Type to search

Région

Geoffroy Mercier: « Le contexte économique est plus favorable à La Réunion qu’en Guadeloupe »

Share

Tout droit venu des Antilles, Geoffroy Mercier est le nouveau directeur régional de Veolia Eau Réunion. Pour Business Magazine, il revient sur l’environnement de la filiale réunionnaise, son champ d’action et ses perspectives d’avenir.

BUSINESSMAG.Vous êtes en poste depuis plus d’un mois. Comment s’est passée votre prise de fonction ?

Très bien ! J’ai une équipe de travail très motivée, dynamique et jeune. De plus, la société se porte à peu près bien malgré les difficultés et la conjoncture actuelle. C’est très agréable de travailler dans ces conditions.

BUSINESSMAG. Vous étiez auparavant à la tête de la Générale des Eaux de Guadeloupe. En quoi le contexte réunionnais est-il différent ?

Le contexte économique est quand même plus favorable à La Réunion qu’en Guadeloupe. Les collectivités investissent depuis longtemps dans les infrastructures, notamment celles de l’eauet de l’assainissement. Aujourd’hui, nous avons une situation, en ce qui concerne notre métier, qui est relativement favorable, même s’il existe des risques dansl esquels les collectivités ne devront pas tomber dans l’avenir. Mais globalement, on est quand même dans une société et une économie qui fonctionnent. En Guadeloupe c’est beaucoup plus compliqué.Les Antilles traversent une passe difficile parcequ’elles se cherchent au niveau de leur potentiel touristique, industriel, économique. Et les réponses ne sont absolument pas évidentes, aussi  bien au niveau de la croissanceque du marché antillais.

BUSINESSMAG. Quelles sont les principales missions de Veolia Eau Réunion et son contexte opérationnel ?

Veolia est un des acteurs majeurs dans le domaine de l’eau et de l’assainissement à La Réunion. Nous travaillons essentiellement et presque exclusivement pour les collectivités qui nous délèguent le service de l’eau et de l’assainissement (contrats de Délégation de Service Public). Elles nous demandent de prendre en charge ces services et nous le faisons avec tout le sérieux et le professionnalisme possible. Sachant que Veolia est quand même le leader mondial dans le domaine de la gestion de l’eau et de l’assainissement…

Concernant le contexte, nous sommes sur des niveaux d’équipements relativement satisfaisants. Nous avons de nouvelles stations d’épuration (STEP) qui fonctionnent bien et qui protègent l’environnement. Ce n’était pas le cas il y a dix ans. Tout n’est pas parfait mais en tout cas, nous sommes sur une bonne dynamique. Cette dernière est un peu mise en péril aujourd’hui avec la crise, le monde industriel et économique un peu en panne à La Réunion, mais l’essentiel a été fait.

BUSINESSMAG. Et au niveau de la concurrence ?

Le territoire est un peu partagé en deux. Nous avons un concurrent qui travaille presque de la même façon que nous. Nous ne nous faisons pas de cadeaux. Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, nous sommes sur des marchés très concurrentiels. Je pense que c’est tout l’intérêt des collectivités de nous mettre en concurrence et de travailler avec des entreprises privées.

BUSINESSMAG. Concrètement, quelles sont les actions mises en place par Veolia pour remplir ses missions à La Réunion, au-delà des équipements ?

C’est un vaste sujet. Notre cœur de métier, c’est de distribuer de l’eau potable et de collecter les eaux usées pour les traiter dans les stations d’épuration. Mais nos missions ne s’arrêtent pas là. Par exemple, nous avons un vrai devoir de communication vis-à-vis des usagers pour leur expliquer ce qu’est le service de l’eau et de l’assainissement, de façon à ce qu’ils comprennent que cela est nécessaire et a un coût.

Nous avons  aussi des missions de formation par rapport à notre personnel, notammen tsur des équipements qui sont, au fond, de plus en plus modernes et technologiques, et qui vont le devenir davantage. Demain, la ville entière sera remplie de capteurs et l’on mesurera le moindre fluide, la moindre dépense d’énergie supplémentaire qui seront enregistrés, etc. Notre mission, c’est d’accompagner les collectivités dans cette progression environnementale de façon à devenir un peu les leaders de l’environnement sur le département. Il y a des collectivités qui sont plutôt de bons élèves, d’autres sont moins bons, mais le tout c’est qu’on puisse, petit à petit, avoir un environnement protégé et un système d’eau et d’assainissement qui soit efficace. Au niveau du groupe, nous avons pris conscience de la raréfaction des ressources, et nous tendons vers leur préservation et la valorisation énergétique.

BUSINESSMAG. Justement, quelssont les indicateurs mis en place pour mesurer le résultat, l’efficacité de vosactions ?

Nous sommes certifiés ISO 9001 et ISO 14001 sur la station d’épuration du Grand Prado (Ndlr: projet environnemental intégré, de l’épuration des eaux au traitement des boues, sous exploitation de Veolia jusqu’en 2030). Donc, nous avons des indicateurs classiques de qualité. Tout notre travail est mesuré quotidiennement pour savoir si effectivement nous avons le bon niveau de rejet, sitoutes les fuites sont réparées, si les rendements de réseaux sont en progression… Nous mesurons de façon très scrupuleuse tous les indicateurs de performance de notre métier.

BUSINESSMAG. Est-ce qu’à l’heure d’aujourd’hui, les objectifs que vous vous étiez fixé en début d’année sont atteints ?

Globalement, nous remplissons nos objectifs.Nous ne sommes pas dans la production de biens. Nous sommes une entreprise qui se fixe des objectifs annuels et qui doit les atteindre dans le respect et avec toutes les contraintes que cela suppose. Notre principal objectif, c’est que les collectivités continuent à nous faire confiance, à avoir envie de travailler avec nous. Et surtoutr econnaissent notre travail.Aujourd’hui, c’est le cas.

BUSINESSMAG. D’un point de vue général, quels sont vos défis et enjeux environnementaux, notamment liés à l’eau ?

Le premier défi dans l’eau potable, c’est économiser l’eau, en tout cas moins en perdre. Actuellement, nous avons un rendement global de notre réseau qui est de l’ordre de 60 %, ce qui n’est absolument pas satisfaisant. Le but, c’est d’arriver à augmenter ce rendement à 70-75 %. Nous ne pouvons pas le faire seul. D’où la nécessité de sensibiliser aussi les collectivités sur l’intérêt d’investir. Ce qui n’est pas toujours simple, surtout dans la conjoncture actuelle.

Dans le domaine de l’assainissement, il y a plusieurs enjeux globaux. Mais le plus important, c’est d’arriver à trouver un équilibre financier entre les investissements qui sont faits (stations d’épuration, …) et un prix qui soit le plus doux possible de façon à ce que les usagers puissent accepter ce service et remplir leurs obligations. Il faut trouver une bonne adéquation entre le prix et la qualité du service.

BUSINESSMAG. Quelles sont les opérations mises en place pour y répondre ?

C’est continuer la communication, la sensibilisation et l’innovation. Et surtout arriver à trouver de nouvelles techniques, technologies pour pouvoir progresser. Nous sommes dans un métier qui en train de se moderniser de façon de plus en plus accélérée. Il faut donc le suivre et toujours travailler avec les collectivités pour qu’elles puissent nous épauler sur les projets qu’on leur propose.

BUSINESSMAG. Quels sont ces projets ?

Cela peut être du télérelevé des compteurs. Nous sommes en train d’expliquer aux collectivités qu’il faut certainement commencer à appliquer le monitoring des compteurs afin que les abonnés puissent suivre leur consommation en temps réel. C’est un exemple parmi tant d’autres. Après, il y a des projets beaucoup plus techniques comme la recherche de fuites sur le terrain grâce à des méthodes spécifiques développées par le groupe.

BUSINESSMAG. Cette recherche d’efficacité énergétique peut-elle vous apporter des opportunités d’affaires supplémentaires ?

Certainement. Nous sommes en train de développer toute une série de missions vers les entreprises pour justement les aider à optimiser leur consommation d’eau et tout ce qui est fluide, entretien de leur station d’épuration ou mini STEP pour qu’elles puissent avoir un rejet le plus conforme possible. Nous nous intéressons aussi à ce marché de façon à aider et offrir nos services dans le traitement des eaux usées spécifiques. Nous ne le faisons pas encore beaucoup à La Réunion, mais c’est le genre de marché que l’on souhaiterait développer.

BUSINESSMAG. Quelles sont les perspectives de Veolia Eau Réunion pour 2015 et à venir ?

Nous avons des échéances contractuelles importantes à venir avec un certain nombre de communes. Il faut effectivement que nous puissions assurer notre avenir. Encore une fois avec le saut technologique, il faut arriver à faire évoluer nos salariés et collaborateurs vers de nouvelles technologies. Et aussi entraîner les collectivités pour qu’elles nous suivent sur ce chemin-là. Après, au niveau des enjeux, il s’agit de développer plus de nouveaux services pour les particuliers, les industriels, le parapublic, les offices HLM, etc., de façon à les accompagner avec un peu plus de rigueur et de finesse.

BUSINESSMAG. La filiale Réunion peut-elle servir de tremplin pour étendre les activités de Veolia dans la zone océan Indien ?

Cela peut être effectivement un tremplin. Maintenant, honnêtement, nous avons fait des études de marché, des choses ont été faites dans le passé et doivent certainement être mises à jour. Des actions sont en train de se dérouler à Maurice via notre filiale de construction, OTV. Personnellement, je n’en ai pas encore pris vraiment connaissance, et je ne voudrai pas m’avancer sur un terrain mouvant. Mais une chose est sûre: nous savons nous expatrier du territoire où nous sommes, à partir du moment où nous avons  un savoir-faire à exporter. Si c’est juste pour effectuer un travail de base, ce n’est pas forcément le plus valorisant pour nous. Ce qui nous intéresse, c’est vraiment la valeur ajoutée technologique.

}]
Tags:

You Might also Like