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Steven Obeegadoo : «Le secteur privé joue un rôle clé dans l’enseignement supérieur»

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Steven Obeegadoo : «Le secteur privé joue un rôle clé dans l’enseignement supérieur» | business-magazine.mu

Les gouvernements successifs ambitionnent depuis une quinzaine d’années de positionner le pays comme un Knowledge hub, souligne Steven Obeegadoo, ex-ministre de l’Éducation. À l’ère du «marché mondial de l’éducation», il faudrait traiter ce projet en priorité, estime-t-il.

BUSINESSMAG. Maurice a-t-il réussi à se positionner comme un ‘Knowledge hub’ ?

Arrêtons-nous d’abord au concept lui-même. À Maurice, l’idée d’un Knowledge hub désigne un pôle de connaissances et un centre d’enseignement supérieur et de formation à caractère international, ou tout au moins régional. C’est l’ambition affichée par tous les gouvernements mauriciens successifs depuis une quinzaine d’années d’en assurer l’émergence dans notre pays.

Le Knowledge hub est le pendant d’une économie globale de la connaissance, mû par le fabuleux développement des technologies de la communication et de l’information, et la mondialisation. L’idée d’un Knowledge hub s’inscrit donc dans une stratégie économique pour permettre au pays de mieux tirer profit de cette évolution internationale en favorisant la création, l’acquisition et le partage de connaissances. Le Knowledge hub viendrait ainsi en soutien aux nouveaux pôles de développement économique et à la modernisation économique en formant les ressources humaines y relatives et en favorisant la recherche, aux plans national et régional.

Dans un climat international très compétitif, associé à l’émergence d’un marché mondial de l’éducation, notre transformation en Knowledge hub représente à la fois une priorité et une urgence nationale.

BUSINESSMAG. Des opérateurs évoluant dans la filière de la formation tertiaire sont d’avis que Maurice doit en complément de la construction de campus développer une offre de loisirs pour ses étudiants.

La priorité, c’est de doter nos jeunes des compétences nécessaires. D’abord, il faut se pencher sur les raisons du faible taux d’inscriptions dans le post-secondaire pour les étudiants mauriciens. Les statistiques officielles masquent le fait que beaucoup de nos «étudiants» étudient à temps partiel et ont plus de 24 ans. Néanmoins, il est évident que nous sommes en retard par rapport aux ‘tigres asiatiques’. Nous devrions améliorer la qualité de l’éducation de base et le financement de la formation professionnelle post-secondaire.

BUSINESSMAG. L’Université de Maurice attise bien des critiques ; certaines disent qu’elle est désuète. Votre avis ?

Tout cela indique que les choses ne tournent pas rond à Réduit et que les problèmes sont légion. Le nombre d’étudiants en inadéquation avec la capacité d’accueil, la qualité de l’enseignement, l’absence de pertinence de certains cours. Bref, le défi de la qualité.

Il est essentiel de rapprocher l’UoM du marché du travail en favorisant l’interaction avec le secteur privé mais aussi des Tracer studies pour mesurer l’employabilité de ceux qui y sont formés. Pour relancer l’UoM, il faut surtout la dépolitiser et les controverses récentes ne font pas honneur à l’institution.

BUSINESSMAG. L’État manquerait-il de vision pour la formation tertiaire comparé au secteur privé ?

Le secteur privé mauricien commence à jouer pleinement son rôle dans l’enseignement supérieur, et cela est de très bon augure pour le knowledge hub que nous ambitionnons de créer. Toutefois, l’énonciation d’une vision à moyen terme et l’élaboration d’une stratégie nationale, quand bien même elle repose sur le partenariat avec le privé, sont la responsabilité première de l’État.

La TEC remplit désormais pleinement ses fonctions de régulateur du secteur mais ne détient aucun mandat, et encore moins de pouvoir décisionnel eu égard au devenir de l’enseignement supérieur à Maurice. Le secteur souffre d’une absence cruelle de vision, de planification et de stratégie, sans lesquels le Knowledge hub n’est qu’un leurre. Dois-je ici rappeler que le plan de développement du secteur, qui devait bénéficier de l’apport technique de la Banque mondiale et annoncé pour 2014, n’a jamais vu le jour ?

L’enseignement supérieur et le Knowledge hub représentent un enjeu considérable pour le devenir économique de notre pays et il est grand temps qu’on en prenne la mesure. La Banque mondiale désigne ainsi la priorité nationale : «Mauritius needs a new growth model that is knowledge-intensive and supported by strengthened skills». Il s’agit désormais de passer à l’action et de réactiver, à cet égard, la collaboration secteur public-secteur privé, clé de voûte du développement éducatif mauricien.

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