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COVID-19 : Journal d’une Mauricienne confinée, J-14

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COVID-19 : Journal d’une Mauricienne confinée

«C’est moi l’homme de la maison, donc c’est moi qui irais», nous lance papa qui s’était déjà préparé pour l’aventure la plus périlleuse de sa vie. «Mais c’est toi le plus vieux de nous tous. Alors tu ne bouges pas d’ici s’il te plaît», lui répond ma sœur d’un ton tellement ferme qu’il lui est limite impossible de riposter.

7 heures. Le réveil est brutal. Coincée car en visio-conférence avec ses collègues, ma sœur a fini par se désister à la dernière minute. Et comme maman est trop angoissée et panique beaucoup trop (bien plus que moi), on a trouvé judicieux qu’elle reste à la maison pour éviter tout risque. C’est papa et moi qui irons finalement nous jeter dans la gueule du Covid… pardon, loup.

7 h 05. Direction la salle de bains pour un ravalement de façade vite fait. On enfile notre attirail de sortie devenu obligatoire : gants, masque, chapeau, manteau et baskets. Et dix minutes plus tard, nous voilà en route.

Notre premier arrêt : l’un des plus grands supermarchés de la région. Quelque cinq cents personnes dans la file d’attente. Bye Bye Charlie ! Quel dommage. Moi, qui adore slalomer dans les rayons de supermarché avec mon caddie en prenant tout mon temps. Mais bon, on nous avait prévenus : 30 minutes de courses, ravitaillement de base et c’est tout.

8 h 15. Deuxième arrêt. +500 personnes. Une file d’attente qui commence près du supermarché à Vacoas et qui prend fin à Bonne-Terre. Passer plus de trois heures au soleil ? Non merci. La situation commence vraiment à devenir stressante et pesante. Les rues sont bondées de gens. Difficile de trouver un endroit pour se garer. Et pas question de rentrer bredouille. Il nous manque justement les provisions de première nécessité à la maison.

9 h 30. Après avoir fait le tour des grandes enseignes, on se dit qu’on aurait peut-être plus de chance à trouver de quoi tenir jusqu’à la prochaine opération ravitaillement à la supérette du coin. Hop, on y va ! Et là, surprise, dix personnes dans la file d’attente. Je n’ai jamais été aussi heureuse de ma vie ! On fait vite le plein de denrées de base : farine, lait, huile, beurre, quelques produits surgelés, mais pas de pain. Mais on ne va pas en faire un drame puisqu’il y a quand même des biscuits à la maison.

Fin de l’aventure. Opération ravitaillement réussie. Mission commando rentre au bercail. Les retrouvailles sont épiques. Papa et moi sommes tous fiers de nous. En véritable mère poule, maman nous asperge bien évidemment de solution désinfectante et lave soigneusement tous les emballages des aliments achetés.

Une bonne douche pour éliminer toutes les éventuelles particules malsaines. Puis direction la salle de télé pour me faire une pause Netflix bien méritée. On a de quoi manger, tout le monde est à l’abri et pour une fois, on n’aura autre chose que des pâtes au dîner. Mais si je peux vous donner un conseil… Faites comme maman et dans la mesure du possible #restolakaz. Y’a pas mieux, croyez-moi.