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Madagascar – Politique monétaire : La Banque centrale baisse son taux directeur à 8,7 %

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Madagascar - Politique monétaire : La Banque centrale baisse son taux directeur à 8

La Banque centrale de Madagascar a choisi la voie de la détente monétaire en vue de créer les conditions propices pour la relance de l’économie malgache.

La Grande île affirme sa volonté de se conformer aux directives du Fonds monétaire international (FMI). Dans cette optique, la Banque centrale de Madagascar a décidé de charcuter son taux directeur de 80 points de base, le ramenant de 9,5 % à 8,7 %. Il s’agit, dans un contexte de relance économique, d’améliorer les conditions d’accès aux crédits à l’ensemble des activités économiques locales génératrices d’emplois et de richesse, explique le Gouverneur Hervé Rasolofondraibe.

Toujours dans cette perspective d’apporter un soutien effectif aux opérateurs économiques, le coefficient des réserves obligatoires des banques passe de 15,0 à 13,0. Dans la pratique, les résultats intermédiaires attendus dans la mise en œuvre de ces deux mécanismes sont bien distincts. La baisse du taux directeur, inchangé depuis 2009, vise à accompagner la timide reprise des investissements. Quant au réajustement du coefficient des réserves obligatoires, il peut déclencher la libération des liquidités bancaires additionnelles. La Banque centrale de Madagascar entend réviser son taux directeur tous les six mois, si le contexte macroéconomique l’exige. Mais elle tient à souligner que «les effets de ces modifications restent cependant tributaires des particularités qui caractérisent le système monétaire et l’économie du pays. Le passage du taux directeur au niveau du crédit de l’économie dépendrait du dynamisme des banques primaires sur le marché monétaire de canaux de transmission. La réactivité ne peut être immédiate mais se fera de façon progressive en fonction du comportement des banques primaires et du secteur privé».

Une prévision sous forme de «provision», si l’on peut la qualifier ainsi, tout à fait compréhensible. Bien avant ces initiatives de la Banque centrale de Madagascar, des banques primaires et des établissements financiers, en situation de surliquidités, ont tout fait pour faciliter l’octroi de crédit autant pour les professionnels que pour les particuliers. Formalités allégées, réponses dans les quarante-huit heures après réception du dossier… Il y a une certaine perception que les établissements de crédit ont mis les bouchées doubles pour encourager les Malgaches à contracter des emprunts. Par contre, les taux d’intérêt demeurent prohibitifs, loin du taux directeur de la Banque centrale de Madagascar. Cette réduction s’explique alors par l’existence d’une liquidité oisive du système bancaire, dans un contexte macroéconomique stable, n’atteignant pas son maximum de capacité de production. En même temps, elle réduira les charges financières de la Banque centrale de Madagascar, découlant de la gestion des liquidités, afin de mieux juguler les relents inflationnistes. Ce phénomène apparaît suite à une récession économique, consécutive à une crise politique. Un cas qui se répète souvent à Madagascar.

Les banques primaires diminuent les nouveaux décaissements des crédits à cause du niveau élevé des risques. Et les opérateurs rechignent à contracter d’autres emprunts à cause d’un environnement des
affaires précaire. Cette liquidité dormante devrait être investie pour sortir l’économie de sa relative léthargie. Il reste aussi les bons du Trésor par adjudication, avec des taux d’intérêt attrayants accordés aux créanciers de l’État. Il se peut que les épargnants, en l’occurrence les banques primaires et associées, préfèrent cette forme de transactions, plus sereines sur la durée plutôt que de s’aventurer à prêter de l’argent à des acteurs peu crédibles sur leur solvabilité. Avec les bons du Trésor par adjudication, c’est l’État lui-même qui s’engage à rembourser ses dettes, suivant des échéanciers prédéfinis. Les matelas d’ariary peuvent y dormir dans la tranquillité absolue et s’épanouir, au lieu de servir l’économie réelle !