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La méthode IBR au secours des sociétés en détresse

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La méthode IBR au secours des sociétés en détresse | business-magazine.mu

Si à Maurice, elle n’est pas encore répandue, ailleurs, la méthodologie Independent Business Review (IBR) est un procédé auquel les banquiers et actionnaires ont recours pour faire le point sur l’état financier des entreprises lourdement endettées. Le cabinet, qui effectue l’exercice d’IBR, donne un avis tout à fait indépendant, à la lumière duquel on préconise les remèdes à appliquer pour sortir l’entreprise de son état de détresse financière. Le cabinet ne recommande d’enclencher une procédure d’administration judiciaire que dans les cas extrêmes quand il est établi que le repêchage de l’entreprise est peine perdue.

L’IBR constitue l’un des services phares de Grant Thornton. Il est, du reste, dispensé par les 105 cabinets faisant partie du réseau de Grant Thornton International. À Maurice, le département Management Recovery & Reorganisation, dirigé par Sheliza Mohammed, mis en place par la branche locale de Grant Thornton, n’est opérationnel que depuis peu.

Diagnostic de l’état financier

Avant d’effectuer un exercice d’IBR, le cabinet fait un diagnostic pour établir quels sont les facteurs qui ont poussé l’entreprise dans une situation de détresse financière.

\À partir de son analyse, il considérera les solutions à adopter pour remettre celle-ci sur les rails. Yusoof Nebee, Head of Assurance à Grant Thornton, détaille les différentes étapes d’un exercice d’IBR : « D’abord, nous parlons aux chefs de département, notamment le responsable des ressources humaines et ceux impliqués dans les opérations financières de l’entreprise. Il est important de faire participer tout le monde vu qu’un IBR sera peut-être suivi d’un processus de réorganisation au sein de l’entreprise. Notre équipe passe ensuite au crible la comptabilité, en portant une attention particulière au bilan (‘Balance Sheet’), au compte de pertes et profits et au cash-flow. Normalement, la comptabilité de l’entreprise est analysée sur ses trois dernières années d’opération. Nous faisons aussi une analyse critique des prévisions. À la lumière de toutes ces données, nous rédigeons un rapport. Notre conclusion est indépendante et donne une idée précise de la viabilité de l’entreprise. Le rapport est généralement adressé au banquier. Celui-ci pourra alors décider s’il va continuer à prêter de l’argent à l’entreprise ou à mettre un terme à ses financements ».

Rajeev Basgeet, directeur à PwC, et qui a mené plusieurs exercices d’IBR pour le compte de plusieurs institutions bancaires à l’étranger, explique, de son côté, que l’IBR peut s’avérer une étape décisive dans le processus de redressement de l’entreprise car il permet aux parties prenantes de s’engager dans une discussion constructive eu égard à l’avenir de l’entreprise.

Rétablir la confiance

« À travers l’IBR, on peut amener le banquier et le client à discuter, autour d’une table, de questions cruciales touchant à la solvabilité de l’entreprise, aux besoins en liquidités dans le court et moyen terme, à l’approche prudentielle adoptée par le prêteur, la réussite de la stratégie de l’équipe managériale et la viabilité du business. Toutes ces questions peuvent être discutées en présence d’un professionnel indépendant. C’est déjà un grand pas en avant… Plus important encore, avec l’IBR, on a la possibilité de rétablir le cycle de confiance entre la banque et son client », souligne Rajeev Basgeet.

L’IBR s’arrête avec l’étape des recommandations. N’empêche, les services du cabinet qui effectue l’exercice peuvent être ultérieurement requis, à titre de consultant, pour une éventuelle réorganisation de l’entreprise. Là s’ouvre un autre chapitre.

Les qualités d’un professionnel en IBR

\Le professionnel qui entreprend un exercice d’IBR apporte une certaine stabilité en décantant, bien souvent, une relation stressante entre le banquier et l’entreprise endettée. En outre, il agit comme un catalyseur pour restaurer la confiance qui est un élément incontournable dans les affaires, analyse Rajeev Basgeet. Idéalement, ce financier doit faire montre des qualités suivantes : l’expertise financière, l’indépendance, l’équité, la capacité d’écoute et une grande confiance car il doit être en mesure de faire des recommandations qui ne sont pas au goût de toutes les parties prenantes.

Corporate Review : agir en amont

Bien souvent, les exercices d’IBR sont requis quand l’entreprise montre des signes de mauvaise performance. Mais il est toujours bon de faire preuve de prévoyance en initiant un exercice de « Review » même quand une entreprise semble, a priori, en bonne santé. C’est le principe même du Corporate Review. « Il n’y a pas de mal à ce qu’une entreprise financièrement saine enclenche une procédure de ‘Corporate Review’. Une telle approche proactive de ‘révision’ de l’état financier de l’entreprise, de son potentiel et de sa robustesse est bénéfique au management et aux autres parties prenantes. Les institutions bancaires apprécient que leurs clients prennent d’eux-mêmes ce genre d’initiatives », observe Rajeev Basgeet.

 

Mauvaise perception

\Il y a une méconnaissance de ce qu’est un exercice d’IBR, déplore Sheliza Mohammed. On a tendance à associer trop vite cet exercice à un éventuel mise sous administration judiciaire de l’entreprise.

Par ailleurs, l’IBR est un exercice totalement indépendant. Le « reviewer » n’est pas impliqué dans les décisions stratégiques.

Les remèdes à appliquer

Suivant un exercice d’IBR, le « reviewer » recommande plusieurs solutions pour remettre l’entreprise à flots. Ceux-ci incluent la restructuration de l’entreprise, la cession de certaines lignes de production, la suppression d’emplois ou encore une révision du costing.

 

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