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Restauration : Le secteur résilient dans ce contexte de forte inflation

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Le secteur de la restauration tient bon face à la hausse des prix alimentaires dans ce contexte de forte inflation. Pour se maintenir à flot, certains revoient leurs menus tandis que d’autres cherchent des créneaux plus porteurs. Mais des difficultés de recrutement touchent également ce secteur.

LE SECTEUR de la restauration affiche de la résilience face à l’envolée des prix. Malgré un retour prometteur de l’activité de consommation, la flambée du coût de la vie affecte la croissance des activités des restaurateurs dans un contexte de forte inflation, 11,8 % selon les derniers chiffres de Statistics Mauritius.

Aux restaurants Great Delight, situés à Belle Rose et Rose Belle, Dirish Noonaram se dit grandement affecté par l’augmentation des prix de nombre de produits comme les fruits de mer, l’agneau, le riz et même les légumes. «Dans l’alimentaire, les opérateurs ont augmenté leurs prix, certains répercutant intégralement cette hausse sur le client final, d’autres partageant les surcoûts entre eux et les clients. Alors que la première option peut causer une perte de clients, la seconde option entraîne une marge inférieure. De nombreux opérateurs ont profité de cette situation pour gonfler leurs marges au détriment des clients finaux. Great Delight a fait le choix de maintenir ses prix constants au cours des 12 derniers mois. Ce n’est que récemment que nous avons été contraints de revoir nos prix pour pouvoir rester à flot. Ce faisant, nous avons revu notre menu et notre offre pour rester compétitifs et offrir une proposition de
valeur», explique-t-il.

Il est rejoint dans ses propos par Nirmala Moodelly, propriétaire du restaurant La Riviere. Celle-ci déplore que les prix restent élevés malgré l’achat des produits en gros comme le riz, l’huile et les surgelés, entre autres. «La viande, par exemple, fait partie de nos principales denrées. Nous en achetons à un prix élevé et nous ne pouvons ainsi pas maintenir le prix de notre menu au risque de faire des pertes. Mais nous ne pouvons pas travailler à un niveau de profit élevé au risque de perdre nos clients. Avec l’inflation des prix, les gens ont tendance à privilégier les plats à bas prix», constate-t-elle.

Daniel Bronkhorst, General Manager de CG Royal Foods, appartenant au groupe Hyvec et représentant de la marque Burger King à Maurice, rappelle que l’augmentation des prix affecte l’ensemble de l’industrie, et encore plus à Maurice en raison de l’éloignement de l’île de ses principaux fournisseurs ainsi que des restrictions sur l’importation. «Le dollar qui grimpe ainsi que les intérêts à la banque font flamber les prix des matières premières mais nous faisons tout pour maintenir ceux de nos produits. Nous avons des systèmes en place pour suivre tous nos prix d’entrée et ceux de nos concurrents. Cela nous permet de prendre des décisions éclairées pour maintenir la qualité de nos produits et toujours les proposer à des prix abordables», fait-il savoir.

Le directeur des opérations de Makatcha Ltd (Baudelaire By Sailors), Shone Moothoosamy, remarque que les clients se soucient plus de la qualité que du prix. «Il est vrai que nous avons connu une augmentation du prix de nos produits, et c’est compréhensible.» Venna Pavaday de Cafe LUX* – Bagatelle, Trianon et Cascavelle – concède qu’ils ont augmenté leurs prix l’année dernière à la suite de l’augmentation des produits de base qui sont utilisés pour le café et les gâteaux. «Nous avons cependant par la suite décidé de maintenir nos prix malgré de nouvelles augmentations dans l’industrie. Alors que nous travaillons sur des marges plus faibles, nous avons décidé d’absorber toute augmentation supplémentaire afin de ne pas pénaliser davantage le consommateur final.»

SECTEUR EN CROISSANCE

Venna Pavaday constate qu’avec la Covid-19, les modes de consommation et les comportements ont changé. Les consommateurs, dit-elle, optent pour des produits de meilleure qualité et des options plus saines. Par exemple, de nouveaux produits tels que des milkshakes fraîchement préparés ont été l’un des articles les mieux vendus. «En ce qui concerne le marché du café, la Covid-19 a eu des impacts désastreux sur les entreprises car l’option d’utiliser des plateformes de commerce électronique pour maintenir les ventes ne pouvait pas être envisagée. Les cafés sont principalement destinés à la consommation sur place et les magasins n’ont pas pu fonctionner pendant le confinement», explique-t-elle.

Le marché du café, soutient- elle, est sur une tendance croissante. Une augmentation des ventes est ainsi attendue cette année par rapport à l’année dernière. Elle s’attend même à ce que ce marché continue de croître au cours des 5 à 7 prochaines années.

Dirish Noonaram de Great Delight partage que la meilleure chose qui a émergé de la Covid-19 est l’aspect technologique, poussant les restaurants, les établissements de restauration rapide et même les épiceries à se réinventer et mettre en place des solutions pour garantir que leurs entreprises continuent de fonctionner pendant les deux confinements. En ce sens, le secteur a fait en quelques mois ce qu’il aurait naturellement fait peutêtre en cinq ou six ans. La livraison, la commande en ligne, un service plus rapide sont autant d’impacts positifs de la Covid-19 dans la restauration.

«Je crois que nous avons maintenant atteint des niveaux pré-Covid. Aujourd’hui, les gens mangent plus souvent au restaurant qu’avant la Covid-19 selon une étude récemment publiée par la société d’études de marché VERDE. En fait, l’industrie de la restauration devrait croître encore pour dépasser les niveaux pré-Covid. Malgré les pressions inflationnistes, le secteur alimentaire est en croissance», dit-il.

Nirmala Moodelly du restaurant La Riviere ressent toujours l’impact de la Covid-19. Elle s’évertue à maintenir les prix afin d’attirer plus de clients. Car le restaurant fonctionne à 60 – 75 % avec les difficultés financières auxquelles font face les clients. Même constat pour Baudelaire by Sailors qui s’en sort avec des difficultés. «La raison est basée sur la confiance que nous avons bâtie avec nos clients. Nous nous sommes entraînés à travailler avec plus de produits locaux et à découvrir de nouveaux plats étonnants.»

LE CASSE-TÊTE DU MANQUE DE PERSONNEL

La restauration, à l’instar de plusieurs secteurs, a des difficultés à recruter. Shone Moothoosamy constate, de plus, que le personnel compétent et formé envisage de partir à l’étranger. Pour le propriétaire de Great Delight, trouver du personnel compétent est un éternel tracas. «Les salariés cherchent aujourd’hui plus de proximité avec leur lieu de travail et sont moins enclins à travailler de longues heures comme auparavant. Du personnel qualifié se fait rare et ceux disponibles sont souvent trop chers pour un service rapide ou des restaurants décontractés. Comme d’autres, nous en fait venir de l’étranger. Cependant, les exigences administratives sont fastidieuses et longues. C’est un obstacle pour de nombreuses entreprises comme la nôtre.»

À Café LUX*, Venna Pavaday précise que dans les points de vente, certains sont avec eux depuis quatre ans ou plus. Ils sont appelés les membres de l’équipe de base. Cependant, le chiffre d’affaires est toujours élevé et le recrutement est très compétitif, les personnes faisant des allers-retours entre les autres marques de cafés de l’île. Une option envisagée consiste à importer de la main-d’oeuvre de l’étranger pour résoudre ce problème.

Du côté du restaurant La Riviere, l’emploi à Maurice a été significativement affecté. N’ayant pas travaillé pendant le confinement, Nirmala Moodelly observe que de nombreux travailleurs étaient au chômage et ont dû se tourner vers d’autres secteurs ou partir à l’étranger.

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