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Éducation privée : l’incertitude autour de la réforme dope les inscriptions

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Éducation privée : l’incertitude autour de la réforme dope les inscriptions | business-magazine.mu

Un an après l’annonce de son introduction dans le paysage éducatif mauricien, le ‘Nine Year Basic Continuous Education’ se dévoile graduellement. Ce nouveau système éducatif mettra l’accent sur l’épanouissement de l’enfant. Assisterons-nous à une compétition féroce entre les écoles publiques et privées ?

Les Mauriciens sont prêts à débourser gros pour offrir une éducation de qualité à leurs enfants. Ainsi, l’élitisme – qui régnait en maître jusque dans les années ’90 – jugé trop oppressant, a grandement incité les parents mauriciens à se tourner vers les écoles privées et payantes pour l’éducation de leur progéniture. Un phénomène que note David Jenkins, directeur du Bocage International School. Il estime que les parents mauriciens n’ont plus confiance dans le système éducatif mauricien. Ainsi, aujourd’hui, la scolarisation d’un étudiant mauricien dans une école privée coûterait autour de Rs 134 000 par an.

Par ailleurs, le projet Nine Year Basic Continuous Education annoncé l’année dernière, a encouragé davantage de Mauriciens à opter pour des écoles privées et payantes. En effet, peu d’informations transpiraient sur ce nouveau système éducatif, et la confusion a régné dans les foyers mauriciens. Pour preuve, suivant le manque de précisions entourant cet ambitieux projet éducatif des autorités, le taux d’inscriptions à l’école privée Clavis International Primary School a grimpé. «Ils ne disposaient pas suffisamment d’informations sur la mise en œuvre de ce nouveau système éducatif. Un parent nous a même lancé : “Je ne veux pas que mon enfant devienne un guinea pig”», observe Nicolas J. Hamer, directeur de Clavis International Primary School. C’est le même son de cloche du côté du Bocage International School. «Il y a eu une incompréhension autour de ce nouveau système éducatif. Ce qui a engendré un sentiment d’incertitude, voire de frayeur», renchérit David Jenkins.

Face au taux de réussite au niveau du School Certificate (SC) et du Higher School Certificate (HSC) qui diminue d’année en année mais aussi au phénomène de mismatch sur le marché local du travail, le système éducatif avait grand besoin d’être revu. Ce qui a poussé le gouvernement de venir de l’avant avec le Nine Year Basic Continuous Education. Après un an de silence sur ce nouveau système éducatif qui avait plongé les Mauriciens dans le flou, c’est finalement lors du Budget 2016-17 que plus d’informations ont été divulguées. On apprend ainsi que le Nine Year Basic Continuous Education mise sur le développement holistique de l’étudiant. Dans ce contexte, le ministre des Finances, Pravind Jugnauth, lors de la présentation du Budget 2016-17, a annoncé le recrutement de près de 340 Education trainees qui auront pour mission de se pencher sur l’épanouissement de l’élève.

D’ailleurs, c’est sur cet aspect que les écoles privées se différencient des institutions scolaires publiques. Un aspect qui séduit les parents mauriciens, qui aspirent à avoir des enfants épanouis et instruits. Nicolas J. Hamer indique que les enfants inscrits au Clavis International Primary School bénéficient du programme International Baccalaureate (IB), qui met l’accent sur le développement holistique de l’enfant. «Ce programme destiné au cycle primaire cherche à combiner le développement académique, social et affectif de l’enfant», soutient-il.

Des enfants épanouis et instruits

À l’heure où le système éducatif national s’apprête à innover, assistons-nous à un début de compétition féroce entre l’éducation publique et privée ? Nicolas J. Hamer de Clavis International Primary School est d’avis que l’innovation dans l’éducation publique est une bonne initiative. «Si c’est dans l’intérêt des étudiants, alors c’est une chose positive.» Rajcoomar Jhurry, fondateur et CEO de JR School, partage le même avis mais ne souhaite porter aucun jugement. « Je préfère attendre l’implémentation du ‘Nine Year Basic Continuous Education’ avant de tirer des conclusions.»

Même si on salue l’initiative du gouvernement de venir de l’avant avec un système éducatif inno-vant, on n’écarte pas la possibilité d’un marché où la compétition fait rage. «Il y aura peut-être concurrence entre les écoles publiques et privées. Il faut savoir que les parents choisissent toujours le meilleur système éducatif etla meilleure école pour leurs enfants», fait remarquer David Jenkins du Bocage International School. Nicolas J. Hamer de Clavis International Primary School estime qu’il est beaucoup trop tôt pour tirer des conclusions. Il rappelle cependant que les parents seront les seuls juges. «Ce sont les parents qui devront être convaincus par ce nouveau système éducatif. Le ‘Nine Year Basic Continuous Education’ devra faire ses preuves. Et cela prendra encore du temps.»

Les écoles privées ont depuis fort longtemps fait leurs preuves.Et du côté de JR School, on soutient que les écoles privées auront toujours une longueur d’avance sur les écoles pu-bliques. Par exemple, à Clavis International Primary School, l’éducation holistique que propose cet établissement scolaire privé, par le biais du programme IB, estce que recherchent les parents pour parfaire l’éducation de leurs enfants. À vrai dire, l’IB a fait ses preuves et apporte des résultats positifs. «Les parents constatent les résultats positifs de l’IB au cours des années du cycle d’éducation secondaire mais aussi tertiaire», argue Nicolas J. Hamer.

Enseignement sur support technologique

Un autre exemple, s’il en faut, qui démontre que les écoles privées ont su faire leurs preuves est l’aspect technologique. En effet, le Nine Year Basic Continuous Education inclut l’utilisation d’outils d’enseignement technologiques. Item auquel Pravind Jugnauth a dédié un budget de Rs 500 millions, qui servira notamment à l’achat de tablettes tactiles qui seront utilisées comme support dans l’enseignement dans les écoles publiques. Mais pour les intervenants, pour inclure ces outils technologiques dans les salles de classe, il est primordial d’assurer au préalable la formation du personnel mais aussi de lui accorder du temps pour se familiariser avec l’outil technologique. Un point auquel gouvernement n’a pas pensé voire sur lequel il ne s’est pas encore penché.

Dans les établissements scolaires privés, il s’agit d’une toute autre histoire. Ainsi, au Bocage International School, des sessions de formation à l’utilisation de la technologie sont régulièrement organisées à destination des enseignants. «Notre but est de maximiser l’utilisation de la technologie dans les salles de classe», souligne David Jenkins. De plus, Le Bocage International School est entièrement couverte par le réseau Wi-Fi et toutes les salles de classe sont équipées d’un projecteur. Qui plus est, cet établissement scolaire dispose de trois laboratoires informatiques et innove en aménageant récemment un laboratoire de langues pour faciliter l’apprentissage des langues étrangères. Toujours au niveau de la technologie, Le Bocage International School publie tous les résultats des élèves en ligne et utilise un programme comme plate-forme de communication entre les étudiants, les enseignants et les parents.

Pour l’heure, le Nine Year Basic Continuous Education n’est pas une menace. Écoles privées comme parents attendent encore plus d’informations sur ce nouveau système éducatif qui compte révolutionner le marché professionnel de l’île Maurice. Même si le Nine Year Basic Continuous Education devra attendre encore des années pour gagner le cœur des parents mauriciens, les écoles privées restent sur leurs gardes et viendront certainement de l’avant avec de nouveaux curriculums pour rivaliser avec les écoles publiques. Par exemple, Le Bocage International School introduira prochainement de nouvelles langues dans son curriculum, dont l’arabe, l’hindi, le mandarin ainsi que la langue Kreol. L’établissement scolaire compte introduire plus d’études axées sur l’environnement et offrir des cours de théâtre aux élèves des Formes 6 et 7.

Pour sa part, Clavis International Primary School compte proposer prochainement un centre dédié à l’art de même qu’une nouvelle cantine. «Nous songeons également ouvrir une branche de l’école», annonce Nicolas J. Hamer. Quant à JR School, elle présentera bientôt un curriculum et un programme spécifiquement adaptés aux jeunes Mauriciens.

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