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Secteur de la plomberie: Les robinets prennent l’air

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Secteur de la plomberie: Les robinets prennent l’air | business-magazine.mu

Le secteur de la robinetterie et la plomberie est dicté par l’économie de cette ressource vitale qu’est l’eau et les dépenses en baisse pour sa fourniture. Tributaire de l’industrie de la construction, qui bat de l’aile depuis quelques années, il est maintenu à flot par le marché du renouvellement et l’apparition de solutions innovantes pour réduire le gaspillage d’eau.

À moins d’une semaine de la Journée mondiale de l’eau, qui est commémorée chaque année le 22 mars depuis 23 ans, le timing est parfait pour parler de ce précieux liquide. Au cœur de l’actualité avec la hausse annoncée des tarifs pratiqués, le souhait exprimé par le ministre de l’Énergie et des services publics, Ivan Collendavelloo, d’un partenaire stratégique pour la Central Water Authority (CWA), le recours à la Banque mondiale pour un rapport sur le secteur local de l’eau, la construction non entamée de nouveaux réservoirs et celle toujours en cours du Bagatelle Dam. Le secteur  hydrique suscite des débats ces derniers temps, comme les mécontentements récurrents de la part des consommateurs (exprimés de vive voix sur les radios), notamment dépourvus d’une fourniture d’eau régulière. Comment les marchés de la robinetterie sanitaire et de la plomberie, annexes du secteur de l’eau, peuvent-ils contribuer à améliorer la gestion, la distribution, et surtout l’approvisionnement d’une eau de qualité ?

«Le débit d’eau émanant des douches et des robinets s’est beaucoup amélioré. Le rapport eau/air atteint des niveaux tels que 70 % seulement est constitué du liquide alors que 30 % est composé d’air. Avec des technologies et des équipements modernes comme l’aérateur, la cartouche en céramique, le filtre, l’eau peut facilement être économisée et sa qualité améliorée», explique Stephanie Lenoir, Marketing Manager de Fralain. Économiseurs et purificateurs, à travers respectivement des aérateurs et des filtres à eau, figurent parmi les outils et technologies disponibles sur le marché local et à la portée aujourd’hui des autorités régulatrices, des foyers, des commerces, des entreprises et de tout projet de développement foncier et infrastructurel. Incorporant un pourcentage d’air à l’eau qui s’écoule des robinets et des douches, l’aérateur maintient la pression de l’eau tout en réduisant son débit, selon les mesures d’eau par minute du constructeur et/ou de la marque (variant de six litres d’eau par minute à trois litres d’eau par minute selon les besoins et les spécificités). Tandis que le filtre à eau sépare à travers son système l’eau potable des particules solides.

Visham Khoody, Operations Manager de Manser Saxon Plumbing, et Franck Challier, General Manager de Batimex, sont d’avis que les robinets dotés de capteurs de mouvement, d’aérateur, etc. peuvent assister le secteur local de l’eau dans son objectif d’opérer de manière plus efficace et optimale. «Batimex a des solutions pour faire des économies d’eau : systèmes dual flush 2L / 4L pour les chasses d’eau et ‘mousseurs’ qui s’adaptent à tous les robinets et qui vous font économiser 50 % d’eau. 50 % d’économie sur la facture d’eau, c’est considérable. Nous proposons également des chauffe-eau nouvelle génération qui permettent aussi d’économiser l’eau», énonce-t-il. Mais pour bénéficier pleinement ou à bon escient des attributions de ces outils, encore faut-il, nous dit Stephanie Lenoir, être
pourvu de meilleures infrastructures en eau.

L'incontournable réservoir d’eau

«Le souci à Maurice, c’est que la distribution en eau potable est irrégulière, ce qui influe sur la pression et la disponibilité en eau des foyers. Pour un approvisionnement continu et constant d’une eau de qualité, il faut que les foyers soient dotés d’un réservoir d’eau, d’une pompe à eau. Les produits de robinetterie disponibles sur le marché local sont de grande qualité ; malheureusement, les infrastructures publiques pour l’acheminement de l’eau jusqu’aux foyers mauriciens ne sont pas toujours adaptées. À certains endroits à Maurice l’accès à l’eau aurait été plus difficile si les foyers n’étaient dotés d’un réservoir d’eau.»

À la suite d’un accord signé en février entre le gouvernement mauricien et la Banque mondiale, l’assistance technique de cette dernière a été agréée pour une étude de faisabilité sur le secteur de l’eau à Maurice, en vue de le réformer et de le moderniser. En résumé,  il s’agit d’améliorer la distribution de l’eau et son accès à tous les Mauriciens. Surtout que le secteur de l’eau est actuellement confronté à bien des défis et des failles. Pillage de compteurs d’eau, coupures d’eau régulières dans certaines régions de l’île (même pendant la saison des pluies), retard dans la construction de nouveaux réservoirs d’eau ou dans la livraison du Bagatelle Dam… Autant de problématiques qui impactent une distribution fluide, continue et égalitaire de l’eau. L’Operations Manager de Manser Saxon Plumbing pense d’ailleurs que tout le réseau de fourniture d’eau nécessite une révision et un ‘re-designing’ basé sur les dernières technologies, «incluant un système de Building Management pour un meilleur contrôle et une meilleure supervision».

Une fourniture d’eau 24/7 est également à l’agenda du gouvernement et de la CWA. Dans un entretien accordé à l’express samedi du 20 février, Yousouf Ismaël, nouveau directeur de la CWA, affirmait que la CWA a étendu les heures de distribution d’eau dans plusieurs régions de l’île.

«Nous sommes en train de remplacer les tuyaux défectueux ; une partie des travaux a été effectuée par les Singapouriens et la CWA a appris d’eux. Le reste des travaux de remplacement sera effectué par la CWA. À la station de traitement de Pailles, l’eau boueuse après les grosses pluies n’affecte plus la distribution. Le problème de Port-Louis est derrière nous maintenant. Toutefois, dans certaines régions, dépendant de la topographie et en raison du manque de pression, l’eau n’arrive pas jusqu’aux robinets. L’achèvement des travaux de construction du Bagatelle Dam devrait également améliorer la situation dans des régions telles que les basses Plaines Wilhems. Sans compter le projet d’agrandir la capacité de traitement de La Nicolière ou encore de Mont-Blanc», a-t-il déclaré.

Améliorer le réseau de distribution

Une réforme qui ne se fera pas sans un investissement financier conséquent. C’est la raison derrière le souhait émis par Ivan Collendavelloo, ministre de l’Énergie et des services publics, de trouver un partenaire stratégique pour la CWA. Et ce partenaire stratégique se dessine pour l’heure sous les formes de la Banque mondiale, mais selon Yousouf Ismaël, c’est le rapport de la Banque mondiale sur la fourniture d’eau à Maurice qui déterminera si partenariat il y aura ou pas. Pour l’heure, l’eau est financée à Maurice à travers les fonds préconisés dans le Budget et le BuildMauritiusFund. Dans une étude intitulée Water Financing in Mauritius et présentée en juin dernier lors de la SADC Water Week, l’on estime à Rs 10,073 milliards les dépenses à encourir jusqu’en 2018 pour tous les projets liés au secteur de l’eau, de la Water Resources Unit et Central Water Authority.

Il faut compter une somme de Rs 2,3 milliards pour le remplacement des tuyaux d’eau défectueux et dépassés, Rs 61 millions pour les services de réservoirs d’eaux, et Rs 1,05 milliard pour la station de traitement d’eau et autres services.

Améliorer le réseau de distribution d’eau et la fréquence de sa fourniture est donc une priorité, tout comme réduire le gaspillage d’eau. «Une norme actuellement bien acceptée dans la plupart des pays à travers le monde (en Europe, aux États-Unis, en Asie, et au Moyen-Orient) porte sur la consommation de moins de neuf litres par minute pour une douche normale, moins de six litres par minute pour la consommation d’eau dans la cuisine, et moins de quatre litres d’eau par minute pour se laver les mains dans le lavabo à domicile. Les derniers règlements en termes de consommation d’eau se focalisent sur son utilisation dans les lavabos publics. Une limitation en vigueur mondialement veut qu’on utilise moins de deux litres d’eau par minute pour se rincer les mains», souligne Armin Tettamantin, Vice President de Neoperl Mea DMCC, filiale dubaïote du groupe Neoperl. Cette société suisso-allemande fondée en 1958 et engagée dans la production de solutions innovantes pour l’accès à l’eau potable, à destination de l’industrie de la plomberie, fabrique des aérateurs ainsi que des régulateurs.

Solutions pour réduire le gaspillage

De passage à Maurice la semaine dernière pour rencontrer les dirigeants de Batimex, qui représente les produits de Neoperl officiellement, Armin Tettamantin nous dit qu’il est primordial aujourd’hui que les robinets et douches, etc. soient dotés de ses composants d’eau qui permettent au minimum une économie d’eau de 30 %. «The cost of drinking water is much higher than you can ask from the citizen… The demand for water is constantly growing», note Armin Tettamantin. Pour lui, la solution se trouve dans les aérateurs, regulateurs, entre autres, pour rationaliser la consommation selon les points d’eau. Neoperl travaille avec l’industrie du sanitaire, les municipalités, les gouvernements pour apporter ses solutions pour un accès judicieux à de l’eau potable.

À Maurice, aucune limitation formelle n’est encore en cours pour l’économie de cette source d’énergie. «Aucune législation n’existe ou n’est appliquée jusqu’à l’heure pour limiter le gaspillage et contrôler la consommation d’eau dans les espaces publics et à domicile. Pour qu’au niveau de Maurice l’approvisionnement d’eau soit plus efficient, on devrait encourager les consommateurs à économiser en introduisant de nouvelles législations. En France et en Angleterre, par exemple, les promoteurs et constructeurs doivent répondre à des spécifications rigoureuses en termes d’équipement en robinetterie dans l’optique de la gestion d’eau. En Australie, qui est régulièrement affectée par des sécheresses prolongées, des limites de consommation d’eau sont imposées à domicile comme dans les espaces publics», observe Stephanie Lenoir.

Chaque opérateur interrogé dit contribuer à sa manière à préserver les ressources mauriciennes en eau ou à l’économie de ce liquide vital dans leur offre de produits et de services, à l’exemple de Manser Saxon.

«Les besoins de la clientèle ont changé au cours des dernières années et nous proposons des installations à faible consommation d’eau et d’énergie qui sont respectueuses de l’environnement. À l’exemple des chauffe-eau solaires, des ‘speed drive pumps’, pompes à chaleur, etc. Les clients sont prêts à investir dans cette catégorie de technologie verte / écologique, pour protéger l’environnement et en même temps pour répondre à un seuil de rentabilité dans un futur proche», avance Visham Khoody.

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