux comprendre les besoins de nos clients et de délivrer des produits adaptés à un prix compétitif. »

La croissance dans la région

Disposant déjà d’une solide assise sur le marché des assurances, nombre de courtiers se montrent plus aventureux en allant chercher des relais de croissance dans la région et en Afrique. C’est le cas de City Brokers, dont le portefeuille est constitué à 90 % du secteur corporatif. La firme de courtage a déjà proposé ses services d’intermédiaire en matière d’assurance à des sociétés mauriciennes qui se sont implantées à Madagascar, aux Seychelles, aux Maldives, en Tanzanie et au Kenya.

« Nous intervenons dans la région et accompagnons nos clients grâce à notre société offshore CBL International. Nous sommes le représentant local de plusieurs gros courtiers internationaux qui nous aident à monter des plans d’assurance pour nos clients. Nous nous assurons à travers notre expertise et nos services que les intérêts de nos clients dans ces pays sont adéquatement protégés », indique Jean-Marc Barbot.

EllGeo Re, qui agit comme courtier de réassurance, cible également l’international pour dynamiser sa croissance. C’est la saturation du marché local qui a poussé EllGeo Re à se tourner de plus en plus vers l’Afrique qui a un gros potentiel étant donné les importants développements dans cette partie du monde. Il y a ainsi une forte demande de la part des assureurs pour les services des courtiers de réassurance. Ceux-ci agissent comme trait d’union entre les assureurs et les réassureurs avec l’objectif de trouver le meilleur deal moyennant une prime compétitive. « Nous avons déjà commencé à pénétrer le marché africain à travers des pays comme le Mozambique, la Tanzanie et l’Éthiopie. Il y a d’importants développements qui se font en Afrique, que ce soit dans le secteur minier ou dans les infrastructures. Les compagnies d’assurances africaines doivent trouver de la capacité de réassurance additionnelle. C’est là où nous entrons en jeu », fait remarquer Avishan Askurn, Managing Director d'EllGeo Re.

À ce jour, l’international constitue près de 25 % du portefeuille d’EllGeo Re. Le courtier de réassurance envisage d’exploiter davantage ce filon de sorte qu’à terme, il arrive à un ratio 50:50 entre ses activités mauriciennes et celles à l’international.

Sur les bons rails, le courtage d’assurance devra continuer à innover pour gagner des parts de marché dans une industrie du risque où il constitue un maillon essentiel.