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François Mandroux: « Pour La Réunion, Maurice, c’est un savoir-faire commercial à l’international »

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La troisième édition des Rencontres Réunion/Maurice organisées par le Club Export Réunion (CER) se tiendra à l’île soeur les 13 et 14 novembre. Le vice-président du CER nous parle de cet événement annuel dont le thème sera cette fois « Développement durable et biotechnologies ».

BUSINESSMAG. Quels sont les principaux objectifs des Rencontres Réunion/Maurice 2014 ?

Un objectif majeur, c’est de montrer aux décideurs économiques et institutionnels mauriciens la vitrine des savoir-faire de La Réunion dans le domaine du développement durable et des biotechnologies. Il est important de continuer à partager des connaissances et des réflexions sur le développement durable. C’est une approche si essentielle à nos deux îles face aux défis environnementaux, sociaux et économiques qui se présentent à nous.

Le programme de ces rencontres est bâti sur deux axes : conférences, ateliers, rendez-vous B2B, d’une part et visites de sites d’entreprises et de plateaux de recherche de l’autre. Seront abordés : la sécurité alimentaire et sanitaire (Cirad), la santé et le bien-être (Cyroi, visite du cyclotron), le traitement des déchets (Cyclea, Veolia) et l’énergie (Intégrale Ingénierie, TEEO, EDF).               

BUSINESSMAG. Cette année, les participants auront l’occasion de se pencher sur les biotechnologies. Pourquoi avoir choisi ce thème, aux côtés du développement durable ?

Les biotechnologies se définissent par l’utilisation d’organismes vivants – cellules animales et végétales, micro-organismes – dans l’élaboration de nouveaux produits et procédés innovants, notamment en matière de santé (maladies émergentes, sécurité alimentaire), d’indépendance énergétique (biocarburants) et de développement durable. Leurs applications sont d’ailleurs communément divisées en cinq catégories : les biotechnologies jaunes pour l’environnement (traitement des déchets, des eaux usées par les micro-organismes); les biotechnologies vertes pour le végétal (biologie moléculaire, application génétique végétale et animale pour l’agriculture et l’agroalimentaire) ; les biotechnologies bleues pour la vie marine (organismes vivants provenant du milieu marin, avec comme champs d’utilisation : la santé, la cosmétique, l’aquaculture, l’agroalimentaire) ; les biotechnologies blanches pour l’industrie (procédés industriels faisant usage d’organismes vivants) et les biotechnologies rouges pour l’application médicale.

Toutes les sphères de l’économie sont donc susceptibles d’être concernées par les biotechnologies, d’autant plus qu’elles répondent aux défis majeurs de notre temps et sont également source de croissance à forte valeur ajoutée pour Maurice et La Réunion.

BUSINESSMAG. Comment envisagez-vous la collaboration entre Maurice et La Réunion dans ce domaine ?

Par leurs applications transversales, les biotechnologies répondent à des problématiques très variées et communes à nos deux îles. Une approche de type cluster pourrait être une voie de collaboration. Un rapport de l’Agence française de développement (AFD), commandé par la Région Réunion à la demande du vice-président Frédéric Cadet, en trace les premières lignes.

BUSINESSMAG. Quel en sera l’impact sur nos deux économies ?

Un impact très important sur le plan de la valeur ajoutée. Nos petits territoires ne peuvent appliquer les modèles extensifs de croissance, nous devons donc choisir des modèles intensifs et maximiser la création de valeur. D’ailleurs, l’Europe prône cet axe de développement en parlant de « stratégie de spécialisation intelligente » de nos territoires.

Rêvons un peu : et si nous devenions les « Biotech Islands», en attirant et en concentrant les compétences et savoir-faire mondiaux dans ce domaine, à l’instar de la Silicon Valley en Californie, ou bien de Sophia Antipolis à Nice, en France, pour le secteur des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) ?

BUSINESSMAG. À combien se chiffrent les bénéfices des partenariats existants entre La Réunion – et plus largement, la France – et Maurice ?

Maurice est le 8e client de La Réunion et notre douzième fournisseur. Si l’on élargit à la métropole, la France est pour Maurice son premier partenaire commercial – second client après le Royaume-Uni et troisième fournisseur après l’Inde et la Chine. En 2011, nos échanges ont représenté 612 millions d’euros (+5,9 %), avec des exportations de 335 millions d’euros et des importations de 277 millions d’euros (soit un excédent de 58 millions d’euros).

La France est aussi pour l’île Maurice le premier investisseur étranger, plus de 150 filiales et entreprises françaises y étant implantées. Il s’agit également de son premier pourvoyeur de touristes : 400 000 sur 960 000 en 2012, dont 300 000 métropolitains et 100 000 Réunionnais. Enfin, la France est le second bailleur de fonds bilatéral de Maurice – derrière la Chine – à travers l’AFD, laquelle totalise un engagement total supérieur à 500 millions d’euros depuis 2007.

BUSINESSMAG. Selon vous, où en sont actuellement les relations entre opérateurs économiques mauriciens et réunionnais ?

Elles s’améliorent d’année en année et s’élargissent. Si l’on prend l’exemple des Rencontres Réunion/Maurice, elles permettent, parmi d’autres initiatives, aux opérateurs économiques des deux îles de bâtir une relation de confiance et d’imaginer des projets en commun. Ils peuvent en sus mieux comprendre, de manière réciproque, la culture business de Maurice et de La Réunion.

BUSINESSMAG. Que pensez-vous des initiatives de la Commission de l’océan Indien (COI) en vue d’améliorer les échanges dans la région ?

Le travail de la COI est fondamental et donne un cadre institutionnel à la réflexion. Elle ouvre des débats et des pistes de progression. Cependant, c’est à l’Union des chambres de commerce et d’industrie de l’océan Indien de s’assurer que les intérêts du monde économique et du secteur privé soient davantage pris en considération. Et là, il y a des progrès à faire. Cela avait très bien démarré, mais il faut maintenant trouver un second souffle.

BUSINESSMAG. Qu’en est-il du rôle de Maurice en tant que tremplin économique de La Réunion vers l’Afrique ?

Ce rôle est indiscutable en ce qui concerne l’Afrique de l’Est anglophone. Il y a un courant d’affaires entre Maurice et le continent africain mais elle a besoin de renforcer son offre avec des produits et services à valeur ajoutée pour se différencier des autres acteurs internationaux. C’est là où nous pouvons être complémentaires.

Par ailleurs, Maurice, c’est aussi pour La Réunion un savoir-faire commercial à l’international : hub business de l’indianocéanie, elle a un accès préférentiel à un marché global de plusieurs centaines de millions de consommateurs (Southern African Development Community – SADC, Indian Ocean Rim Association –IORA, COI, Common Market for Eastern and Southern Africa – COMESA) et une économie rythmée par de grands groupes qui façonnent le futur de l’île et de sa région.

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