Marché de l’optique : lorgner la sophistication

La vue est souvent considérée comme étant le plus important de nos cinq sens. C’est sans surprise qu’elle s’est positionnée, au fil des années, comme un marché à prendre pour séduire la clientèle, que ce soit pour les troubles visuels, pour protéger les yeux du soleil ou simplement par tendance.

Du traditionnel monocle aux lentilles de contact en passant par les lunettes dernier cri non sans oublier les opérations chirurgicales révolutionnaires pour restaurer la vue, le marché de l’optique monte en gamme et converge vers la sophistication. Il est communément admis que les premières lunettes sont apparues au 13^e siècle, certains ouvrages situant cette invention en Italie. Conçu à l’origine pour corriger les troubles de la vue, ce produit s’est au fil des années établi une réputation d’accessoire de mode pour devenir, dans bien des cas, un outil technologique de pointe.

Ce qui a poussé l’entreprise Google à lancer, en 2012, le projet Google Glass ou Project Glass, un programme de recherche et développement lancé sur la création d’une paire de lunettes avec une réalité augmentée. À la fin de 2014, les Google Glass «semblent désormais au point mort», par leur manque d’applications et leur prix élevé, et la production ainsi que la vente ont été stoppées en janvier 2015. Un nouveau modèle de Google Glass à destination des entreprises et optimisées pour une utilisation dans ce cadre devrait cependant bientôt voir le jour.

Entre-temps, les autres entreprises continuent d’innover, à l’instar de Samsung, qui a déposé un brevet pour des lentilles de contact proposant la réalité augmentée et une caméra. D’après les premiers éléments recueillis, la lentille de contact dispose d’une antenne pour être synchronisée au smartphone  et c’est ce dernier qui se charge du traitement et de la gestion des informations à afficher en réalité augmentée. Les lentilles intégreront aussi des capteurs de mouvements, sans plus de précisions sur leur rôle.

Concrètement, l’œil pourra voir s’afficher une image ou une notification par-dessus la réalité. Si cette technologie voit le jour, l’avenir de certains casques ou lunettes 3D pourrait bien être remis en question. L’innovation prime aussi sur le marché mauricien, qui émerge comme une destination phare pour le tourisme médical, qui englobe plusieurs opérations révolutionnaires de la vue pratiquées dans les cliniques privées de l’île. Maurice brille aussi par son potentiel de production de la lunetterie à des fins d’exportation.

C’est motivée par tous ces facteurs que la société Optsun a été créée pour mettre en place une usine destinée à la fabrication de montures de lunettes. Basée à Bon Accueil, elle est opérationnelle depuis janvier 2016 et a été officiellement inaugurée le 28 avril.

Menacé par la contrefaçon

Son General Manager, Lionel Bertrand, un ressortissant français avec 17 ans d’expérience dans le domaine, nous explique que l’idée derrière son implantation locale fait suite à une rencontre avec des représentants de Plastinax, fabricant de lunettes injectées à Maurice. Optsun ne souhaite toutefois pas les concurrencer et vise à se positionner plutôt dans la fabrication de montures en acétate et en métal dans le segment moyen - haut de gamme ;une première à Maurice. Un partenariat entre l’entreprise et Plastinax à l’avenir n’est pas à écarter non plus, indique Lionel Bertrand, qui est aussi propriétaire de la marque de lunettes de soleil français Dareven.

Au total, Rs 60 millions ont été investies dans l’aménagement de l’usine et l’achat des machines, alors que le nombre d’employés, 11 au total, atteindra 30 d’ici à la fin de l’année, selon les prévisions. L’usine dispose d’une capacité optimale de production de 30 000 montures de lunettes mensuellement.

Chez un des lunetiers les plus populaires de l’île, Mathieu Opticiens, les affaires vont bon train en ce moment. On note qu’avec l’espérance de vie qui s’allonge, le marché progresse et continuera de progresser. «De plus, la demande pour une vision plus précise et plus nette a augmenté au fil des dernières années, les gens passant de plus en plus de temps à lire, à travailler ou à jouer sur des écrans (ordinateur, tablette, téléphone…)», observe Valérie Marie-Jeanne-Dansant, responsable marketing et communications de l’entreprise, qui compte dix succursales et un laboratoire de surfaçage dans l’île. Ce qui permet la livraison des lunettes sous 48 heures.

«Le client recherche à la fois le service, la qualité, le choix et le prix. Mathieu Opticiens est bien placé pour répondre à ces critères. Notre enseigne reste attachée aux valeurs fondamentales garantes d’une éthique professionnelle qui met le client et sa satisfaction au centre des préoccupations des optométristes. Grâce à nos compétences scientifiques et techniques, nous veillons à fournir un confort visuel optimal et esthétique, accessible à tous», soutient-elle.

Tout en ajoutant que Mathieu Opticiens privilégie un bon rapport qualité-prix, une consultation abordable, des verres de qualité internationale (les verres Essilor, No 1 mondial du verre ophtalmique) et un grand choix de montures européennes, de marques connues ou moins connues, pour satisfaire les critères de choix d’un public très diversifié. «Nous avons pour mission de rendre la vision accessible à tous les Mauriciens», maintient-elle.

Comme tout autre secteur de l’économie, le marché de l’optique fait aussi face à des défis. À Maurice particulièrement, il est miné par la contrefaçon, qui se profile surtout au niveau de l’aspect fashion des lunettes de soleil, des lentilles de contact et des lunettes de lecture (reading glasses). La contre façon est souvent très prisée chez les jeunes mais comporte avant tout des risques de complications infectieuses. L’absence de réglementation a aussi un rôle à jouer, car il existe de nombreuses normes ISO concernant les verres ophtalmiques et ce qui gravite autour, mais aucune ne concerne directement les lentilles de contact fantaisie.