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Marché du luxe : un secteur en essor à Maurice

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Marché du luxe : un secteur en essor  à Maurice | business-magazine.mu

Principalement porté par la clientèle touristique et d’expatriés, le marché du luxe est constitué, à Maurice, de plusieurs domaines d’activités : l’hôtellerie, l’immobilier de luxe, le commerce de marques internationales et de produits, biens et services de luxe. La croissance dans les arrivées touristiques en 2015 a dopé ce marché.

Positionnée comme une destination touristique de luxe, Maurice est desservie par un parc hôtelier comptant les établissements les plus prestigieux dans l’océan Indien et dans la région de l’Afrique subsaharienne, voire au monde pour les plus plébiscités d’entre eux. Segment phare du marché du luxe mauricien, à l’instar de l’immobilier de luxe, l’hôtellerie a été un des catalyseurs de l’émergence d’un marché du luxe mauricien. Conjugué à d’autres facteurs que sont le rehaussement du niveau de vie et du salaire (surtout des jeunes professionnels), la mutation dans le comportement du consommateur mauricien et une offre élargie en produits et prestations de luxe, avec l’apparition de nouveaux centres commerciaux huppés, le marché du luxe mauricien est principalement porté actuellement par la clientèle touristique et des expatriés.

Avec une contribution projetée de 7,6 % au produit intérieur brut (PIB) de l’île en 2016, le tourisme s’affiche comme l’un des quatre principaux secteurs d’activités du pays. Après six années de croissance économique atone et fluctuante, il a passé la barre du million de touristes en 2014 et renoué avec une croissance à deux chiffres (10,9 % en 2015). Cette embellie devrait, selon toute probabilité, se maintenir en 2016, la Banque de Maurice prévoyant même des recettes touristiques de Rs 54 milliards, contre Rs 52 milliards prévues initialement pour l’année. Une augmentation projetée de 8 % sur les Rs 50 milliards de recettes touristiques attendues en 2015.

Si «ce confetti volcanique» perdu dans l’océan Indien, comme le désignait le reportage intitulé Ile Maurice, la perle de l’océan Indien du magazine 50 Minutes Inside, séduit autant la clientèle touristique, c’est notamment grâce à l’offre et l’infrastructure hautement qualitatives de son parc hôtelier qui n’ont cessé de lui permettre de jouer sa carte de destination de luxe à l’international.

Desservie par un total de 13 617 chambres pour 115 hôtels au 31 décembre 2015, l’offre hôtelière domestique dénombre une vingtaine d’hôtels cinq-étoiles sur à peine 1 865 kilomètres carrés. Fleuron du marché du luxe mauricien, l’hôtellerie propose dans et hors de ses hôtels, et en partenariat avec d’autres opérateurs touristiques, un éventail de produits, de services et d’expériences surfant sur la vague du raffinement, de l’inédit, de l’excellence et du renouvellement à la clientèle touristique. Des prestations d’ailleurs saluées et récompensées avec des attributions comme Indian Ocean’s Leading Luxury Hotel aux World Travel Awards 2016 pour Constance Le Prince Maurice, le prix du Best Golf Course in the Indian Ocean pour Heritage Golf Club en 2015 et des reconnaissances comme les mentions Leading Hotels of the World pour Royal Palm et Constance Le Prince Maurice.

Jean Jacques Vallet, Chief Executive Officer (CEO) de Constance Hotels and Resorts, dans une déclaration lors de la publication des résultats financiers du groupe hôtelier pour l’année financière se terminant le 31 décembre 2015, soulignait récemment son choix de maintenirleur positionnement dans le segment du luxe : «Contrairement à beaucoup d’entreprises du secteur, nous avons fait le pari, risqué, de ne pas baisser nos prix pour attirer une clientèle plus large. Au contraire, nos prix sont restés stables et ont même augmenté depuis, car nous avons choisi de renforcer notre positionnement sur le segment du luxe».

Accompagnant le positionnement de Maurice également comme destination touristique de luxe, il n’y a pas seulement une offre hôtelière des plus prestigieuses au monde, il y a également des infrastructures, une offre logistique de haut vol. À l’instar de l’aéroport de Plaisance qui vient de remporter pour la deuxième année consécutive le prix du Meilleur Aéroport en Afrique lors de l’Airport Service Quality Award 2015. Ou encore le Salon VIP Amédée Maingard d’Air Mauritius qui est plébiscité comme le Meilleur salon d’aéroport de l’océan Indien à la cérémonie des World Travel Awards à Zanzibar, au début d’avril.

En termes d’infrastructures et de services de haut vol, il ne faut pas oublier le salon exclusif qu’est le Yu Lounge. Il offre aux passagers de jets privés ou de vols réguliers le luxe de s’éviter les tracasseries administratives et logistiques avant le décollage ou après l’atterrissage en assurant ses services dans un espace de détente huppé, loin de l’agitation de l’aéroport.

Villas et autres résidences de luxe

L’autre fleuron du marché du luxe mauricien est l’immobilier de luxe. «L’immobilier haut de gamme retrouve un nouveau souffle partout dans le monde grâce à une clientèle très mobile qui affirme sa présence dans toutes les adresses de renom… Paris qui rattrape son retard et attire de nouveau la clientèle anglo-saxonne, Lisbonne devenue le nouvel eldorado des seniors, Miami qui séduit les entrepreneurs, Maurice très recherchée pour ses résidences secondaires défiscalisées, Bruxelles au cœur des investissements, Israël qui attire les jeunes diplômés high-tech…», souligne Thibaud de Saint Vincent, président de Barnes International Property Consultant, agence immobilière international engagée dans le luxe, dans l’édition automne-hiver 2016-2017 de son magazine interne.

D’ailleurs, Outi de Falbaire, directrice associée de Barnes Mauritius, confirme que le marché de l’immobilier haut de gamme mauricien est en essor. «Les locaux et expatriés recherchent de plus en plus des biens de bonne facture répondant à plusieurs besoins et surtout à un bon rapport qualité-prix. Le secteur s’étant professionnalisé et le marché est désormais mieux informé. Ce qui a contribué à une montée en gamme des biens immobiliers proposés. Cette clientèle recherche également des biens apportant des prestations, services et infrastructures que l’on retrouve dans des complexes immobiliers. Les attentes ont changé et une partie du marché souhaite vivre à l’européenne. Elle requiert aussi de cette clientèle constituée de résidents locaux et d’expatriés que ses biens immobiliers soient situés dans les régions balnéaires ou les grands centres urbains et les développements intégrés. L’urbanisme et l’aménagement du territoire sont devenus des facteurs clés lors de la décision d’achat ou de location à long terme», étaye Outi de Falbaire.

Un segment d’activité qui gravite autour des porte-drapeaux du marché du luxe mauricien est bien sûr le commerce. Les infrastructures d’envergure, à l’instar du nouveau terminal de l’aéroport de Plaisance ou encore des centres commerciaux et malls huppés du pays, ont amené dans leur sillage une offre élargie de marques internationales et de produits, biens et services de luxe. «Le shopping est un segment important qu’il faut développer», soutenait, à cet effet, le vice-Premier ministre et ministre du Tourisme, Xavier-Luc Duval, lors du lancement de la nouvelle aile commerciale de Bagatelle Mall of Mauritius, en décembre 2015 : Bagatelle Home & Leisure. Les centres commerciaux, remarquait-il, ont introduit de nouvelles attitudes de shopping pour les Mauriciens en offrant des prestations, à l’instar de ce qui se pratique dans les grandes métropoles. Dans le même temps, faisait-il ressortir, les centres commerciaux nouvelle génération attirent les touristes avides de shopping comme les Chinois. «Les Chinois sont friands d’activités hors plages comme le shopping. Selon des études, un touriste chinois consacre jusqu’à 60 % de son budget au shopping», poursuit-il, avant d’encourager le groupe ENL à offrir un espace dédié à l’artisanat de luxe dans cette aile commerciale.

La qualité, un critère indissociable

Le marché du luxe mauricien est d’ailleurs porté, nous rappelle Christian Poncini, CEO de Poncini Ltd, par la clientèle touristique et des expatriés. «Le marché du luxe à Maurice est stable. Il progresse même, quoique à un rythme que nous pouvons décrire comme lent. Le Mauricien aborde le luxe principalement lorsqu’il cherche une garantie de qualité et une marque. La qualité est l’un des seuls critères objectifs indissociables du luxe. Les achats importants comme un diamant pour des fiançailles ou autre anniversaire marquant un moment important de la vie se doivent d’être de très bonne qualité et de standard international, sinon le client achètera à l’étranger. Le marché du luxe ici concerne aussi et surtout le visiteur étranger. La tendance suit l’évolution économique du pays émetteur, européen pour la plupart, donc fluctue beaucoup. Depuis la reprise des arrivées touristiques, le secteur reprend lentement», observe-t-il.

Les touristes britanniques et allemands sont de grands consommateurs de produits de luxe, ajoute Christian Poncini : «Les séjours ‘all inclusive’ n’incitent pas le client à sortir des établissements hôteliers pour dépenser. Un rand faible par rapport à la roupie mauricienne a aussi un gros impact sur les dépenses des Sud-Africains qui sont de bons clients en général.»

Sebastian Denton, directeur d’Adamas, nuance les propos, soutenant que certains produits et services du marché du luxe mauricien, comme l’horlogerie et la joaillerie haut de gamme, répondent davantage à la demande touristique, comparé à d’autres qui répondent aux aspirations du marché domestique.«Dans le cas de certaines activités comme le diamant et les pierres précieuses, la bijouterie fine, les montres et les produits Montblanc, la consommation est essentiellement tirée par les touristes plutôt par la consommation locale. Cela s’applique aussi pour les hôtels, la restauration fine, les services des spa et centres de beauté et de bien-être qui dépendent aussi du tourisme. Dans le cas des secteurs comme les voitures de luxe, parfums et cosmétiques, entre autres, ils sont surtout tirés par la consommation locale», soutient-il.

Daoud Ingar abonde dans le même sens concernant le marché de la parfumerie et des cosmétiques. Sur le marché de la parfumerie de luxe depuis 22 ans, il concède que la clientèle de résidents locaux domine les ventes.

Les touristes chinois les plus dépensiers

Selon l’Organisation mondiale du tourisme, le Royaume-Uni (+6 %) et l’Allemagne (+2 %) figurent également parmi les marchés émetteurs qui affichent une croissance dans leur palier de dépenses touristiques en 2015. Les touristes chinois demeurent cependant les plus gros dépensiers. «Parmi les principaux marchés émetteurs au monde se trouve la Chine, laquelle affiche tous les ans, depuis 2004, une croissance à deux chiffres des dépenses et reste en tête du classement mondial en ce qui concerne les voyages à l’étranger, au profit de destinations asiatiques comme le Japon et la Thaïlande, mais aussi des États-Unis et de différentes destinations européennes», soutient l’OMT. À l’inverse, fait ressortir le même document, les dépenses touristiques en provenance des marchés émetteurs «dynamiques» comme la Fédération de Russie et du Brésil ont baissé «par suite des difficultés économiques» et la dépréciation du rouble pour la première nommée.

Quelles perspectives de croissance peut-on espérer du marché du luxe mauricien d’ici à 2019 ? «Elles sont directement liées à l’augmentation du pouvoir d’achat local et surtout celui du visiteur étranger. La qualité de la clientèle touristique est primordiale pour la croissance du secteur. La nouvelle taxe à l’entrée en Chine sur les produits de luxe (60 %) sera un handicap certain pour les ventes en duty free à venir», note Christian Poncini.

«Ces marchés croissent en terme du nombre de visiteurs.  Ces derniers dépensent plus et cela a définitivement un impact significatif sur le secteur du luxe. La croissance de ces marchés est salutaire dans la mesure où l’on a noté une baisse du nombre et du pouvoir d’achat des touristes qui dépensaient le plus, à savoir les Russes et les citoyens de la CEI. Cependant, les dépenses  des trois nouveaux marchés les plus dépensiers (Chine, Royaume-Uni et Allemagne) ne sont pas réparties de la même façon dans tous les produits et services de luxe. Certains marchés en profitent plus que d’autres. N’empêche, ces trois marchés contribuent de manière significative  à doper les dépenses touristiques à Maurice», observe pour sa part le directeur d’Adamas. 

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