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Tibo & Zia s’offre une seconde chance hors de Maurice

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Tibo & Zia s’offre une seconde chance hors de Maurice | business-magazine.mu

Terrassée par l’arrivée, il y a trois ans, d’un géant du prêt-à-porter pour enfants, la marque locale de renom fermera boutique à Maurice dans quelques jours. L’avenir, selon la fondatrice, Diane Maigrot, se trouve désormais en Afrique du Sud.

Devenue une référence locale du prêt-à-porter pour enfants depuis sa création par Diane Maigrot en l’an 2000, l’enseigneTibo& Zia fermera définitivement ses boutiques à Maurice et en Guadeloupe fin juillet. Principal motif : une situation financière critique, provoquée par l’arrivée, en 2013, du géant français Orchestra, qui compte quelque 450 magasins à travers le monde.

Jusqu’en 2013, Tibo & Zia était encore profitable, une santé financière se traduisant par l’extension de son réseau de magasins : après une première boutique à Curepipe en l’an 2000, quatre autres allaient voir le jour, notamment deux dans la capitale – dont une au Caudan Waterfront –, puis deux de plus au Bagatelle Mall of Mauritius et à Tamarin. «Dès 2003, la marque commence à se faire connaître et à être appréciée car elle propose des produits de qualité, confectionnés localement. À ce moment-là, les marques de vêtements pour enfants sont rares à Maurice de sorte que Tibo& Zia trouve rapidement sa place sur le marché», explique Diane Maigrot. Dans la foulée, l’entreprise va même jusqu’à établir un contrat de franchisage avec un partenaire en Guadeloupe, où une boutique Tibo& Zia est également créée. La marque mise, par ailleurs, sur un renouvellement constant de son offre et des stylistes sont recrutés pour concevoir de nouvelles collections toutes les six semaines.

À partir de juillet 2013, toutefois, l’ouverture d’un magasin Orchestra à Bagatelle vient porter un véritable coup de massue à l’entreprise de Diane Maigrot. Selon cette dernière, cela ne fait aucun doute : c’est bien la présence de l’enseigne française sur le marché local qui a entraîné la chute de Tibo& Zia. La compagnie ne tarde pas à subir une perte de 50 % de ses parts de marché au bénéfice d’un compétiteur qui cible la même clientèle qu’elle : la tranche d’âge de 0 à 14 ans. Atout majeur de ce concurrent présent dans une cinquantaine de pays, le concept «Club Orchestra» donnant accès à des réductions de 50 % sur les articles contre une cotisation annuelle peu élevée. «C’est ce qui a commencé à nous tuer petit à petit. On n’a pas su se battre par manque de moyens financiers, d’organisation et aussi de soutien de la part des clients qui nous ont délaissés pour les produits bien moins chers d’Orchestra», soutient Diane Maigrot.

Avec le recul, notre interlocutrice pense qu’elle aurait dû fermer Tibo & Zia dès l’arrivée d’Orchestra à Maurice car son entreprise brassait un chiffre d’affaires de près de Rs 20 millions avant 2013 et écoulait entre 60 000 et 80 000 pièces par an. Diane Maigrot déplore qu’une petite entreprise locale, qui a été pourtant leader sur son créneau d’activité, ne puisse rivaliser avec des sociétés de l’envergure d’Orchestra. Ces dernières, poursuit Diane Maigrot, peuvent se permettre de vendre leurs produits à des prix beaucoup plus compétitifs, les volumes écoulés leur étant favorables. Aussi plaide-t-elle pour un plus grand soutien des autorités envers les entrepreneurs locaux.

Pour la fondatrice de Tibo & Zia, si sa marque survit à l’avenir, ce sera en Afrique du Sud. Encouragée par sa participation à un salon d’Enterprise Mauritius en mars dernier, elle ouvrira prochainement, à titre d’essai, un magasin à l’hôtel Coco De Mer, à Ballito, au nord de Durban. Puis, dépendant de la demande, Diane Maigrot envisagera éventuellement la création d’une autre boutique.

En offrant à Tibo& Zia une nouvelle chance en Afrique du Sud, l’entrepreneure pourra «continuer de travailler avec les cinq petites usines auprès desquelles nous sous-traitons nos opérations mais les quantités baisseront drastiquement». Diane Maigrot prévoit quatre collections de 2 000 pièces par an à l’intention de sa clientèle sud-africaine tout en n’excluant pas l’idée de produire pour des revendeurs ou des boutiques d’hôtel à Maurice.