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Logistique : Maurice a les atouts, mais…

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Logistique : Maurice a les atouts

Les transitaires sont devenus des acteurs importants du commerce. Leur importance et leur expertise ne sont plus à démontrer étant donné la complexité de la logistique transport. Après une année maussade en 2014, le secteur prévoit une croissance de 4,1 % pour 2015.

Selon les dernières statistiques officielles, 5 746 120 tonnes de marchandises ont été importées par voie maritime en 2014 et 1 150 029 tonnes exportées sur des porte-conteneurs ou des vraquiers. Avec les mesures budgétaires, Statistics Mauritius s’attend, d’une part, à une croissance de 4,1 % en 2015, comme souligné dans son dernier rapport des National Accounts Estimates, comparé à 3,5 % en 2014. D’autre part, selon les projections économiques, le secteur manufacturier devrait enregistrer une expansion de 2,5 % en 2015 contre 2,2 % en 2014. Ces prévisions laissent présager une augmentation du tonnage des marchandises qui entreront et sortiront de notre île.

Selon Gupta Gopaul, le président de l’Association Professionnelle des Transitaires de l’île Maurice (APT), 2014 a été une année très difficile pour les transitaires. Ces derniers représentent un maillon essentiel dans la chaîne de la logistique. En 2014, ils ont dû faire face à des frais additionnels et à des augmentations des services des agents maritimes, de la MACCS, de la douane et de la Cargo Handling Corporation. Malheureusement, ce sont les consommateurs qui ont subi les conséquences à travers des augmentations de prix des différents produits. À savoir que le secteur de la logistique joue un rôle vital dans l’économie mauricienne avec une contribution de 5,7 % au PIB.

«L’année dernière, nous avons remarqué une baisse à l’importation en fin d’année, d’habitude une période de pointe.Nous avons attribué cela aux élections générales avec des consommateurs en mode d’attente.Aussi, les importations de Hong Kong ont-elles souffert avec le changement d’itinéraire du service de la part des armateurs», indique Vishal Nunkoo, le CEO de Velogic.

Daniel Ng, le General Manager de Speedfreight, est d’avis, pour sa part, que depuis le début de 2015, plusieurs éléments ont affecté la croissance du secteur, notamment l’augmentation du prix du fret, un taux de change avec le dollar défavorable mais aussi les intempéries et problèmes climatiques ainsi que les retards liés au manque d’espace sur les bateaux. Le port avait dû être fermé en janvier pendant presque trois semaines, et cet arrêt des activités a entraîné un engorgement en février. «Les exportations et importations du pays souffrent beaucoup trop souvent d’un port fermé en raison de houles fortes, et cela même hors de la période cyclonique. Il faut rapidement y trouver une solution si nous voulons que notre port devienne un hub maritime sérieux», lance-t-il à l’adresse des autorités.

Faire de Maurice un Hub logistique

Le General Manager de Speedfreight ajoute que la position stratégique de Maurice sur la carte ne date pas d’hier. Notre histoire le prouve : nous avons les atouts pour concurrencer les autres centres logistiques de la région. «Nous sommes aux portes d’un continent en pleine croissance. L’Afrique de l’Est est une terre d’opportunités pour les investisseurs internationaux, et nous sommes bien positionnés pour participer à son développement. Cependant, il faut rester vigilants et continuer d’innover car les ports voisins vivent aussi des développements importants. Ils vont se positionner comme de sérieux concurrents dans les années à venir»,  dit Daniel Ng.

Il faut savoir que l’objectif de la Mauritius Ports Authority (MPA), c’est d’avoir un terminal moderne d’ici à 2016. Il est ainsi attendu que le trafic y soit plus intense avec un volume de conteneurs qui augmentera substantiellement, passant de 38 millions de conteneurs Équivalent Vingt Pieds (EVP) en 2020 à 176 millions d’EVP en 2040. Selon la MPA, Port-Louis est le troisième port le plus profond de l’Afrique subsaharienne avec un tirant d’eau de 14,5 mètres. Le quai actuel est long de 560 mètres. Avec les travaux d’agrandissement, il devrait s’étendre prochainement sur 800 mètres. Une fois le quai agrandi, le port pourra accueillir en même temps deux gros porteurs de 300 mètres. Sa capacité actuelle lui permet de servir un navire de 300 mètres et un autre de 175 - 200 mètres.

Avec ce développement, Maurice se positionnera comme le principal hub logistique pour transborder les conteneurs destinés à l’Afrique. La majorité des bateaux ont une capacité de 8 000 conteneurs et plus. Beaucoup de ports en Afrique ne peuvent pas les accueillir à cause d’un problème de profondeur. Car ces types de navires requièrent un tirant d’eau d’environ 15 mètres. La MPA est en train de redoubler ses efforts pour qu’en 2016, Port-Louis puisse accueillir ces navires.

«Port-Louis sera à l’avant-plan parmi les ports des autres îles de l’océan Indien lorsqu’à la fin de cette année ou au début de l’année prochaine au plus tard, les travaux d’extension des quais seront achevés. Notre port pourra alors accueillir des navires transportant 8 000 conteneurs de vingt pieds de long, contre des porte-conteneurs de 5 000 conteneurs actuellement. Ce développement majeur devrait incontestablement faire de Port-Louis un port phare dans la région», estime Yousouf Delbar, directeur de MCL Freight.

Pour Clarel Michaud, président-directeur général de MC Easy Freight, il faut faire la différence entre, d’une part, le marché captif, qui est composé de conteneurs importés et exportés par notre pays et, d’autre part, le marché du transbordement qui se rapporte au transit de conteneurs à Port-Louis. Les conteneurs sont débarqués du navire d’une ligne maritime faisant route vers l’Afrique du Sud, par exemple, et stockés temporairement au terminal de conteneurs de Port-Louis avant d’être réembarqués sur un autre navire de cette compagnie maritime qui vogue vers un autre continent.

«Personnellement, je trouve que c’est faire preuve de trop d’optimisme que de croire que Port-Louis pourra attirer autant de conteneurs pour être transbordés. Nous sommes desservis principalement par trois compagnies maritimes – MSC, Maersk et CMA CGM. La société française CMA CGM a déjà signé un contrat pour utiliser le port de l’île de la Réunion comme un hub dans cette partie du monde. Quant à Maersk, cet armateur a réorienté ses activités de transbordement de l’île Maurice surtout vers le port de Salaalah à Oman. Est-ce que Port-Louis pourra inverser ces tendances et reconquérir les marchés de transbordement de ces compagnies maritimes dans l’océan Indien ?» se demande Clarel Michaud.

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