TÉLÉTRAVAIL – S’équiper pour la vie professionnelle de l’après-Covid-19

LE TÉLÉTRAVAIL symbolise le futur monde du travail. Il permet aux employés de se réconcilier avec leur vie de famille tout en permettant aux employeurs d’économi- ser sur certaines dépenses opérationnelles. «Le ‘work from home’ répond aux chal- lenges que Maurice traverse», a affirmé le Premier ministre, Pravind Jugnauth, lors de la présentation du Covid-19 Bill et du Quarantine Bill à l’Assem- blée nationale, le 13 mai. Une déclaration qui reflète bien la place qu’est appelée à prendre le télétravail dans l’ère post-

coronavirus. Déjà, avant la le- vée partielle du confinement, 100 000 des 220 000 sala- riés que comptent les 1 300 membres de Business Mauri- tius ont travaillé de chez eux. Dans le secteur des services, alors que l’activité reprend graduellement son cours nor- mal, le travail à domicile est toujours privilégié.

Cela étant dit, la thé- matique du Work from home dans le Budget 2018-19 pré- voyait déjà une mutation du mode de travail. D’ailleurs, à l’époque, le pays visait à peu près 3 500 nouveaux postes

en télétravail. L’objectif de ce nouvel amendement au Workers Right Act était d’aug- menter le nombre de femmes dans le secteur tertiaire, tout en répondant à la demande des jeunes qui avaient une nouvelle vision de l’environne- ment de travail.

DES DOUTES SUBSISTENT

Toutefois, malgré cette volonté de changer ce paysage bien ancré sur le sol mauricien, Nicolas Goldstein, cofondateur de Talenteum.Africa, explique que le pays n’a pas complète-

ment su saisir cette opportu- nité avant la pandémie. Pour cause, il est d’avis que les en- treprises avaient une crainte à l’égard des performances des employés et avaient ainsi des doutes sur les nouvelles structures qui accompagnent le télétravail. Plus encore, il explique que certains em- ployés ont du mal à se créer un environnement propice au tra- vail quand ils sont à la maison.

«L’employé doit pouvoir res- pecter ses horaires, ou encore préparer son espace de travail. Il doit avoir un endroit favorable au travail et à la concentration,semblable au bureau. Pour ce qui est de l’employeur, il doit aussi respecter les horaires de travail de son employé. De surcroît, il doit fournir les outils qui vont permettre de travail- ler dans les mêmes conditions qu’au bureau», souligne-t-il.

De plus, estime Nicolas Goldstein, la maîtrise des nou- veaux outils informatiques est reconnue et appréciée par les employeurs. «Quand une per- sonne est à l’aise avec la tech- nologie, elle saura davantage se débrouiller», insiste-t-il. Aussi, la qualité des outils mis en place pour faciliter la pratique

du travail à domicile est déter- minante pour le succès de cette nouvelle organisation.

Si valeur du jour, pris de court par la crise, les sala- riés opèrent avec les moyens de bord, il n’en demeure pas moins que dans le monde d’après, où le travail à distance pourrait devenir la norme, ils devront s’équiper adéquate- ment pour transformer leur chez-soi en véritable espace professionnel. Durant le confi- nement, le Work from home a boosté la vente d’ordinateurs et d’autres équipements in- formatiques. «On a une très forte demande pour les ordina- teurs portables depuis l’annonce du confinement au point qu’on a vendu tout notre stock. Aussi, on a eu plusieurs demandes par la suite mais il n’y avait plus de stock disponible et plus de nouvel arrivage de laptops

de la marque HP. Il ne fait plus aucun doute qu’il y aura plus de demande en ce qui concerne les ordinateurs portables et les équipements fiables», indique Neemalen Gopal, IT cluster director de Leal Group. Il sou- ligne que pendant le confi- nement, la plupart de ses employés ont pu être opé- rationnels de chez eux. «En offrant une connexion à dis- tance à nos employés, on a tenu compte des besoins de sécurité pour réduire les risques asso- ciés aux hackers. Un élément auquel beaucoup de sociétés n’accordent pas suffisamment d’importance», précise-t-il.

«Avec le couvre-feu sani- taire, les arrivages de produits ont été affectés. Les prix ont augmenté, plus précisément à cause de la dépréciation de la roupie mauricienne. Cependant, avoir plusieurs distributeurs

permet à nos clients d’avoir un choix plus vaste. On suit de près l’évolution des prix et le stock pour répondre aux besoins du marché», indique, pour sa part, Shaleenee Luximon, de Zenitec de Madsum Company, uneboutiqueenlignequivend des équipements informa- tiques. Pour ce faire, le client a le choix d’acheter directe- ment sur le site ou de prendre contact avec la société par e-mail ou en faisant un appel téléphonique, que ce soit par WhatsApp ou Messenger. La livraison se fait dans un délai de trois jours.

Le travail à domicile est l’avenir post-Covid-19. Il est tout à fait réaliste de suppo- ser que le passage au bureau à domicile deviendra la nou- velle norme pour beaucoup d’entre nous pendant un certain temps.

Création de nouveaux postes

Selon Nicolas Goldstein, le télétravail permet aussi de créer de nouveaux postes dans les entreprises, à savoir le Community builder. Ce poste consiste à être le médiateur entre

les employés et les employeurs. De plus, le Community Builder doit faire un suivi avec chaque personne afin de vérifier si

ses besoins ont été pris en compte, et il doit pouvoir faire le suivi des activités de l’entreprise. Il fait souvent partie de l’équipe des ressources humaines. confinement»

Relation de confiance

Le télétravail repose avant tout sur la confiance mutuelle. Tout bonnement, certaines limites

ne doivent pas être franchies, aussi bien par l’employeur que par l’employé.

«Les entreprises doivent pouvoir vérifier les performances de leur personnel. Dans l’autre sens, l’employé doit aussi comprendre qu’il n’y a aucune nécessité de sa part d’opérer à des horaires supplémentaires»,

soutient Nicolas Goldstein. Ainsi, une relation de confiance doit s’installer entre les deux parties. L’une doit éviter d’abuser de son pouvoir, et l’autre doit tenir ses engagements.