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Réunion – Transitaires : répondre au défi de la mondialisation des échanges

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Réunion - Transitaires : répondre au défi de la mondialisation des échanges | business-magazine.mu

Le transitaire, ou commissionnaire de transit, organise le déplacement de marchandises d’un lieu à un autre. Celui-ci est aussi souvent expert en logistique, se chargeant du traitement de marchandises en aval du transit. Ce professionnel maîtrise les zones de fret où se déroule l’essentiel de son activité.

Comme le révèlent les chiffres du trafic réunionnais de l’import-export en 2015, les échanges de La Réunion avec le reste du monde montrent une large domination des importations (94 %) sur les exportations, qui se contentent des 6 % restants. Les transitaires réunionnais chargés de l’acheminement des marchandises par voie aérienne ou maritime sont ainsi en grande majorité sollicités pour le traitement de l’import et doivent s’adapter à une mondialisation des échanges de plus en plus marquée.

Le transitaire, ou commissionnaire de transit, organise pour le compte d’un commettant le déplacement de marchandises d’un lieu à un autre. Souvent le transitaire se double d’un expert en logistique capable de proposer des offres pour ce qui concerne le traitement des marchandises en aval du transit : stockage, gestion de stock, emballage, étiquetage, préparation des commandes, livraison, merchandising, inventaire… D’où la nécessité pour le professionnel de bien maîtriser les zones de fret, pour l’acheminement aérien ou le maritime, des zones où se concentre une partie essentielle de son activité. L’intérêt de l’aérien, c’est l’acheminement de marchandises sensibles ou de celles qui doivent être transportées dans de très courts délais.

La zone de fret de Gillot, ou aérogare fret de l’aéroport Roland-Garros, mise en service en 2002, héberge une trentaine de transitaires et traite annuellement près de 30 00 tonnes de marchandises. Il dispose de 7 510 m2d’entrepôts répartis en un magasin export de 3 410 m2 et un magasin import de 4 100 m2 (ce magasin présente une capacité de stockage d’environ 1 500 emplacements palettes), de 11 chariots élévateurs électriques d’une capacité nominale allant de 1,8 tonne à 3 tonnes, de 2 tracteurs de palettes avion, de 7 tracteurs électriques à conducteur accompagnant (pour réduire l’effort manuel du cariste), de balances industrielles d’une capacité allant jusqu’à 10 tonnes et de puits de palettisation / dépalettisation du fret (dispositifs servant à la confection et à l’éclatement des palettes). Il faut aussi signaler l’existence d’un dispositif de fret à l’aéroport de Pierrefonds, dans le sud de l’île, qui pour le moment se cantonne au traitement rapide des marchandises à l’import ne disposant que d’une aire de dépôt temporaire de 50 m3.

Limiter le temps passé à quai

L’intérêt du maritime, c’est le transport de marchandises pondéreuses ou volumineuses. Il faut savoir que pour relier Port Réunion, il faut compter 4 jours depuis l’Afrique du Sud, 9 jours depuis l’Australie, 10 jours depuis le sous-continent indien et le Moyen-Orient, 12 jours depuis l’Asie du Sud-Est, et 16 jours depuis l’Europe. Comme ces temps de navigation sont physiquement incompressibles, l’enjeu pour les spécialistes du transit sera de limiter le temps passé à quai, pour le chargement ou le déchargement des marchandises. En ce sens, on retiendra l’effort de modernisation des infrastructures portuaires pour fluidifier l’arrivée des porte-containers et faciliter le transport des containers.

Le Grand Port Maritime de La Réunion (GPMDLR) a ainsi terminé des travaux d’extension du port Est en ce début d’année. Ceux-ci s’élèvent à un montant de 80 millions d’euros :l’agrandissement en 2015 des quais à conteneurs 10 et 11 à 640 mètres linéaires utiles et le creusement de la darse à -15,50 m (contre -13,50 m précédents) pour accueillir des navires de 14,50 m de tirant d’eau.

GPMDLR a également acquis trois nouveaux portiques de manutention de conteneurs de type super over panamax, le dernier ayant été livré en avril dernier. Ces portiques de 1 400 tonnes pièce disposent d’une force de levage maximum de 65 tonnes et sur une portée de 56 mètres, soit des navires de 21 rangées de conteneurs, avec une cadence de 36 cycles par heure. Grâce à ces nouvelles infrastructures et outils, GPMDLR est capable d’opérer des navires d’environ 9 000 équivalent Vingt Pieds (EVP), contre 4 000 à 5 000 EVP auparavant (1 EVP correspondant à la capacité d’un conteneur de 20 pieds de long, de presque 7 mètres, soit un volume approximatif de 38 m2).

Le métier bascule dans l’ère du numérique

Les transitaires disposent d’une organisation syndicale à travers Transport et Logistique de France (TLF) Réunion, qui représente les commissionnaires en douane, les commissionnaires de transport, les transporteurs de marchandises, les déménageurs, les logisticiens… Présidé par Hervé Marodon, TLF Réunion est le seul syndicat regroupant la totalité des professionnels ayant leur activité maritime, aérienne, transport de marchandises en conteneurs et distribution et activité douanière à La Réunion.

Le syndicat possède un poids non négligeable car il est présent à plusieurs postes clés, en tant qu’administrateur au sein du Mouvement des Entreprises de France (MEDEF) de La Réunion, dont il est un des membres fondateurs, en tant que membre du conseil de développement du GPMDLR depuis 2013. Il assure encore la présidence du Cargo Community System (CCS) chargé de fluidifier la circulation des conteneurs. Autant de positionnements stratégiques susceptibles de renforcer le champ d’action des transitaires sur le territoire local.

Bien implantés dans l’économie de La Réunion, les professionnels du transit ont les moyens de se confronter à la réalité de la mondialisation des échanges, comme nous le confie Dimitri Bouget, directeur régional de Bolloré Logistics : «Notre métier est un vieux métier : cela fait longtemps que les hommes assurent cette fonction d’acheminement et de transit des marchandises. Mais il a évolué de manière très importante, notamment ces dernières années. Nous manipulons des technologies nouvelles, les procédures douanières ont été informatisées ; avec les différents intervenants du processus de transit, nous procédons de plus en plus à l’échange de données informatisées. Les flux de marchandises sont désormais considérables, notamment dans la zone Afrique et océan Indien ; le vrai challenge pour les transitaires réunionnais est de s’adapter au mieux à la mondialisation des échanges.»