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Économie numérique: relever le pari de la connectivité

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Économie numérique: relever le pari de la connectivité | business-magazine.mu

Les opérateurs du secteur des Tic sont globalement satisfaits. L’amélioration de la connectivité est la voie à suivre pour permettre au pays de devenir une société numérique. Mais il faudra aussi créer les conditions pour permettre aux jeunes entrepreneurs de s’épanouir pleinement.

En 2000, les autorités se lançaient dans un ambitieux projet : faire de Maurice une cyber-île. Depuis, nous avons franchi plusieurs étapes majeures dans la concrétisation de cet objectif comme l’émergence de la technopole d’Ébène et l’investissement dans le câble à fibre optique SAFE qui nous a permis de basculer dans l’ère du numérique en ayant accès à Internet de haut débit.

Aujourd’hui, il faut franchir un nouveau cap. Dans le Budget, le ministre des Finances a annoncé des investissements publics dans l’installation de deux nouveaux câbles optiques. Le premier projet concerne l’investissement dans un troisième câble sous-marin. Il sera réalisé par un consortium mené par Mauritius Telecom. Le deuxième projet est piloté par un consortium composé de sept opérateurs télécom de la région. Parallèlement, le programme Fibre to the Home de Mauritius Telecom sera accéléré avec l’objectif de connecter toute l’île d’ici à décembre 2017. Autre projet : l’installation de 250 bornes Wi-Fi à travers l’île.

Un investissement payant

Commentant les mesures budgétaires pour les Tic-BPO, Ken Arian, vice-président et porte-parole de l’Outsourcing &Telecommunications Association of Mauritius (OTAM) et Senior Manager d’Activeline, concède que le Grand argentier a fait le bon choix en investissant dans la connectivité numérique. «Il existe une corrélation entre Internet de très haut débit et la croissance. Cet investissement paiera à l’avenir», soutient-il. Toutefois, il s’interroge sur la décision de confier l’installation d’un câble sous-marin à Mauritius Telecom. «Les opérateurs cherchent à être plus compétitifs sur le marché international, mais il faut un réel effort pour la démocratisation de l’accès à Internet», souligne-t-il.

Il salue également la volonté affichée par le gouvernement de revoir le système éducatif pour mieux préparer les jeunes aux exigences de la vie professionnelle. Inclure dans le curriculum des matières  sur la créativité et l’innovation et créer une faculté dédiée à la technologie numérique et l’ingénierie informatique ne peuvent qu’avoir des retombées positives dans les années à venir. Il demande aux autorités de rencontrer les opérateurs des Tic pour identifier les attentes des employeurs afin de préparer les jeunes au monde du travail. Valeur du jour, les employeurs recherchent surtout des diplômés avec des compétences dans le développement d’applications web et mobiles, mais aussi la sécurité informatique qui devient de plus en plus importante avec l’apparition de la signature digitale à Maurice. Ken Arian souhaite, par ailleurs, que l’État s’engage davantage dans des partenariatspublic-privé afin de relancer de concert avec le privé, la croissance dans ce secteur.

Pour sa part, VidiaMooneegan, Managing Director de Ceridian, est d’avis que le Budget contient des mesures encourageantes, mais qu’il faudra veiller à leur mise en œuvre. Dans le même souffle, il plaide pour des consultations élargies avec le secteur privé. Il souhaite que la tâche de développer 50 e-services pour faciliter l’interaction entre le citoyen et le secteur public soit confiée à des entrepreneurs privés. À ce jour, les services gouvernementaux ont développé un certain nombre de projets informatiques qui auraient pu être confiés à nos entrepreneurs.

Vidia Mooneegan approuve le projet de réforme du National Computer Board qui est très souvent responsable de l’exécution des projets du ministère des Tic. Il accueille également favorablement la création d’une Skills Development Authority qui, espère-t-il, viendra de l’avant avec des propositions valables pour favoriser l’émergence d’une économie numérique. L’accent sur la connectivité numérique permettra à de nombreux entrepreneurs de travailler à partir de chez eux au lieu de louer un bureau parfois à un prix onéreux, ajoute-t-il.

Suyash Sumaroo directeur de Codevigor, une PME qui a développé un système de documentation en ligne à travers le cloud Document.mu, voit dans le Budget des mesures intéressantes, comme le National Payment Switch. Ce système permettra de réellement lancer l’e-commerce en rendant possibles les paiements en ligne. Les paiements par chèque pourront de plus se faire rapidement au lieu d’attendre trois jours.

Il critique toutefois le manque de considération accordé aux développeurs de logiciels. «La plupart des logiciels disponibles sur le marché viennent de l’étranger. Pourtant, nous avons le talent nécessaire à Maurice pour développer des logiciels», fait-il remarquer.

Dhiruj Rambaran, spécialiste de l’e-commerce, directeur et concepteur de Shoponline.mu, est d’avis que le gouvernement a fait preuve de vision en pensant à la création d’une plateforme en ligne pour vendre les produits mauriciens. Mais il estime que confier ce projet à la Mauritius Export Association (MEXA) est un mauvais calcul. «Il ne faut pas confier ce projet à des consultants, mais à des professionnels qui ont le savoir-faire pour opérer une plateforme d’e-commerce», insiste-t-il.

Les opérateurs disent cependant regretter qu’aucune mention n’ait été faite dans le Budget sur les incubateurs qui sont essentiels pour l’émergence de start-up.