Georges Chung Ming Kan : « La façon dont les entreprises font du business doit changer »

Georges Chung Ming Kan, Senior Partner à BDO, est l’un des deux administrateurs chargés d’assainir les finances du Meritt Holdings. Il met ici l’accent sur les responsabilités qui lui sont imparties et la priorité accordée à l’achèvement des travaux au Meritt Elipsis.

BUSINESSMAG. Le Meritt Holdings a récemment été placée sous administration. Quel est exactement le rôle des administrateurs en pareille situation? 

Un administrateur est nommé lorsqu’une entreprise se trouve dans une situation d’insolvabilité ou fait face à un manque de liquidité. La responsabilité principale d’un administrateur est de tout mettre en œuvre pour que l’entreprise concernée puisse avoir une chance de continuer d’exister. Cela en ramenant un investisseur, en trouvant un accord avec les créanciers ou les deux à la fois, tout en se focalisant sur les solutions qui pourraient régler le problème de liquidité et d’insolvabilité de la compagnie en question. Si cela est impossible, il faut alors trouver la meilleure solution pour les créanciers et les autres parties prenantes.

Lorsqu’une entreprise est placée sous administration, les administrateurs prennent le contrôle de ses activités et de ses biens. Ils examinent les affaires de l’entreprise et tentent d’identifier le meilleur moyen de la sauver dans l’intérêt des créanciers, des employés et de toutes les parties prenantes.

Au cours de ce processus, aucune action légale ne peut être entamée ou poursuivie sans l’accord d’une cour de justice. Cela offre à l’entreprise une protection qui lui permet de trouver une solution afin de sortir de cette mauvaise passe financière.

BUSINESSMAG. Plusieurs repreneurs se sont manifestés relativement au projet du Meritt Elipsis, à Trianon. À quel stade en sont les discussions à ce niveau ? 

Les discussions avec d’éventuels repreneurs se poursuivent et nous espérons sincèrement qu’un résultat positif en découlera. D’ici trois à quatre semaines, nous devrions avoir une vision plus claire de la situation. Celle-ci est d’autant plus délicate qu’il y a de nombreux créanciers : les banques, le contracteur, ceux qui ont fait l’acquisition des appartements, d’autres créanciers et les actionnaires. En outre, la structure des différentes entités rend le sauvetage encore plus complexe. Il s’agit d’un véritable défi mais je suis convaincu à 90 % qu’une solution satisfaisante pour toutes les parties impliquées sera trouvée.

BUSINESSMAG. Quels sont les recours de ceux qui ont fait l’acquisition d’un des appartements du Meritt Elipsis dont la construction est actuellement suspendue?

Il est encore trop tôt pour évoquer un possible recours légal. Nous travaillons en ce moment sur un plan d’action dont le but est de s’assurer que les travaux de construction seront complétés et que les appartements seront livrés aux acheteurs. C’est l’objectif que nous nous sommes fixé et nous mettons tout en œuvre pour l’atteindre.

BUSINESSMAG. Les acheteurs peuvent-ils espérer obtenir une compensation quelconque au vu du retard qu’accusent l’achèvement des travaux et la livraison des appartements?

Comme je l’ai déjà dit, il est encore trop tôt pour entamer des procédures légales. Je suis d’avis que cela n’apporterait rien de bon à ce stade. Au contraire, cela ne ferait que nuire à nos efforts et déboucher sur une liquidation, ce qui serait le pire scénario possible. Heureusement, nous sommes aujourd’hui loin d’une telle éventualité.

BUSINESSMAG. Bon nombre d’entreprises ont été placées sous administration depuis le début de l’année. Quelle lecture faites-vous de la situation économique locale ? 

Maurice étant petit, le marché y est très compétitif. Il faut ajouter à cela le pouvoir d’achat limité de la population ainsi qu’un marché lui-même très limité. Résultat : les perspectives de croissance sont elles aussi limitées. Il est un fait que les frais généraux auxquels sont confrontées les entreprises sont de plus en plus difficiles à supporter. Je pense que la façon dont les entreprises font du business doit changer. Les entreprises locales doivent innover et utiliser les dernières technologies, se positionner sur le marché de manière claire, améliorer leur visibilité et surtout s’assurer que les services offerts sont excellents. De par mon expérience, je réalise que beaucoup d’entrepreneurs ont tendance à faire du business avec le cœur plutôt qu’avec la tête.