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Hausse des droits d’accise : un coup d’arrêt pour l’industrie automobile malgache

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Hausse des droits d’accise : un coup d’arrêt pour l’industrie automobile malgache | business-magazine.mu

Le projet de loi de finances rectificative 2015 prévoit l’imposition de droits d’accise de 10 % sur l’importation de voitures neuves et d’occasion. Une mesure qui pourrait impacter sur la performance de l’industrie automobile malgache.

Coup de massue ! C’est ainsi que les importateurs de véhicules qualifient la décision  de l’État d’imposer des droits d’accise de 10 % sur les automobiles neuves et d’occasion tel que mentionné dans le projet de loi de finances rectificative 2015.

De son côté, l’État estime que cette décision permettra d’améliorer le taux de pression fiscale pour faire face à l’insuffisance d’aides budgétaires. Or, force est d’admettre que les professionnels de la vente des véhicules subiront un revers de taille face à l’augmentation des taxes liées à l’importation. La hausse des droits d’accise pourrait être accompagnée d’une montée en flèche des prix de vente.

«On avait pu maintenir la tête hors de l’eau durant ces cinq ans et on espérait trouver de l’oxygène avec la reprise économique qui se profile avec la fin de la crise. Étant donné que les voitures neuves sont des produits avec des prix de revient très élevés, 10 % de leur valeur représentera un montant conséquent qui gonflera le prix de vente chez les concessionnaires», observe le responsable d’un concessionnaire automobile local.

Le secteur automobile n’a pas été grandement impacté par la crise que Madagascar a traversée ces cinq dernières années. En 2014, l’importation de véhicules a même enregistré une forte progression de 40 % rien que pour le port de Tamatave, et cela en raison de la reprise progressive de la demande. Les consommateurs se sont tournés de plus en plus vers le marché du neuf, surtout les particuliers. Même si l’augmentation n’était qu’infime et n’a pas encore atteint son niveau de 2008. Un des groupes les plus importants du pays opérant dans ce secteur a réussi, par exemple, à écouler 3 000 unités à la fin de l’année 2014 contre 2 800 en 2013 et 2 700 en 2012.

Reprise timide du marché du neuf

«La reprise des ventes reste timide, contrairement à nos attentes. D’ailleurs, même les concessionnaires qui se sont constitué des stocks conséquents dans la perspective de relance sont encore assez déçus du comportement du marché», analyse le responsable d’un concessionnaire local. Pour redémarrer le secteur, les opérateurs attendent le retour en force des bailleurs de fonds qui sont les grands clients des concessionnaires. Ainsi que l’appui de l’État, qui a un grand besoin de renforcer ou même de renouveler son parc automobile.

Concernant la filière d’occasion, elle représente plus de 20% de la totalité des recettes douanières. Cela est le fruit d’une vaste réforme entamée vers la fin des années 2000 pour augmenter les recettes. Le fisc espère  que la demande dans ce secteur restera peu élastique à l’augmentation des prix et impose depuis 2013 aux importateurs une taxe sur le revenu intermittent de 5 % et des droits d’accise de 10 % dans la loi de finances rectificative de 2014. Contrairement à la prévision, ces mesures ont capoté rapidement le développement de la filière. Un recul de l’importation de voitures d’occasion a été déjà constaté, en particulier au dernier trimestre, selon une information de la Société de manutention des marchandises conventionnelles (SMMC) et confirmée par les chiffres de l’Instat (Institut national de la statistique). Pendant les trois derniers mois de 2014, seuls 29,5 % des véhicules nouvellement immatriculés étaient d’occasion.

Cette tendance à la baisse se poursuivra cette année avec l’adoption de la loi de finances rectificative par le Parlement. En conséquence, les prix de vente vont augmenter, avec un pouvoir d’achat qui se dégrade, si les opérateurs ne décident pas de baisser leur marge bénéficiaire. De même, les coûts d’exploitation vont également augmenter.

Il faut rappeler que les droits de douane et taxes d’importations ont déjà jugés colossaux par les professionnels des véhicules d’occasion. Valeur du jour, ils doivent s’acquitter d’une dizaine de frais et de taxe pour faire sortir les véhicules de l’enceinte portuaire. À savoir les droits de douane, la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), la prestation de la société Gasynet, les frais de débarquement qui peuvent encore être alourdis par les frais d’emmagasinage, le droit à payer à l’armateur, la prestation du transitaire, la taxe sur les revenus intermittents, les divers frais sur la route et les droits d’accise.