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Tic: urgente nécessité d’assurer la compétitivité de l’industrie

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Tic: urgente nécessité d’assurer la compétitivité de l’industrie | business-magazine.mu

Assurer la croissance dans les Tic, avec un taux projeté de 10 % dans le secteur en 2017-2018, pour contribuer à une économie mauricienne plus dynamique. C’est le souhait du Premier ministre et ministre des Finances, Pravind Jugnauth.

L’ambition du gouvernement est de faire du pays une île Maurice numérique en promouvant une nation de Digital Entrepreneurs et, à travers les mesures énoncées dans le Budget présenté jeudi, Pravind Jugnauth propose un meilleur écosystème et introduit des mesures pour faciliter cette transformation. Il fait ressortir que le plan stratégique triennal 2017-2020 s’appuie, entre autres, sur les Tic comme moteur de croissance.

Pravind Jugnauth souhaite ainsi encourager les entreprises à utiliser Maurice comme une plate-forme pour leurs services, d’où la mise sur pied annoncée d’une plate-forme Cloud Computing «plug and play» afin d’attirer davantage d’investisseurs à venir à Maurice. De plus, comme incitation, un Innovator Occupation Permit sera attribué aux start-up dont au moins 20 % des dépenses opérationnelles sont destinées à la recherche et au développement et une amnistie fiscale d’une durée de huit ans sera accordée aux nouvelles compagnies s’engageant dans la propriété intellectuelle et le développement de produits high-tech. Il a ajouté qu’il n’y aura pas de Land Transfer Tax, ni de registration duties pour les sociétés s’engageant dans le high-tech.

Lors de son grand oral, il n’a pas caché son désir de faire du pays un Fintech hub, à l’instar de l’Innovative Finance London. «Maurice doit devenir un Fintech hub et en récolter les bénéfices», lance-t-il. Pour ce faire, la création d’une Fintech Association facilitera les relations avec les institutions internationales. La Financial Services Commission mettra aussi en place des règlements pour réguler les activités de la finance technologique. Pour Vidia Mooneegan, Senior Vice President and Managing Director de Ceridian, faire converger les Tic et les services financiers en une industrie Fintech est une bonne chose et devrait ouvrir des opportunités et de nouvelles perspectives pour le pays. La Fintech Association devrait aussi œuvrer à faire de Maurice le Fintech hub de l’Afrique.

Dans le but de booster le secteur des Tic/BO, le prix de la bande passante internationale (International Private Leased Circuits – IPLC – et Global Multiprotocol Label Switching Services) baisse de 15 % dès le 1er juillet 2017 – la dernière baisse remonte à janvier 2015 et les tarifs pour l’IPLC étaient alors passés de 2 500 à 2 000 dollars. L’objectif visé est de booster les Tic/BPO en baissant les prix d’au moins 50%. À ce propos, Vidia Mooneegan est d’avis que la baisse du prix de l’IPLC de 15 % va certainement aider le secteur, «mais nous devons accélérer la mise en place du troisième câble à fibre optique et faire abaisser encore le coût de la bande passante». À noter qu’une augmentation de 10% de l’accès au haut débit fait grimper la croissance du PIB de 1,4 %.

Rappelons que l’appel d’offres concernant un nouveau câble de fibre optique pour assurer au pays de la redondance à Internet vient de prendre fin. Outre Rodrigues, qui bénéficiera bientôt de l’Internet à haut débit, à travers le câble à fibre optique IOX, une connexion Internet de 10 mb/s sera bientôt disponible à Agalega. Pour revenir à Maurice, le gouvernement prévoit de faire passer la capacité de la bande passante pour les foyers de 68 % en 2016 à 79 % en 2017-2018. Ce même chiffre sera porté à 92 % en 2018-2019 pour atteindre 109 % en 2019-2020.

L’Open data portal sera une réalité cette année. La mise en place de cette plate-forme Cloud vise à encourager les nomades en informatique à travailler de n’importe où. Cette facilité permettra, par ailleurs, l’introduction du télétravail à Maurice. Le ministre annonce un amendement en ce sens à la loi pour que cela se concrétise au plus vite. À travers cette nouvelle politique de permettre aux employés de travailler de chez eux, le ministre des Finances vise également les femmes, qu’il souhaite attirer dans le monde du travail. Les entreprises seront aussi encouragées à permettre à leurs employés de travailler à domicile.

Cette plate-forme commune Cloud, qui sera connue sous l’appellation Mauricloud, servira aussi à mettre à la disposition du public des services pour la soumission, la vérification et la certification de documents soumis électroniquement. À noter que Mauritius Telecom vient d’obtenir le contrat Skygovnet network – il coûtera Rs 141,5 millions sur trois ans – pour relier tous les ministères, départements gouvernementaux et organismes parapublics à un serveur central.

Combattre le skills mismatch

Le National Computer Board (NCB) s’engage à travers le Digital Youth Engagement Programme à encourager les jeunes à devenir des codeurs. Ces derniers pourront, après leur formation par le NCB, créer des codes informatiques et concevoir des applications. De plus, des compétences dans les nouvelles technologies telles que la robotique, le Big Data et les objets connectés seront assurées au Réduit Polytechnic Centre. L’objectif est d’augmenter le nombre d’emplois dans les Tic de 23 000 en 2016 à 30 000 en 2020 et 50 000 en 2030.

Nous avons une industrie basée sur le savoir où le talent est essentiel et nous devons attirer des établissements d’enseignement supérieur étrangers de renom à s’implanter à Maurice, insiste Vidia Mooneegan, qui ajoute que la mesure budgétaire soulignant que les bâtiments construits pour abriter une institution d’enseignement supérieur seront exemptés de TVA «est un grand pas en avant».

Tenant compte du marché d’exportation, Pravind Jugnauth a précisé l’engagement du gouvernement à se conformer au General Data Protection Regulation de l’Union européenne à travers des amendements à la Data Protection Act. Cela facilitera, entre autres, l’uniformisation des échanges d’informations et encouragera les compagnies à utiliser le pays comme une plate-forme. Ce sera une réalité en 2018, indique-t-il. «L’amendement du ‘Data Protection Act’ est important pour le secteur de l’externalisation (BPO) et la MITIA l’accueille favorablement. L’Open Data Portal ainsi que le travail à domicile sont cependant des évolutions naturelles, comme préconisé par la Banque mondiale», souligne Dev Sunnasy, président de la Mauritius Information Technology Industry Association (MITIA).

Sur le plan de l’exportation, Dev Sunnasy se dit très satisfait de la création de l’Economic Development Board (EDB) qui sera aussi une agence de promotion pour l’exportation nationale et ce, afin d’optimiser nos chances et de mutualiser les ressources et les moyens. «Je suis confiant que le secteur des Tic/BPO y aura une présence. Le numérique concerne tous les secteurs et permet de faire des économies, de gagner en efficacité et en productivité», déclare-t-il.

Tout en saluant l’introduction de l’EDB et du Business and Investment Platform for Africa, les mesures annoncées, fait ressortir Dev Sunnasy, devraient être soutenues par un ’strategic development team’ pour créer un impact dans la société. La révision annoncée du Procurement Act, ajoute-t-il, est une mesure attendue depuis des lustres car trop de projets sont annulés : «Je me demande si on utilise ne serait-ce que 50% du budget de développement dans les technologies

Arnaud Dalais, Chairman de Business Mauritius, note pour sa part que ce budget contient beaucoup de mesures positives pour stimuler tous les secteurs de notre économie tout en privilégiant la recherche, la technologie de pointe et l’innovation.

Rs 50 M pour la recherche

Pour encourager l’innovation, le gouvernement s’attelle à promouvoir la recherche dans les universités. Rs 50 millions iront ainsi au Research Fund, qui sera géré par la Tertiary Education Commission. Le Mauritius Research Council sera, pour sa part, restructuré pour être connu comme le Mauritius Research and Innovation Council (MRIC). Le board du MRIC comprendra une meilleure représentation du secteur privé et les parties prenantes concernées. Le MRIC gérera un fonds national d’innovation et de recherche destiné à financer la recherche dans les institutions publiques et privées. Son rôle sera aussi de créer un Mauritius Research Repository, auquel le public aura accès. L’Industrial Property Office intégrera le MRIC. Les entreprises pourront réclamer une double déduction pour des dépenses admissibles en Research and Development.

Se réinventer

Vidia Mooneegan, Senior Vice President and Managing Director de Ceridian, n’en démord pas. Pour lui, le secteur des Tic est à un point d’inflexion, d’où le besoin de se réinventer. Les avantages du passé basés principalement sur la stabilité politique et une main-d’œuvre accessible n’ont plus cours. Il se dit néanmoins globalement satisfait des mesures annoncées mais, fait-il remarquer, tout dépendra de la qualité et de la rapidité de leur mise en œuvre. Maurice, poursuit-il, doit proposer des produits technologiques qui peuvent se vendre sur le marché international. Les différentes mesures incitatives ainsi que la double déduction pour les projets Recherche & Développement (R&D) validés encourageront les entreprises existantes à investir dans la recherche tout en attirant davantage d’investisseurs à s’implanter à Maurice.