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Madagascar : L’interdiction du sac en plastique en voie des signaux contrastés

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Madagascar : L’interdiction du sac en plastique en voie des signaux contrastés | business-magazine.mu

Depuis le 1eroctobre, l’utilisation du sachet en matière plastique est interdite. Une décision qui ne fait pas l’unanimité. Si les entreprises plasturgiques auront à actualiser leurs produits, par contre, les commerçants sont d’avis que cette mesure leur permet de baisser leurs coûts.

Dans les magasins Jumbo Score, un écriteau indique qu’il n’y aura plus de sachet à la caisse à depuis le 1eroctobre. Cela suite à l’application du décret N°2014-1587 qui fait provision pour l’interdiction de la production, de l’importation, de la commercialisation et de l’utilisation des sachets en matière plastique sur le territoire malgache. Les clients sont donc invités à apporter leurs propres sacs pour faire leurs courses. Les spots de communication sur cette interdiction sont diffusés à intervalles réguliers à la télé. La presse écrite et radiophonique s’y mettent aussi. En peu de temps, les sacs en plastique ont disparu dans les boutiques de stations-service, de vêtements et certaines librairies de la capitale.

Des commerçants saluent l’initiative. «Depuis quelques années, les clients sont habitués à ne rien amener de chez eux. Nous livrons les marchandises en sachets, même l’huile. L’interdiction de l’utilisation de sachets réduira beaucoup le coût de nos produits», lance Seheno Ramanantsoa, épicière à Andrefan Ambohijanahary.

Du côté des consommateurs, l’on se demande comment on va remplacer les sacs en plastique. «Je me demande comment les bouchers livreront la viande hachée. Va-t-elle être emballée dans du papier journal ?» plaisante Zonomena Ratovo, père de famille. «Nous demandons aux clients de se munir d’un sac ou d’un panier, en attendant ce qui remplacera les emballages en matière plastique», souligne Mamitiana Rakotondramboa, boucher à Anosizato. 

Les petits commerçants trouvent leur avantage dans cette loi. «Cela réduira un peu le coût de nos produits. Puisque le prix du sachet n’est pas inclus dans celui de la marchandise, cela nous fera des économies», sourit Tovo, épicier à Ambohitrarahaba.

Les marchands de sachet dans les rues d’Analakely ne partagent pas cet avis. Ils craignent de perdre leur revenu quotidien, après la disparition du sachet en plastique. «Comment allons-nous faire si la commercialisation du sachet est interdite? Devrons-nous revenir à la vente de cacahuètes ?» appréhende Heliavo Edmondine, marchande ambulante.

Pour la clientèle, un changement d’habitude s’impose. «Porter un grand panier ou une soubique jusqu’au supermarché est encombrant. Mais en attendant l’alternative au sachet en plastique, je dois m’y habituer», affirme Noro Ravoahangy, mère de famille.

Le malheur des uns fait le bonheur des autres. Les artisans malgaches trouvent leur compte dans cette mesure. «Depuis des années, les gens ont oublié les paniers en raphia, en rabane… Ils prétextent que les produits artisanaux coûtent cher. Ils préfèrent les sachets à 100 ariary, utilisables une ou deux fois, à un joli panier à 1 500 ariary, plus classe et dont l’emploi peut durer des mois», explique Olivia Raheliniaina, artisane. Encouragés, ils espèrent reconquérir le marché. Un nouveau défi à relever, face à la rude concurrence des industries d’emballage.

Facteur d’encombrement des égouts

L’inondation à Antananarivo et ses périphéries en février est difficile à oublier. Elle a prouvé l’incapacité de la capitale à gérer l’insalubrité. Après le constat des services sanitaires, il a été conclu que les sachets en matière plastique ont encombré les égouts. Ce qui a provoqué la hausse des eaux dans les bas quartiers et les alentours de la capitale. L’utilisation du sachet en plastique est une habitude chez les Malgaches. Faute de vision à long terme, ils n’ont pas prévu les risques d’inondation, la dégradation du sol jusqu’à son infertilité. L’adoption de la loi interdisant l’utilisation du sachet en plastique est un début dans la politique de l’environnement durable. Ainsi, à chaque citoyen d’adopter un nouveau comportement, en utilisant des sacs biodégradables et en ne les jetant pas en dehors des poubelles.